[BOUQUINS] Josh Malerman – Bird Box

J. Malerman - Bird BoxIl est rare que j’achète un bouquin uniquement au vu des critiques quasi unanimes qu’il reçoit des lecteurs, et pourtant force est de reconnaître qu’en m’offrant Bird Box de Josh Malerman, je ne savais pas vraiment dans quoi je mettais les pieds (responsable initiale du craquage : Cajou).
Malorie élève seule ses deux jeunes enfants dans un monde hostile, ils ne sortent que quand c’est absolument nécessaire, et dans ces cas là ils doivent impérativement se couvrir les yeux d’un bandeau opaque. C’est dans ces conditions extrêmes que Malorie décide de prendre la fuite avec ses enfants…
L’auteur réussit dès les premières pages à imposer une ambiance pour le moins angoissante en n’identifiant pas clairement ce qui menace les survivants. Histoire de rendre les choses encore plus impersonnelles les enfants sont baptisés simplement Garçon et Fille. De fait on ressent le même trouble qu’en lisant La Route de Cormac McCarthy (on retrouve aussi comme point commun entre les deux romans la fuite vers un hypothétique avenir meilleur) ; vous avouerez que pour un premier roman c’est plutôt pas mal comme comparaison.
Les chapitres alternent entre les événements présents (quatre ans après le début de l’épidémie) et le parcours de Malorie, de l’apparition des premiers cas à la naissance des enfants alors que le « Problème » (un doux euphémisme pour désigner un truc qui a décimé la quasi totalité de l’humanité) est à son apogée.
La partie « actuelle » baigne dans une angoisse omniprésente, invisible mais palpable. Les flashbacks quant à eux vous font vivre la montée en puissance de cette angoisse.
L’auteur fait preuve d’une remarquable maîtrise quand il s’agit de jouer avec nos nerfs. Sa grande force, à travers ce roman, est de tout miser sur la suggestion, comme les personnages vous évoluerez dans l’intrigue en aveugle (c’est à peine si vous n’en viendrez pas à guetter le moindre bruit suspect). Un défi relevé haut la main, le sentiment de malaise ne vous quittera pas au fil des pages, au contraire il ne fera que s’insinuer en vous, encore et encore. Et c’est là le second tour de force de l’auteur, à aucun moment le soufflé ne retombe, une fois qu’il nous a ferré il ne nous lâche plus. Une fois que vous aurez ouvert ce livre vous serez condamné à ne plus le lâcher avant sa conclusion.
L’essentiel de l’intrigue repose sur Malorie, une mère courage prête à tout pour offrir un ailleurs meilleur à ses enfants. Par moments elle peut sembler dure, voire insensible, mais on se rend rapidement compte que c’est pour eux, pour leur survie, qu’elle se comporte ainsi. Puis il y a les enfants bien sûr, à quatre ans ils n’ont jamais rien connu d’autre que ce monde dans lequel ils ne peuvent compter que sur leur ouïe pour survivre.
Toute la partie concernant la traversée de la rivière nous propose un huis-clos à ciel ouvert particulièrement oppressant. ; ça peut sembler paradoxal mais pas tant que ça si l’on considère que les personnages sont enfermés dans les ténèbres.
Si je devais classer ce bouquin dans un genre prédéfini j’opterai pour la science-fiction du fait de l’aspect post-apocalyptique, mais il pourrait tout aussi bien trouver sa place au rayon des thrillers psychologiques (nul doute qu’il vous foutra les nerfs en pelote). A vrai dire le choix SF m’arrange pour l’inscrire comme invité surprise de mon challenge 100% science-fiction.
Si Josh Malerman n’exclut pas de proposer une suite à Bird Box, il reconnait aussi avoir d’autres projets en tête. Je suppose que tout se jouera selon son inspiration (et éventuellement la pression de son éditeur). Pour ma part j’estime qu’une suite ne s’impose pas, si toutefois elle devait voir le jour alors soyez assuré que je me jetterai dessus avec avidité. A vrai dire je compte bien surveiller les prochains bouquins de l’auteur, qu’ils soient ou non liés à Bird Box.
Si vous pensez avoir déjà tout vu / tout lu en matière de post-apocalyptique, je vous invite à vous plonger dans ce roman, il devrait fortement ébranler vos certitudes et surtout vous procurer une sensation de lecture assez unique en son genre.
Les studios Universal ont d’ores et déjà acheté les droits pour une adaptation au ciné, en l’état actuel des choses on sait juste que le scénario a été confié à Eric Heisserer (scénariste des remakes de Freddy et The Thing ou encore, dans un registre plus inspiré, du film Hours dont il est aussi réalisateur). J’espère retrouver dans le film, s’il voit le jour, la même tension psychologique plutôt que des effets visuels à gogo…

[BOUQUINS] VM Zito – L’Homme Des Morts

VM Zito - L'Homme Des MortsIl m’aura fallu du temps mais j’ai enfin réussi à mettre la main sur L’Homme Des Morts de VM Zito. Pour les fans du genre il semblerait que ce soit un incontournable de la littérature zombie, du coup quoi de plus normal que de l’inscrire comme invité surprise à mon challenge zombies.
Depuis l’apocalypse zombie les USA sont coupés en deux, à l’Est les survivants sont regroupés dans la Zone Libre, un refuge sûr mais sous le joug d’un régime quasi dictatorial, tandis que l’Ouest, la Zone occupée, est abandonné aux morts. Marco a choisi de vivre parmi les morts, il traque et tue les zombies qu’on lui désigne, permettant à la famille et aux proches de faire leur deuil. Un jour il est contacté par le Ministère de la Sécurité Intérieure, sa mission est de localiser et éliminer un scientifique contaminé, aperçu pour la dernière fois dans une prison californienne. Marco ignore le pourquoi du comment de la mission mais il est loin de se douter que d’autres s’intéressent à sa cible…
Si l’idée du chasseur de zombies peut faire penser à Apocalypse Zombie c’est bien là le seul point commun à ces deux bouquins. VM Zito nous impose un roman beaucoup plus noir (genre noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir) et boosté à l’adrénaline pur jus. Aucun temps mort dans l’intrigue, l’auteur nous ferre dès les premières pages et ne nous lâche plus avant le clap de fin.
Outre les USA coupés en deux zones, une saine et l’autre infectée, séparées par le fleuve Mississippi, la touche d’originalité de ce bouquin tient au fait que seuls les Etats Unis aient été contaminés, dommage que l’auteur ne nous explique pas comment l’épidémie a pu être ainsi confinée (par contre on apprendra comment tout a commencé).
Au niveau des personnages le roman repose pour beaucoup sur Marco. Un chasseur de zombie en proie au paradoxe de son existence, il remplit ses contrats de renvoi avec une redoutable efficacité et pourtant il n’a jamais réussi à localiser la personne à qui il souhaite accorder un juste repos : Danielle, sa femme. Un personnage attachant, profondément humain, avec ses forces et faiblesses.
Dès le début de la mission il va se retrouver escorté par Wu, un agent de la sécurité intérieure chinoise qui se fait passer pour un soldat de l’UAR (Unité Anti Résurrection) afin de gagner la confiance de Marco. De loin le personnage le plus difficile à cerner, implacable quand il s’agit de lutter pour survivre, toutefois on le sent partagé entre sa mission et un certain attachement (pas seulement professionnel) à Marco.
Reprenant les ingrédients de la recette, maintes fois éprouvée, du duo improbable les échanges entre les deux hommes sont parfois hauts en couleur, et apportent çà et là une touche de légèreté histoire de détendre l’atmosphère. Bien entendu il faudra aussi compter avec de nombreux morts vivants affamés qui rêvent de s’offrir un  Mc Marco ou/et des Wu Nuggets. Mais dans la Zone Occupée les morts ne sont peut être pas les ennemis les plus dangereux…
La fin me laisse sceptique (pas déçu, loin s’en faut) : suite ou pas suite ? Certes toute cette histoire semble cacher encore bien des secrets, mais d’un autre côté les choses se jouent à un niveau qui dépasse largement les compétences du Dr Marco.
Il semblerait que les tractations soient en cours en vue d’une adaptation cinéma de L’Homme Des Morts, le projet étant relativement nouveau peu d’informations filtrent. Pour éviter la classification R (pour Rated, équivalent à une interdiction aux moins de 18 ans en France) et toucher un public aussi large que possible (tout en restant, je l’espère vivement, réservé à un public averti), il faudra quelques coupes franches, certaines scènes sont franchement gore. D’un autre côté je suppose que l’auteur serait honoré de voir son roman devenir un film, après tout il le qualifie lui même d’hommage au cinéma de George R. Romero (et à Richard Matheson en littérature).