[BOUQUINS] Jo Nesbo – La Soif

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J. Nesbo - La Soif
Titre : La Soif
Série : Harry Hole – T11
Auteur : Jo Nesbo
Editeur : Gallimard
Parution : 2017
Origine : Norvège
624 pages

De quoi ça cause ?

Harry Hole profite enfin d’une existence apaisée. En couple avec Rakel, il enseigne la criminologie à l’école de police. Oleg s’est installé avec une copine, mais leur rend visite régulièrement.

Aussi, quand Mikael Bellman, le directeur de la police criminelle, le sollicite afin qu’il participe à une enquête sur le meurtre sordide d’une jeune femme, il lui oppose une fin de non-recevoir.

Mais quand le tueur fait une deuxième victime, Harry change d’avis et décide de s’impliquer dans l’enquête en parallèle avec l’équipe de la criminelle, dirigée par Katrine Bratt, déjà sur l’affaire. Ces meurtres pourraient en effet être liés à une autre affaire, la seule que Harry Hole n’a su résoudre…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Quelle question ! Parce que c’est Jo Nesbo et son flic fétiche, Harry Hole.
Un retour que les fans attendaient / espéraient depuis trois longues années !

Ma chronique

Pour les inconditionnels, dont je suis, l’arrivée d’une nouvelle enquête de Harry Hole est un pur moment de bonheur, mais aussi de questionnement. Sera-t-il toujours à la hauteur ? Comme dans toutes les séries on craint le tome de trop… D’autant que, généralement, une fois la dégringolade amorcée, il est difficile, voire impossible, de remonter la pente.

Ces mêmes inconditionnels savent aussi que les meilleurs romans de la série sont ceux dans lesquels Harry Hole est au plus bas. Du coup forcément quand on découvre notre (ex-)flic préféré sur un petit nuage, on est en droit de douter. Même s’il a incontestablement mérité son petit nuage !

Bon alors cette onzième enquête de Harry Hole est-elle celle qui fera tomber le mythe ? Sans la moindre hésitation, la réponse est NON ! Jo Nesbo et harry Hole signent au contraire un retour gagnant, sans la moindre ombre au tableau.

Une fois de plus Jo Nesbo n’épargne pas son flic préféré, il le malmène sur tous les terrains à la fois (vie privée et vie professionnelle simultanément) ; on aurait presque envie de lui crier de lâcher la bride, de laisser souffler ce pauvre Harry. Presque… Bin oui, sadiques que nous sommes, nous prenons plaisir à voir Harry puiser jusque dans ses ultimes réserves pour se sortir du merdier dans lequel il se trouve.

Heureusement Harry n’est pas seul pour affronter un (?) criminel particulièrement retors. Il pourra non seulement compter sur ces alliés de toujours : Bjorn Holm, Katrine Bratt, Stale Aune ; mais aussi sur de nouveaux alliés potentiels, dont un jeune flic prometteur, Anders Wyller.

Comme d’habitude l’intrigue est parfaitement maîtrisée et dosée, l’auteur distribue des indices tout autant qu’il brouille les pistes. Même si au final on se dit « Bon sang, mais c’est bien sûr ! », force est de constater que, au mieux nous n’avons rien vu venir, au pire nous avons carrément fait fausse route. Une chose est certaine, en refermant le bouquin vous ne pourrez pas nier avoir eu votre dose d’adrénaline.

Chronologiquement l’affaire se situe trois ans après la fin de Police, le précédent opus. Trois années, autant de temps où nous sommes restés sans nouvelle de Harry Hole. Un délai qui permet justement de ménager une zone d’ombre dans laquelle l’auteur peut puiser afin d’y ancrer des éléments clés de son intrigue sans avoir besoin de les rattacher aux romans précédents. Inutile de vous triturer les méninges quant à cette affaire jamais résolue par Harry Hole, elle trouve sa source dans cette fameuse zone d’ombre.

Si Harry Hole se montre toujours perspicace comme enquêteur, il n’en reste pas moins humain et commet des erreurs. Comme tout un chacun, il peut lui arriver de craquer quand tout se casse la gueule autour de lui… On a beau le savoir, ça ne nous empêche pas d’avoir envie de lui mettre des baffes parfois.

Non seulement cette onzième enquête de Harry Hole se montre largement à la hauteur des précédentes, mais en plus le final laisse fortement présager un douzième roman. Reste à savoir combien de temps nous devrons patienter avant d’avoir le plaisir de le découvrir.

MON VERDICT
Coup double

[BOUQUINS] Jussi Adler-Olsen – Délivrance

J. Adler-Olsen - DélivranceDans la famille « je termine les séries en cours mais y’a du boulot », je demande le Département V. Présent mon général ! Vous l’aurez peut être compris (même si c’est loin d’être limpide) j’ai donc inscrit au programme de mes lectures la troisième enquête du fameux Département V, Délivrance de Jussi Adler Olsen, allez zou c’est parti pour une petite escale danoise…
Quand une bouteille à la mer récupérée en Ecosse arrive au Département V, l’inspecteur Carl Morck reste sceptique devant ce message devenu illisible ; mais devant l’insistance d’Assad et de Rose il accepte de se pencher, à temps perdu sur la question, tout en enquêtant sur un incendie de 1995 qui pourrait être lié à d’autres incendies survenus ces dernières semaines. Lentement mais surement le message de détresse prend forme et devient de plus en plus inquiétant. Mais Morck et son équipe ignorent que le prédateur rôde toujours et qu’il déjà repéré ses futures victimes…
Cette troisième enquête du Département V est l’occasion de faire connaissance avec Yrsa, la soeur jumelle (mais de caractère diamétralement opposée à sa frangine) de Rose, celle-ci ayant décidé de se barrer pour une durée indéterminée après une remarque de Carl Morck. Soit dit en passant on devine bien avant Carl le secret de Yrsa. On en apprend aussi un peu plus sur Assad, dont le rôle et la personnalité s’étoffent au fil des romans. Au niveau de l’intrigue c’est la première fois que le Département V se trouve impliqué à la fois dans une affaire en cours (les incendies) et à la poursuite d’un tueur qui sévit encore (même s’ils ne le découvriront que plus tard).
A part ça on retrouve les mêmes ingrédients que dans les deux précédents bouquins, l’intrigue n’est pas forcément menée tambour battant mais le rythme monte crescendo, l’enquête est bien ficelée, les échanges au sein du Département V apportent une touche d’humour et de légèreté, et on a toujours en toile de fond les soupçons de Carl Morck concernant l’affaire qui a coûté la vie à un de ses partenaires et cloué l’autre dans un lit sans espoir de remarcher un jour. Au final l’ensemble tient parfaitement la route, on ne s’ennuie pas une minute tout au long de ce polar nordique, les deux premiers opus m’avaient fait forte impression, celui-ci ne fait que confirmer la tendance.
Le kidnappeur/tueur choisit ses victimes au sein d’un milieu que j’exècre au plus haut point : les sectes qui prônent un intégrisme religieux ; sans approuver ses méthodes (loin s’en faut) je partage son ressenti vis-à-vis de ce type de communauté : « Le fanatisme religieux faisait toujours autant d’adeptes qui, à l’instar de ses parents, se montraient incapables de comprendre ce qu’aimer son prochain signifie vraiment. (…) Qu’ils aillent pourrir en enfer, tous ceux qui se croyaient meilleurs que les autres parce qu’ils étaient portés par leur foi. »
Reste plus qu’à espérer que le quatrième opus, Journal 64, soit prochainement traduit en français (il date quand même de 2010 et a été cette même année le livre le plus vendu au Danemark), vu le succès critique et commercial des trois premières affaires du Département V je ne serai pas surpris qu’il apparaisse dans les rayons de nos librairies préférées dans les prochains mois. Ca prendra le temps que ça prendra mais je compte bien l’attendre de pieds fermes !