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Titre : Sept Mensonges
Auteur : Elizabeth Kay
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2020
Origine : Angleterre
400 pages
De quoi ça cause ?
Jane et Marnie sont inséparables depuis l’enfance. Et si Jane avait été honnête depuis le début – si elle n’avait pas menti cette toute première fois –, alors peut-être que les choses auraient pu tourner autrement. Peut-être que le mari de sa meilleure amie serait encore en vie…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est La Bête Noire, en espérant que ce roman me fera oublier la déception que fut la lecture de La Seconde Épouse de Rebecca Fleet.
Ma Chronique
Je remercie les éditions Robert Laffont et Net Galley pour leur confiance renouvelée.
Pour son premier roman, Elizabeth Kay (à ne pas confondre avec l’auteure homonyme de la trilogie jeunesse The Divide) joue la carte du thriller psychologique et prend pour toile de fond de son intrigue, une histoire d’amitié entre deux femmes, Jane et Marnie.
Le récit est la première personne, Jane raconte l’histoire de sa relation avec Marnie à un(e) confident(e) non identifié(e). Une relation construite autour de sept mensonges proférés par Jane, mensonges qui constituent les sept premiers chapitres du roman (à ce stade je tiens à féliciter les éditions Robert Laffont pour le visuel particulièrement bien travaillé de l’édition papier du roman).
Au fil des chapitres je me suis posé beaucoup de questions sur l’identité de l’interlocuteur (ou interlocutrice) de Jane, puis l’évidence s’est imposé quelques pages avant que l’auteure ne lève le voile à son tour. Je ne m’étendrais pas davantage sur la question afin d’éviter tout risque de spoiler malvenu.
Jane et Marnie se connaissent depuis l’enfance et leur amitié est littéralement fusionnelle. Mais Jane est un tantinet jalouse et possessive, de fait elle ne voit pas vraiment d’un bon œil l’arrivée de Charles dans la vie de Marnie ; et pourtant cela ne l’empêchera pas d’affirmer le contraire à son amie (premier mensonge).
Parce qu’en plus d’être totalement obsédée par son amitié avec Marnie, Jane va se rapidement se révéler être une menteuse pathologique… mais aussi une excellente actrice qui sait donner le change et se convaincre (et convaincre les autres) que SA vérité est LA vérité.
Elizabeth Kay prend son temps pour faire monter en sauce son intrigue, mais elle sait y faire de sorte que jamais le lecteur ne s’impatiente ou ne s’ennuie. Par contre, une fois que la mécanique est enclenchée (avec la mort de Charles), elle maintient la tension à son maximum.
J’ai beaucoup aimé la construction et la narration du roman qui s’articule sur le seul point de vue de Jane sur le déroulé des événements et une nette tendance à minimiser la portée de ses actes. Mais en contrepartie de la personnalité psychotique de son personnage, l’auteure met aussi en avant les aspects positifs de sa personnalité, qu’il s’agisse de l’attention qu’elle porte à sa mère malade, ou de sa relation avec sa sœur, elle aussi fragilisée par la vie.
Sans avoir eu envie de lui trouver des circonstances atténuantes, et moins encore de justifier ses actions, je dois toutefois avouer que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire la confession de Jane, elle se raconte sans fard, avec un détachement parfois glaçant. Ceci dit je n’en voudrais pas comme amie.
Mission accomplie pour La Bête Noire qui me réconcilie (même si je n’ai jamais été vraiment fâché) avec son catalogue après le raté de La Seconde Épouse. Quant à Elizabeth Kay, elle signe un premier roman totalement maîtrisé.