[BOUQUINS] Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth – Regarder Le Noir

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Regarder le Noir

Titre : Regarder Le Noir
Auteur : Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Parution : 2020
Origine : France
288 pages

De quoi ça cause ?

Douze auteurs pour onze nouvelles. Un seul mot d’ordre pour tous :  « nous faire ouvrir grand les yeux au fil de récits qui jouent avec les différentes interprétations de la vision. »

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Principalement pour la même raison qui m’avait poussé à découvrir le premier recueil proposé par Belfond et dirigé par Yvan Fauth : Yvan himself !

Et puis faut reconnaître qu’il a, une fois de plus, réuni une belle brochette d’auteurs autour d’un thème commun.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée. Sans oublier bien entendu mon blog-pote (et plus) Yvan, qui revêt pour la seconde fois sa toge de maître de cérémonie pour notre plus grand plaisir (à quand une photo du maître en tenue d’apparat ?).

Si je vous dis que le précédent recueil, Écouter Le Noir, était centré sur l’ouïe, je n’ai sans doute pas besoin de préciser que le sens mis à l’honneur dans ce second recueil – Regarder Le Noir – est la vue. Ceux qui n’avaient pas compris sont priés de sortir, merci !

D’entrée de jeu on me prend par les sentiments puisque c’est à Olivier Norek que revient l’honneur d’ouvrir ce nouveau bal du Noir. Et le moins que l’on puisse c’est qu’il nous en met plein la vue avec un texte d’une noirceur absolue qu’il parviendrait presque à rendre poétique. Et ce final ! Un coup de maître.

Ne comptez pas sur Julie Ewa pour apporter une lueur d’espoir au cœur des ténèbres, son récit ne fera que mettre encore plus en avant la perversion et la perfidie dont le genre humain est capable pour arriver à ses fins.

Frédéric Mars nous propose quant à lui un texte qui se déroule presque totalement en huis clos, une intrigue qui, par certains aspects, m’a fait penser au film Usual Suspects.

Claire Favan ne manquera pas de surprendre ses lecteurs avec une vision bien noire (mais malheureusement pas totalement improbable) de notre futur imparfait.

René Manzor m’aura tenu en haleine jusqu’au bout avec son intrigue qui flirte avec le paranormal.

Toujours pas de lueur d’espoir en compagnie d’Amélie Antoine malgré un final qui ne manque pas de cynisme… voire d’un humour (très) noir.

Avec Fabrice Papillon on est plutôt dans la vue de l’esprit… si ledit esprit est franchement perturbé, il demeure un tantinet prévisible à mon sens.

Quasiment jusqu’à la conclusion de son récit je me suis demandé où Gaëlle Perrin-Guillet voulait nous amener. Tout s’explique à la fin et je dois avouer que je n’ai rien vu venir.

Sans surprise R.J. Ellory confirme (une fois de plus) qu’il est une grande plume de la littérature noire internationale ; même si je dois avouer que je soupçonnais l’issue de son récit (une phrase le trahit… mais je ne vous dirais pas laquelle).

Chez Johana Gustawsson c’est surtout du regard des autres dont il est question ; mais ne comptez pas sur ces « autres » pour apporter un peu de lumière. Le final m’a scotché, je ne m’attendais pas du tout à ça.

Dans Écouter Le Noir, elles ouvraient le bal ; ici le duo Barbara Abel et Karine Giebel nous invite pour une dernière danse. Les deux reines du noir nous offrent un somptueux bouquet final.

Comme vous pouvez le constater une fois de plus Yvan a réuni une belle brochette d’auteurs autour de son projet et le résultat est à la hauteur de toutes nos attentes.

Comme ce fut le cas pour Écouter Le Noir, chacun de ces auteurs à au moins un titre présent dans ma bibliothèque numérique, même si je n’ai pas encore eu l’occasion d’en lire certains (Julie Ewa, Gaëlle Perrin-Guillet, Johana Gustawsson et Barbara Abel) et que pour d’autres je suis encore en pleine découverte de leur univers littéraire (Claire Favan, René Manzor, Amélie Antoine et Fabrice Papillon).

Inutile dans de telles conditions de préciser que je suis partant pour un troisième service (ah merde, je viens de le faire !). Quel sens sera alors mis à l’honneur par le maître de cérémonie ? Mystère…

Comme pour le recueil précédent je vais essayer de noter avec un maximum d’objectivité (toute personnelle) chacune des nouvelles du présent recueil :

O. Norek – Regarder Les Voitures Voler : 5
J. Ewa – Nuit D’Acide : 5
F. Mars – The OX : 4.5
C. Favan – Le Mur : 3.5
R. Manzor – Demain : 4.5
A. Antoine – Transparente : 4
F. Papillon – Anaïs : 3
G. Perrin-Guillet – La Tache : 4
R.J. Ellory – Private Eye : 4.5
J. Gustawsson – Tout Contre Moi : 4.5
B. Abel & K. Giebel – Darkness : 5

Soit une moyenne de 4.3 que j’arrondis sans hésitation à 4.5 pour faire honneur à l’ensemble du recueil… et encourager Yvan à poursuivre sa noire exploration de nos cinq sens.

MON VERDICT

Aparté à l’intention d’Olivier Norek

Bon écoute Olivier (tu permets que je te tutoie ? Depuis le temps que je te lis, c’est comme si on avait élevé les cochons ensemble dans les plaines du Berry) faut qu’on cause tous les deux ; ça ne peut pas continuer comme ça. C’est quoi ton problème avec les chats ?!

Sérieux faut que t’arrêtes de leur faire subir les pires outrages dans tes bouquins, sinon on ne va plus être copain.

Je veux bien passer l’éponge pour cette fois encore, mais prochaine fois que tu nous dézingues un chat (ou un chien… je préfère préciser d’entrée de jeu) ; je te bannis de ma liseuse.

[BOUQUINS] Gaëlle Perrin-Guillet – Haut le Choeur

AU MENU DU JOUR

G. Perrin-Guillet - Haut Le Choeur
Titre : Haut Le Chœur
Auteur : Gaëlle Perrin-Guillet
Éditeur : Rouge Sang (2013)
Édition révisée : Taurnada (2019)
Origine : France
244 pages

De quoi ça cause ?

Source : 4ème de couverture.

« Quand je sortirai, tu seras la première prévenue… Je saurai te retrouver. »

Depuis qu’Éloane Frezet, la tueuse en série la plus abjecte de ces dernières années, a prononcé ces mots, Alix Flament vit dans l’angoisse que la criminelle sanguinaire s’évade de prison…

Alors, quand la journaliste reçoit un coup de téléphone d’Éloane en pleine nuit, elle comprend que la meurtrière va honorer sa promesse…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que les éditions Taurnada font partie de ces éditeurs que je suis avec assiduité, tout particulièrement leurs thrillers de la collection Au tourbillon des mots ; des titres qui m’ont déjà valu quelques belles découvertes et, cerise sur le gâteau, ne m’ont jamais déçu.

Joël, l’éditeur, m’ayant gentiment proposé de me faire parvenir un SP en échange d’une chronique, je me suis empressé d’accepter son offre.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Publié initialement aux éditions Rouge Sang en 2013 et récompensé du prix Dora Suarez en 2014, Haut Le Chœur est aujourd’hui quasiment introuvable. Gaëlle Perrin-Guillet et Taurnada lui offrent une seconde jeunesse avec cette réédition entièrement revue et corrigée.

Une fois de plus Taurnada nous propose de découvrir un thriller original et mené tambour battant sans le moindre temps mort. Un roman court, mais intense… et brutal ! Il faut dire que certaines mises à mort sont particulièrement perverses (sans parler des précédentes victimes des tueurs, dont la seule mention suffit à faire froid dans le dos).

Au fil des chapitres (courts et percutants), Gaëlle Perrin-Guillet passe d’un personnage à l’autre pour nous faire vivre l’intrigue de son point de vue plutôt que de se focaliser sur un personnage central. Si cette approche apporte une réelle dynamique au récit et à son déroulé, elle empêche toutefois de vraiment s’attacher aux personnages. Construire un thriller en misant avant tout sur le rythme est un choix plutôt cohérent ; et sur ce point l’auteure réussit un véritable coup de maître.

Outre Alix Flament et Éloane Frezet le lecteur devra aussi compter sur l’équipe d’enquêteurs dirigée par Gautier Ruiz et Stéphane Noisel, mais aussi sur Camille Vivier, une jeune profileuse chargée d’assister la police et Flavien Bernet, le mari d’Alix, légiste de son état en charge des autopsies des victimes de Frezet.

Dans le monde des crimes en série la parité n’est pas de mise ; la gent masculine est en effet beaucoup plus représentée que leurs homologues féminins. Force est de constater que chez Taurnada la tueuse en série a le vent en poupe, en effet le précédent roman lu, Mon Ombre Assassine, mettait déjà en scène une tueuse en série… Quoi qu’il en soit, s’agissant de Nadège Solignac ou d’Éloane Frezet, elles n’ont pas à rougir de leur parcours meurtrier ni de leur degré de perversité malsaine.

Pour faire avancer leur enquête, les flics doivent comprendre la nature de l’oeuvre de la tueuse, et de son mentor avant elle. Pour ma part je dois avouer que le titre du roman, associé à la couverture, m’a tout de suite mis sur la voie. Je tiens à préciser que cela ne m’a nullement empêché de profiter pleinement de cette lecture.

MON VERDICT