[BOUQUINS] Andy Weir – Projet Dernière Chance

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Titre : Projet Dernière Chance
Auteur : Andy Weir
Éditeur : Bragelonne
Parution : 2021
Origine : États-Unis
480 pages

De quoi ça cause ?

Ryland Grace se réveille dans une pièce inconnue. Pas moyen de se souvenir de qui il est, où il se trouve et pourquoi. Seule certitude, ses deux compagnons de dortoirs sont morts depuis déjà un certain temps.

Peu à peu les souvenirs refluent. Il est à bord d’un vaisseau spatial, à des années-lumière de la Terre. Sa mission : sauver l’humanité. Mais il n’a aucune idée de la façon dont il doit s’y prendre…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Andy Weir et qu’il m’avait bluffé avec ses deux précédent romans, Seuls Sur Mars et Artémis. Bien que totalement réfractaire aux enseignements scientifiques (j’y peux rien, c’est viscéral), j’ai presque tout compris aux explications de l’auteur (on va dire suffisamment pour apprécier pleinement ses intrigues).

Ma Chronique

Parmi les nombreux sous-genres qui composent le vaste monde de la science-fiction, la hard science¹ n’est surement pas le plus abordable qui soit. Surtout pour les lecteurs qui, comme moi, ne captent rien – et ne veulent rien capter… au-delà du minimum vital pour ne pas passer pour un crétin congénital – à tout ce qui touche près ou de loin aux domaines scientifiques.

Andy Weir fait partie de ces auteurs qui ne lésinent sur les explications scientifiques afin de consolider leurs intrigues, et pourtant à chaque fois ça passe comme une lettre à la poste. Loin de moi l’idée d’affirmer que je comprends tout mais il suffisamment convaincant pour qu’on ait envie de le croire sur parole (et ce n’est certainement pas moi qui irais perdre du temps à vérifier chacune de ses démonstrations), et donc de croire à son intrigue.

Dans Projet Dernière Chance l’auteur repousse les limites du voyage spatial qu’il s’était imposé dans ses précédents romans. Cette fois son héros, Ryland Grace, est propulsé à des années-lumière de notre système solaire… et c’est justement pour sauver notre soleil, et par extension l’humanité (pas besoin d’avoir fait Normale Sup’ pour comprendre le lien), qu’il se retrouve à proximité de Tau Ceti.

Andy Weir va encore plus loin puisque Ryland Grace va rencontrer – et se lier d’amitié avec – une entité extra-terrestre (en provenance directe du système d’Eridani). Rocky, ainsi qu’il surnommera son nouvel ami, est dans la même situation que lui. Il doit sauver son monde, mais n’a aucune idée quant à la façon de procéder.

Voilà pour ce qui est des bases – très simplifiées – du roman de Andy Weir. Les deux héros vont devoir apprendre à communiquer et à coopérer pour sauver leurs mondes respectifs… et accessoirement leurs miches. Une coopération qui va mettre à contribution leurs compétences respectives, mais aussi faire appel à beaucoup de système D de part et d’autre.

Le récit est à la première personne, on vit l’intrigue via le personnage de Ryland Grace. Le roman alterne entre l’intrigue présente et les flashbacks (au fur et à mesure que la mémoire lui revient). Cette construction alternée insuffle une réelle dynamique à l’intrigue.

Une intrigue menée tambour battant malgré les nombreuses explications scientifiques (parfois parcourues en diagonale, j’avoue), une intrigue portée par deux personnages qui n’ont rien du héros invincible et sûr de lui – loin de là – et c’est sans doute ce qui attire et attise notre empathie à leur égard.

Au niveau des personnages secondaires, nul doute que Eva Stratt, la chef du projet Dernière Chance, ne laissera personne indifférent. Avec son cynisme à toute épreuve et une froideur implacable, vous l’adorerez et la détesterez tour à tour.

Une fois de plus Andy Weir signe un roman totalement maîtrisé, à la fois intelligent, addictif et divertissant (merci aux petites notes d’humour semées çà et là… même quand la situation semble totalement désespérée).

Si vous trouvez que le titre fait un trop racoleur, je peux vous assurer que c’est toujours mieux qu’une traduction littérale de Project Hail Mary, qui aurait alors pu devenir Projet Ave Maria ou pire encore Projet Je Vous Salue Marie… Avouez qu’on l’a échappé belle !

Comme Seul Sur Mars, ce Projet Dernière Chance semble avoir tapé dans l’œil de Hollywood. Une adaptation réalisée par Phil Lord et Christopher Miller serait dans les tuyaux, avec Ryan Gosling dans le rôle de Ryland Grace. Pour l’anecdote les deux réalisateurs auraient aussi l’intention de porter Artémis sur grand écran.

¹ Définition Wikipédia de la hard science : La hard science-fiction (dite aussi hard science, hard SF, SF dure) est un genre de science-fiction dans lequel les technologies, les sociétés et leurs évolutions, telles qu’elles sont décrites dans le roman, peuvent être considérées comme vraisemblables au regard de l’état des connaissances scientifiques au moment où l’auteur écrit son œuvre.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Andy Weir – Artemis

AU MENU DU JOUR

A. Weir - Artemis

Titre : Artemis
Auteur : Andy Weir
Editeur : Bragelonne
Parution : 2018
Origine : USA (2017)
332 pages

De quoi ça cause ?

Jazz est coursière sur la cité lunaire d’Artemis, histoire d’arrondir les fins de mois elle joue volontiers les contrabandiers afin de procurer à ses clients des marchandises pas toujours très légales

Quand l’un de ses riches clients lui propose une opération de sabotage, Jazz hésite, mais, face à la forte prime promise, elle finit par accepter. Mais les choses ne vont du tout se passer comme prévu, Jazz va devoir se battre pour sa propre survie, mais aussi pour celle d’Artemis…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai adoré Seul Sur Mars du même auteur, il me tardait donc de découvrir son second roman.

Ma chronique

Je n’ai pas de réel programme de lecture en tête, disons que je sais grosso modo quels sont les 3 ou 4 prochains titres que je lirai sans pour autant pouvoir dire dans quel ordre je les accrocherai à mon tableau de chasse. Jusqu’à ce que débarque dans mon Stock à Lire Numérique un « incontournable », le bouquin pour lequel je bouleverserai ce programme déjà bien instable. Artemis fait partie de ces troubles-fêtes, Andy Weir m’avait bluffé avec son premier roman, Seul Sur Mars, il me fallait savoir, sans plus attendre, si l’essai serait transformé ou non.

Andy Weir reste dans la science-fiction, mais se rapproche de nous en situant son action sur la lune, une lune habitée par quelques humains regroupés dans la cité d’Artemis. Cette fois son personnage principal aura donc de la compagnie (pas forcément toujours bienveillante, mais ceci est une autre histoire).

L’auteur nous propose un récit à la première personne, c’est Jazz qui nous raconte son périple avec un subtil mélange de cynisme et de bonne humeur. Je ne sais pas si pour un auteur de sexe masculin il est difficile de se mettre dans la peau d’une femme, mais le fait est que Andy Weir y arrive à merveille. Mais bon, force est de reconnaître que Jazz n’a pas vraiment le profil type de la ménagère pantouflarde. Elle serait plutôt du genre débrouillarde et un brin roublarde.

Avant de nous plonger au coeur de l’intrigue, l’auteur nous invite à suivre Jazz dans son quotidien. Une entrée à la matière plutôt bienvenue pour se familiariser avec Artemis (et par la même une partie de ses habitants) et comprendre les motivations futures de la jeune femme.

On retrouve rapidement la griffe de l’auteur, avec une bonne base documentaire scientifique qu’il réussit à vulgariser et à intégrer à l’intrigue sans jamais que cela devienne indigeste. Je ne sais pas si tout est scientifiquement exact ou plausible, le fait est que ça colle parfaitement au récit, ce qui me suffit amplement (après tout la fiction autorise quelques libertés avec la rigueur scientifique).

Artemis est donc une cité lunaire, du coup on peut clairement situer l’intrigue dans un futur indéterminé mais oubliez les cités futuristes à la Star Wars et consorts. Si les technologies utilisées sont bel et bien futuristes , les conditions de vie des habitants restent assez proches de celle des terriens, en plus contraignantes compte tenu des limites imposées par l’environnement lunaire.

Andy Weir nous propose un récit de science-fiction aussi rythmé qu’un thriller, des intérêts (pas toujours très sains) économiques et politiques (forcément pourris) viendront en effet corser les choses, sans parler d’un puissant syndicat du crime qui n’appréciera pas vraiment que l’on vienne fouiner dans ses affaires.

Heureusement Jazz ne manque pas d’ingéniosité, comme dirait l’autre (grosso modo), « sur Artemis on n’a pas de pétrole mais on a des idées« , le pétrole étant à remplacer par des GPD, la devise en cours sur Artemis. Mais surtout elle ne sera pas totalement seule contre tous, quelques précieux alliés viendront lui prêter main forte.

Pour répondre à mon interrogation première, OUI, l’essai est transformé et brillamment transformé. Andy Weir s’impose comme un acteur majeur de la scène littéraire SF, non seulement il propose des intrigues parfaitement maîtrisées mais il parvient à rendre accessible à tous une des branches les plus élitistes de la SF, la hard science.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Andy Weir – Seul Sur Mars

A. Weir - Seul Sur MarsVous reprendrez bien un peu de science-fiction, non ? Un invité surprise au programme, cette fois c’est la campagne marketing de Bragelonne qui a attisé ma curiosité pour Seul Sur Mars de Andy Weir. Ajoutez cela des critiques globalement enthousiastes et comme disaient nos ancêtres, latinistes distingués, alea jacta est (merci Asterix).
La mission martienne, Arés 3, doit être brutalement interrompue suite à une forte tempête de sable. Dans la précipitation, l’un des membres d’équipage, Mark Watney, est laissé pour mort. Quand il reprend conscience, Mark réalise qu’il est seul dans le plus hostile des milieux, heureusement les installations déployées pour la mission sont intactes, à l’exception du système de communication. Considéré comme mort, Mark va devoir organiser sa survie, au quotidien et sur le long terme, et trouver un moyen de communiquer avec la Terre…
Pour son premier roman, Andy Weir, un scientifique passionné par l’espace et notamment les vols habités, opte pour la science-fiction, et plus particulièrement la hard science. A savoir une intrigue qui privilégie la cohérence scientifique et technique (au moment de l’intrigue) dans un contexte de fiction ; bref il faut que son récit soit crédible. L’authenticité prime sur le spectaculaire, au placard les petits bonshommes verts, gentils ou méchants, poubelle les pistolets laser et les canons à plasma. Le challenge principal du genre : réussir à séduire les lecteurs, y compris (surtout) les profanes (dont je suis).
Petite parenthèse personnelle, pendant tout mon cursus scolaire j’ai été un véritable cancre quand il était question sciences, physique, chimie, biologie (pour ne citer que les plus élémentaires) me filaient de l’urticaire… ou plus exactement me plongeaient en état d’hibernation avancé ! Et pourtant j’ai lu ce bouquin de la première à la dernière page sans le moindre bâillement, OK je n’ai pas tout capté aux diverses explications scientifiques mais elles sont parfaitement intégrées à l’intrigue, du coup on (du moins je) les accepte comme acquises.
Il faut dire que niveau intrigue et suspense Andy Weir place la barre très haut, on flirte entre SF et thriller. Difficile d’imaginer une situation plus critique pour le personnage de Mark Watney, Robinson Crusoé peut aller se rhabiller, Mac Gyver balancer son couteau suisse… Et je ne vous parle même pas des candidats de Koh Lanta. Une belle brochette de petits joueurs ! La grande majorité du récit confronte Mark à son environnement, écrit à la première personne (on lit son journal de bord). Les passages se déroulant sur Terre (à partir du sixième chapitre) sont quant à eux rédigés à la troisième personne.
Mark Watney est un personnage hors du commun, un as de la débrouillardise et du système D (parfois ça passe… des fois ça casse), mais sa véritable force (et donc celle du roman) est son incroyable optimisme, bien sûr il a des passages à vide (ça peut se comprendre, non ?) mais rapidement sa volonté d’y croire et son envie d’aller de l’avant reprennent le dessus. Cerise sur la gâteau, notre héros ne perds jamais son sens de l’humour, parfois tout en finesse, parfois incisif. Bref j’ai cotoyé durant cette lecture un personnage incroyablement attachant, on se bat avec lui… toute proportion gardée (confortablement installé dans le canapé, la liseuse dans une main, une bière dans l’autre).
Pour la petite histoire Seul Sur Mars a d’abord été un feuilleton numérique diffusé par son auteur sur internet ; l’engouement populaire a motivé un éditeur à contacter Andy Weir. Et depuis le bouquin continue de surfer sur la vague du succès. Ca ne vous rappelle pas quelque chose cette anecdote ? Un petit effort, j’en ai parlé il n’y a pas si longtemps… Je parle bien sûr de Silo de Hugh Howey (merci à ceux et celles qui ont suivi).
Succès qui se traduit par une adaptation sur grand écran avec Ridley Scott aux commandes (pas franchement un novice en matière de SF) et Matt Damon dans le rôle de Mark Watney, actuellement en tournage.