[BOUQUINS] Dan Brown – Le Secret Des Secrets

L’éminent professeur de symbologie Robert Langdon se rend à Prague pour une conférence sur la noétique donnée par son amie de longue date, Katherine Solomon. La scientifique est sur le point de publier un ouvrage révolutionnaire sur la nature de la conscience humaine.

Un meurtre sauvage va soudain précipiter leur séjour dans le chaos. Katherine disparaît, et son manuscrit est piraté sur le serveur de son éditeur. Commence alors une course contre la montre dans Prague et ses mystères. Langdon se retrouve pourchassé par une étrange créature mythologique et devient la cible d’une organisation dont le projet pourrait changer à jamais notre conception de l’esprit humain.

Parce que c’est le grand retour de Dan Brown et de son héros récurrent, Robert Langdon. Un retour que les fans attendaient – espéraient – depuis huit longues années.

Quel plaisir de retrouver l’expert en symbologie Robert Langdon après huit longues années d’attente ! Et cerise sur le gâteau, il est accompagné de Katherine Solomon, brillante scientifique spécialisée en noétique, déjà croisée dans Le Symbole Perdu (troisième opus de la série, paru en 2009). À vrai dire, c’est même Katherine – ou plus exactement son prochain ouvrage – qui se trouve au cœur de cette nouvelle intrigue.

L’essentiel de l’action se déroule à Prague, cité aux mille visages, chargée d’histoire. Autant dire un terrain de jeu idéal pour Robert Langdon. Mais le jeu va vite tourner au cauchemar – pour le plus grand plaisir du lecteur.

Sur le plan thématique, Le Secret Des Secrets est sans doute le roman le plus audacieux de la série. Dan Brown y explore les frontières du savoir et de la foi, s’attaquant à des questions vertigineuses : quelle est l’origine de la conscience ? Que se passe-t-il après la mort ? Et surtout, la science peut-elle réellement répondre à tout ? L’auteur aborde ces sujets à travers une approche résolument scientifique – sans pour autant négliger les dimensions spirituelles –, en confrontant notamment les visions matérialistes et noétiques du monde.

Pour l’anecdote, la noétique, discipline à la croisée de la science et de la philosophie, n’est pas reconnue par la communauté scientifique dans son ensemble. Beaucoup la considèrent comme un courant spéculatif plus que comme une science exacte. Les thèses défendues par Katherine Solomon risquent donc de faire grincer des dents les matérialistes les plus rigides. Pour ma part, je choisis l’ouverture d’esprit : je lis avant tout un roman, non un traité scientifique. Si les idées exposées nourrissent l’intrigue et la réflexion, alors c’est tout bénéfice – et c’est précisément le cas ici.

Ces thématiques permettent aussi à Dan Brown de mettre en garde contre les dérives de la recherche lorsqu’elle tombe entre de mauvaises mains : manipulation mentale, contrôle des consciences, justification politique sous couvert de « sécurité nationale ». Une inquiétante perspective, d’autant plus crédible qu’elle résonne avec les débats contemporains sur l’intelligence artificielle ou les neurosciences.

Comme toujours, on ne peut qu’être admiratif devant l’ampleur du travail documentaire accompli par l’auteur. Dan Brown décrypte littéralement chaque élément de son intrigue. On comprend mieux pourquoi ses romans ne paraissent pas « à la chaîne ».

Outre le duo Langdon–Solomon, le roman offre une galerie de personnages secondaires aussi riches qu’ambigus. Le lecteur, tout comme les héros, apprend à se méfier des apparences : les intentions de chacun sont troubles, les alliances fragiles, et même les mythes prennent une tournure inattendue – à l’image de cet étrange golem, bien différent de la légende que l’on connaît.

L’intrigue, haletante, ne laisse guère de répit ni aux protagonistes ni au lecteur. On court, on doute, on découvre, au rythme d’une mécanique parfaitement huilée. Oui, certaines scènes flirtent parfois avec l’invraisemblance, mais n’est-ce pas justement ce qui fait le charme des aventures de Langdon ? L’essentiel, c’est que la tension ne retombe jamais, et que l’on se surprenne à tourner les pages sans voir le temps passer.

Sur le plan de la construction, Dan Brown reste fidèle à sa recette gagnante : chapitres courts, écriture fluide et visuelle, découpage quasi cinématographique. Rien d’inutile, tout concourt à faire de ce roman un pur page-turner.

Comme je le fais toujours avec les romans de Dan Brown, la tablette est toujours à portée de main afin de pouvoir faire des recherches internet pour avoir un visuel des bâtiments, monuments ou œuvres d’art mentionnés dans le bouquin.

L’attente fut longue, mais quel retour en apothéose ! Dan Brown signe ici un thriller palpitant, où science, spiritualité et suspense s’entrelacent avec une redoutable efficacité.

[BOUQUINS] Dan Brown – Origine

AU MENU DU JOUR

Titre : Origine
Série : Robert Langdon – T05
Auteur : Dan Brown
Editeur : JC Lattès
Parution : 2017
Origine : USA
576 pages

De quoi ça cause ?

Robert Langdon est invité au Guggenheim Museum de Bilbao afin d’assister à une conférence donnée par son ami Edmond Kirsch, un scientifique de génie. Kirsch, réputé aussi pour son athéisme militant, promet des révélations qui devraient changer notre perception du monde et réduire au silence les religions.

Kirsch est assassiné dès le début de sa conférence. Robert Langdon, aidé par Ambra VIlda, la conservatrice du musée, est plus que jamais déterminé à faire éclater la vérité et rendre publiques les révélations promises par son ami. Sauf qu’il n’a pas la moindre idée de ce que comptait révéler Kirsch…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est une nouvelle aventure de Robert Langdon, j’ai été emballé par les quatre romans précédents, pas de raison que la sauce ne prenne pas avec celui-ci.

Ma chronique

Dan Brown fait partie de ces auteurs dont certains se plaisent à dire qu’il use et abuse des mêmes ficelles, encore et encore. A ces critiques faciles, je répondrai simplement : et alors ! Pourquoi changer une recette qui marche ? Ses lecteurs réclament des thrillers plus ou moins ésotériques servis par de nombreuses références symboliques ; ça tombe bien, c’est exactement ce qu’il leur fournit.

Quant à ceux et celles qui parlent d’abattage, permettez-moi dans ce cas de vous rire franchement au nez. Dan Brown n’a signé aucun engagement à pondre un livre par an, au contraire, il prend son temps pour peaufiner ses intrigues. Entre son précédent roman, Inferno, et Origine, il s’est écoulé quatre ans.

Le hasard du calendrier a voulu que je lise ce roman, dont une grande partie de l’action se déroule à Barcelone et ses environs, alors que la Catalogne traverse une crise politique sans précédent. Je ne m’attarderai pas sur la question, ça regarde avant tout les Catalans et les Espagnols, il leur appartient de trouver un terrain d’entente.

Le choix de l’Espagne comme terrain de jeu pour cette nouvelle intrigue n’est pas un hasard, outre l’incroyable richesse architecturale de Barcelone (siège notamment de la fabuleuse et étonnante basilique de la Segrada Familia), c’est aussi un pays dans lequel la tradition chrétienne est fortement implantée à tous les niveaux décisionnels (jusqu’au coeur même du Palais Royal).

Et justement en se proposant de aux deux grandes questions existentielles qui sont d’une part « D’où venons-nous ? » et d’autre part « Où allons-nous ?« , l’auteur, par la voix d’Edmond Kirsch, oppose les visions religieuses (le créationnisme, encore défendu par les plus obscurantistes croyants, affirme que l’univers et l’humanité sont l’oeuvre de Dieu) et scientifiques (difficile aujourd’hui de remettre en question les théories de l’évolution démontrées par Darwin sans passer pour un sombre crétin). Vous l’aurez compris, entre ces deux visions mon coeur ne balance pas le moins du monde, je vote Darwin et ma sentence est irrévocable.

Comme d’habitude la lecture d’un roman de Dan Brown est une expérience interactive, je me réfère régulièrement à Internet afin de voir de visu telle ou telle oeuvre (peinture, sculpture ou encore architecture). Mais aussi pour satisfaire ma curiosité quant à certains points abordés dans le roman.

Les fidèles de Robert Langdon ne seront pas dépaysés, une intrigue richement documentée, pleine de symboles divers et variés que notre professeur préféré se fera un plaisir de nous expliquer ; avec son lot de rebondissements (à ce titre la révélation finale m’a laissé sur le cul… j’étais loin de m’imaginer un tel retournement de situation).

Une fois de plus la sauce a pris, je me suis laissé embarquer sans chercher à polémiquer sur la véracité ou non de tous les éléments abordés dans le roman… Je ne considère pas les écrits de Dan Brown comme parole d’évangile, c’est bel et bien une oeuvre de fiction que j’ai entre les mains, disons que ladite fiction est suffisamment réaliste pour être crédible.

A ce titre les réponses apportées par Edmond Kirsch à ces deux grandes questions existentielles me paraissent aussi crédibles que probables. Je n’en dirai toutefois pas davantage afin de laisser intact le plaisir de la découverte aux futurs lecteurs.

J’espère bien retrouver Robert Langdon dans de futurs romans de l’auteur, si tel devait être le cas alors je serai fidèle au poste. Et si Dan Brown venait à délaisser notre expert en décryptage symbolique, je le suivrais avec le même engouement (et un petit pincement au coeur, il faut bien l’avouer).

MON VERDICT