[BOUQUINS] Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth – Respirer Le Noir

AU MENU DU JOUR


Titre : Respirer Le Noir
Auteur : Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Parution : 2022
Origine : France
297 pages

De quoi ça cause ?

Treize auteurs qui ne manquent pas de flair vous proposent de découvrir douze nouvelles sur fond noir.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

La question ne se pose même pas !

En comptabilité de stock je lui ai appliqué la méthode LIFO (Last In, First Out – Dernier entré, premier sorti), par opposition à la méthode FIFO (First In, First Out). C’est vous dire à quel point j’attendais mon précieuuux ! Mooon prééécieuuux !!! (OK, je me calme, inutile d’appeler les hommes en blanc).

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Belfond, Net Galley et Yvan. Les deux premiers pour leur confiance renouvelée. Le troisième pour son amitié malgré la distance qui nous sépare.

Après l’ouïe, la vue et le toucher, c’est l’odorat qui servira de toile – noire – de fond aux treize auteurs qui ont répondu présent à l’invitation d’Yvan.

Parmi eux, trois auteurs se prêtent au jeu pour la troisième fois (Barbara Abel, R.J. Ellory et Karine Giebel), deux auteurs signent pour une seconde manche (François-Xavier Dillard et Sophie Loubière), enfin, un auteur décide de ne rien faire comme les autres en revenant sous un autre nom de plume (Mo Malo aka Fred Mars).

Ce cru 2022 voit donc sept petits nouveaux, au talent connu et reconnu, rejoindre la dream team des 5 sens du noir sous le coaching d’Yvan Fauth. En quatre recueils, ce sont pas moins de trente-huit auteurs qui ont relevé les défis imposés par leur impitoyable maître de cérémonie. Chapeau bas l’ami ! Et bien sûr, chapeau bas à tous ces auteur(e)s.

C’est R.J. Ellory qui ouvre le bal de l’odorat. Au menu de son récit, un parfum de vengeance qui se déguste saignante. Une nouvelle maîtrisée de bout en bout mais dont j’avais pressenti la fin.

Sophie Loubière prend le relai pour une nouvelle fraternelle aux fragrances multiples. Je me suis longtemps demandé quelle était la finalité du récit, j’avoue ne rien avoir vu venir. Belle trouvaille qui colle parfaitement à une actualité encore fraîche.

Direction les effluves marines – ou plutôt celles d’une fin de marché aux poissons avec une chaine de froid défaillante – en compagnie de Franck Bouysse. Un récit plein d’humanité dans lequel le cynisme et l’humour noir font office d’armure contre la solitude et la détresse. Le pire c’est que cette foutue pathologie existe bel et bien.

Mo Malo nous entraîne au Groenland (what a surprise !) pour un récit aromatisé d’un soupçon de fantastique sur un fond écolo-noir. Une approche pour le moins originale à laquelle on aimerait en partie croire.

Avec Dominique Maisons ce sont les coulisses de l’Élysée qui nous visitons, autour d’un corps (non, non, ce n’est pas celui de Mc Manu) aux exhalaisons fétides. Une enquête de deux heures trente menée à un train d’enfer pour sauver les miches de Jupiter.

Sous la plume de François-Xavier Dillard la fête vire au cauchemar. Une nouvelle d’où suintent les relents infects de la folie des hommes. Incontestablement l’approche la plus pessimiste du recueil… et malheureusement pas totalement improbable.

Adeline Dieudonné nous fait voyager en Belgique à l’aube de la première guerre mondiale pour s’essayer au true crime. Alcool et pauvreté ne font pas bon ménage quand leurs émanations viennent brouiller le peu de bon sens qu’il reste à Alexandre Glandy. Un portrait criant de vérité mais aucune empathie pour le personnage.

Hervé Commère nous entraîne dans un petit village qui tombe peu à peu en désuétude, un récit familial et social, triste reflet de notre temps. Les apparences sont parfois trompeuses, un miroir aux alouettes qui peut vous jouer de mauvais tours.

Vincent Hauuy joue la carte de l’anticipation mais ne nous promet pas des lendemains qui chantent, sa vision de l’avenir est pour le moins glauque. Moyennement adhéré à cette plongée neurale.

Jérôme Loubry dénote en ne parfumant pas son récit de noir (ou alors juste un soupçon). Il nous offre une histoire pleine d’humanité et d’émotions autour du deuil. Un conte tout simplement magnifique.

 Chrystel Duchamp ne lésine pas sur les moyens pour nous en envoyer plein les naseaux. Surprenant de voir l’auteure s’essayer au fantastique… et le résultat est plus que convaincant. Et très noir !

C’est la troisième fois que Barbara Abel et Karine Giebel se prêtent à l’exercice de l’écriture à quatre mains. Comme dans Regarder Le Noir, elles ont la lourde responsabilité de fermer le bal. Un défi qu’elles remportent haut la main… pas surpris outre mesure que leur histoire s’inspire de faits réels.

Voici les notes sur 5 que j’attribue à chacune des nouvelles du présent recueil, comme d’hab elles sont le reflet de mon ressenti et n’engagent que moi :

  • R.J. Ellory : Le parfum du laurier-rose / 4
  • S. Loubière : Respirer la mort / 4.5
  • F. Bouysse : Je suis un poisson / 5
  • M. Malo : Cristal qui sent / 4.5
  • D. Maisons : Deux heures et trente minutes / 5
  • F.X. Dillard : Happy World / 5
  • A. Dieudonné : Glandy / 3
  • H. Commère : Le monde d’après / 5
  • V. Hauuy : Miracle / 3.5
  • J. Loubry : Les doux parfums du cimetière / 5
  • C. Duchamp : L’amour à mort / 4.5
  • B. Abel & K. Giebel : Petit nouveau / 5

Ce qui nous fait une honorable moyenne de 4.5 / 5 que j’arrondis volontiers à 5 pour la mise en avant de la dimension humaine dans de nombreux récits.

Il me tarde déjà de découvrir l’ultime (?) recueil de cette série, quels seront les auteurs qui oseront croquer dans le noir à pleines dents ?

MON VERDICT

[BOUQUINS] Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth – Regarder Le Noir

AU MENU DU JOUR

Regarder le Noir

Titre : Regarder Le Noir
Auteur : Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Parution : 2020
Origine : France
288 pages

De quoi ça cause ?

Douze auteurs pour onze nouvelles. Un seul mot d’ordre pour tous :  « nous faire ouvrir grand les yeux au fil de récits qui jouent avec les différentes interprétations de la vision. »

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Principalement pour la même raison qui m’avait poussé à découvrir le premier recueil proposé par Belfond et dirigé par Yvan Fauth : Yvan himself !

Et puis faut reconnaître qu’il a, une fois de plus, réuni une belle brochette d’auteurs autour d’un thème commun.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée. Sans oublier bien entendu mon blog-pote (et plus) Yvan, qui revêt pour la seconde fois sa toge de maître de cérémonie pour notre plus grand plaisir (à quand une photo du maître en tenue d’apparat ?).

Si je vous dis que le précédent recueil, Écouter Le Noir, était centré sur l’ouïe, je n’ai sans doute pas besoin de préciser que le sens mis à l’honneur dans ce second recueil – Regarder Le Noir – est la vue. Ceux qui n’avaient pas compris sont priés de sortir, merci !

D’entrée de jeu on me prend par les sentiments puisque c’est à Olivier Norek que revient l’honneur d’ouvrir ce nouveau bal du Noir. Et le moins que l’on puisse c’est qu’il nous en met plein la vue avec un texte d’une noirceur absolue qu’il parviendrait presque à rendre poétique. Et ce final ! Un coup de maître.

Ne comptez pas sur Julie Ewa pour apporter une lueur d’espoir au cœur des ténèbres, son récit ne fera que mettre encore plus en avant la perversion et la perfidie dont le genre humain est capable pour arriver à ses fins.

Frédéric Mars nous propose quant à lui un texte qui se déroule presque totalement en huis clos, une intrigue qui, par certains aspects, m’a fait penser au film Usual Suspects.

Claire Favan ne manquera pas de surprendre ses lecteurs avec une vision bien noire (mais malheureusement pas totalement improbable) de notre futur imparfait.

René Manzor m’aura tenu en haleine jusqu’au bout avec son intrigue qui flirte avec le paranormal.

Toujours pas de lueur d’espoir en compagnie d’Amélie Antoine malgré un final qui ne manque pas de cynisme… voire d’un humour (très) noir.

Avec Fabrice Papillon on est plutôt dans la vue de l’esprit… si ledit esprit est franchement perturbé, il demeure un tantinet prévisible à mon sens.

Quasiment jusqu’à la conclusion de son récit je me suis demandé où Gaëlle Perrin-Guillet voulait nous amener. Tout s’explique à la fin et je dois avouer que je n’ai rien vu venir.

Sans surprise R.J. Ellory confirme (une fois de plus) qu’il est une grande plume de la littérature noire internationale ; même si je dois avouer que je soupçonnais l’issue de son récit (une phrase le trahit… mais je ne vous dirais pas laquelle).

Chez Johana Gustawsson c’est surtout du regard des autres dont il est question ; mais ne comptez pas sur ces « autres » pour apporter un peu de lumière. Le final m’a scotché, je ne m’attendais pas du tout à ça.

Dans Écouter Le Noir, elles ouvraient le bal ; ici le duo Barbara Abel et Karine Giebel nous invite pour une dernière danse. Les deux reines du noir nous offrent un somptueux bouquet final.

Comme vous pouvez le constater une fois de plus Yvan a réuni une belle brochette d’auteurs autour de son projet et le résultat est à la hauteur de toutes nos attentes.

Comme ce fut le cas pour Écouter Le Noir, chacun de ces auteurs à au moins un titre présent dans ma bibliothèque numérique, même si je n’ai pas encore eu l’occasion d’en lire certains (Julie Ewa, Gaëlle Perrin-Guillet, Johana Gustawsson et Barbara Abel) et que pour d’autres je suis encore en pleine découverte de leur univers littéraire (Claire Favan, René Manzor, Amélie Antoine et Fabrice Papillon).

Inutile dans de telles conditions de préciser que je suis partant pour un troisième service (ah merde, je viens de le faire !). Quel sens sera alors mis à l’honneur par le maître de cérémonie ? Mystère…

Comme pour le recueil précédent je vais essayer de noter avec un maximum d’objectivité (toute personnelle) chacune des nouvelles du présent recueil :

O. Norek – Regarder Les Voitures Voler : 5
J. Ewa – Nuit D’Acide : 5
F. Mars – The OX : 4.5
C. Favan – Le Mur : 3.5
R. Manzor – Demain : 4.5
A. Antoine – Transparente : 4
F. Papillon – Anaïs : 3
G. Perrin-Guillet – La Tache : 4
R.J. Ellory – Private Eye : 4.5
J. Gustawsson – Tout Contre Moi : 4.5
B. Abel & K. Giebel – Darkness : 5

Soit une moyenne de 4.3 que j’arrondis sans hésitation à 4.5 pour faire honneur à l’ensemble du recueil… et encourager Yvan à poursuivre sa noire exploration de nos cinq sens.

MON VERDICT

Aparté à l’intention d’Olivier Norek

Bon écoute Olivier (tu permets que je te tutoie ? Depuis le temps que je te lis, c’est comme si on avait élevé les cochons ensemble dans les plaines du Berry) faut qu’on cause tous les deux ; ça ne peut pas continuer comme ça. C’est quoi ton problème avec les chats ?!

Sérieux faut que t’arrêtes de leur faire subir les pires outrages dans tes bouquins, sinon on ne va plus être copain.

Je veux bien passer l’éponge pour cette fois encore, mais prochaine fois que tu nous dézingues un chat (ou un chien… je préfère préciser d’entrée de jeu) ; je te bannis de ma liseuse.

[BOUQUINS] Collectif, à l’initiative d’Yvan Fauth – Écouter Le Noir

AU MENU DU JOUR


Titre : Écouter Le Noir
Auteur : Collectif
Éditeur : Belfond
Parution : 2019
Origine : France
288 pages

De quoi ça cause ?

13 auteurs réunis autour du thème de l’audition.
11 nouvelles sur fond noir.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que cet ouvrage est une initiative d’Yvan, ami (même si nous ne nous « connaissons » que par le biais du net) et blogueur pour qui j’ai énormément d’estime.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Je ne suis pas forcément un grand fan de la nouvelle même si je reconnais volontiers que, pour un auteur, l’exercice est délicat, voire périlleux. Le temps de quelques pages, il faut donner vie à des personnages et mener à terme une intrigue ; aller à l’essentiel pour toucher le lecteur au cœur et aux tripes, en évitant les raccourcis trop faciles qui laisseraient une impression de travail inachevé (ou pire, bâclé).

Les auteurs ayant répondu à l’invitation d’Yvan comptent parmi la fine fleur de la littérature noire francophone (mais pas que…), le nec plus ultra du genre. À travers ce recueil ils confirment leur immense talent, certains se dévoileront même sous un jour totalement inattendu.

C’est Barbara Abel et Karine Giebel qui ouvrent le bal, avec une nouvelle à quatre mains qui donne le ton et m’a laissé sans voix (à défaut de me laisser sans ouïe). Suivront, par ordre d’apparition, Jérôme Camut et Nathalie Hug, Sonja Delzongle, François-Xavier Dillard, R.J. Ellory, Nicolas Lebel, Sophie Loubière, Maud Mayeras, Romain Puértolas, Laurent Scalese et Cédric Sire.

Si aucun des auteurs présents ne m’est inconnu, il y en a certains dont je n’ai pas encore eu l’occasion d’explorer l’univers (Barbara Abel, Nicolas Lebel, Sophie Loubière et Laurent Scalese) ; découvrir leurs nouvelles me donne un aperçu de leur immense talent et ne fait qu’attiser davantage ma curiosité eu égard à leur travail…

Je ne vais pas me lancer dans un avis détaillé pour chacune des nouvelles ici présentes, d’une part afin de laisser intact le plaisir de la découverte, mais aussi parce que j’estime que cette approche ne ferait pas pour autant avancer le schmilblick (et un peu aussi par pure fainéantise).

Tour à tour les auteurs explorent le thème de l’audition sous toutes ses facettes (qu’il s’agisse de surdité, de bruits en tout genre – parfois amis, parfois ennemis – ou encore de musique…). De même les auteurs jouent sur tout le spectre du noir, du classique sur fond policier / thriller, au fantastique en passant même par l’humour.

Comme souvent dans ce genre de recueil, il y a les nouvelles qui font mouche et celles pour lesquelles on a l’impression d’avoir raté le coche sans vraiment pouvoir s’expliquer le pourquoi du comment de la chose. Il n’en reste pas moins que globalement la qualité est au rendez-vous (certaines flirtent même avec l’excellence) ; pas vraiment une surprise vu le panel des auteurs ayant accepté de se prêter au jeu.

Afin d’illustrer mon propos ci-dessus, je terminerai cette chronique par l’attribution d’une note (sur 5) à chacune de ces nouvelles ; comme d’hab cette notation n’engage que moi :

B. Abel et K. Giebel – Deaf : 5
J. Camut et N. Hug – Archéomnésis : 2.5
S. Delzongle – Tous les chemins mènent au hum : 3.5
F.X. Dillard – Ils écouteront jusqu’à la fin : 5
R.J. Ellory – Bloodline : 4.5
N. Lebel – Sacré chantier : 3.5
S. Loubière – Zones de fracture : 4
M. Mayeras : Echos : 4
R. Puértolas – Fête foraine : 4
L. Scalese – Quand vient le silence : 5
C. Sire – Le diable m’a dit : 5

Ce qui nous fait une honorable moyenne de 4.2 sur 5 que j’arrondis volontiers à 4.5 pour saluer l’initiative de ce recueil.

Mon cher Yvan tu peux considérer que le challenge a été remporté haut la main. Tu peux remettre ça quand tu veux !

MON VERDICT