Faute de temps j’ai tendance, depuis quelques temps, à jeter mon dévolu sur de courts romans plutôt que sur des pavés. Heureusement que la longueur n’est pas gage de qualité ! Et heureusement que mon Stock à Lire Numérique compte quelques titres qui répondent à ce critère. L’occasion pour moi de me plonger dans La Femme Aux Fleurs De Papier de Donato Carrisi.
Avril 1916. Dans les Dolomites la guerre fait rage entre les forces italiennes et autrichiennes. Jacob Roumann, médecin de l’armée autrichienne, se voit confier la mission de faire parler un prisonnier italien soupçonné d’être un officier. Non seulement le prisonnier va lui parler, mais il va lui raconter une histoire qui le marquera à jamais…
Je ne vous cacherai que j’ai été quelque peu intrigué par ce bouquin, je connaissais Donato Carrisi pour ses thrillers et j’avais hâte de retrouver Mila Vasquez, mais avec ce court roman l’auteur s’ouvre vers de nouveaux horizons. Un horizon difficile à ranger sous une quelconque étiquette.
A l’image du personnage de Guzman, Donato Carrisi mélange habilement réalité et fiction, comme il le dit lui même à la fin du roman : inutile de chercher à démêler le vrai du faux. Sur fond de drame (on est quand même en pleine guerre mondiale), l’auteur nous livre, à travers le récit du prisonnier, un récit qui met du baume au coeur. Un récit où le suspense est bel et bien présent malgré tout. Pour faire simple, Donato Carrisi se révèle ici être un formidable conteur.
Au fil des pages on va avoir les réponses aux trois questions posées par le prisonnier en préambule à son récit. Qui est Guzman ? Qui suis-je ? Qui était l’homme qui fumait sur le Titanic ? Trois questions qui forment un tout qui ne manquera pas de vous étonner. Finalement, comme le Dr Roumann, on se fout de savoir si l’histoire est vraie ou fausse, on veut en connaître la fin.
Si vous cherchez un sens au titre du roman, sachez que vous aurez la réponse à travers l’histoire de Jacob Roumann.
La déception de ne pas tenir un thriller entre les mains s’est rapidement estompée, j’ai vraiment été sous le charme de ce bouquin, totalement embarqué par la plume de l’auteur…
Jour : 27 novembre 2014
Page blanche (ou presque) à ChrisEbouquin
Son rôle est peu connu et pourtant il est un acteur majeur dans la chaîne du livre numérique, je parle du numérisateur. Un excellent bouquin mal numérisé peut devenir une plaie à lire… Une daube finie ne deviendra pas un chef d’oeuvre grâce au travail du numérisateur, les miracles ne font pas partie de sa charte professionnelle !
Pour faire simple le numérisateur est la personne qui va faire d’un livre papier ou d’un document texte, un livre numérique.
A l’occasion de ma chronique de Menace (Muriel Houri), j’ai eu quelques échanges FB avec ChrisEbouquin qui s’est chargé de la numérisation de l’ouvrage pour les Editions Flamant Noir. Du coup j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur ce métier peu connu du grand public.
Merci à Chris d’avoir bien voulu se prêter au jeu des questions réponses.
C’est la première fois que je joue les journalistes en herbe, alors un peu d’indulgence svp 😀
– Bonjour Chris, peux tu nous parler de toi en quelques lignes ?
En quelques lignes ? c’est difficile, j’ai plutôt la faculté de faire parler les autres, peut-être après 2 ou 3 interview. En quelques mots : Une passionnée tranquille.
– Tu es donc numérisatrice, peux tu nous expliquer en quoi consiste ton métier ? Comment on y accède ? Quelles sont les étapes entre la numérisation et la production du fichier final mis à disposition du client ?
Il faut être polyvalent. Avoir de multiples aptitudes. Patient, méthodique, tenace, minutieux, perfectionniste, curieux, attentif, à l’écoute des besoins de l’éditeur et de l’auteur. Connaitre la typographie, l’orthographe, la grammaire, la conjugaison parfaitement. Avoir de bonnes notions en traitement des images. Connaitre le langage CSS. Maitriser les logiciels nécessaires en traitement de textes et en numérisation. Avoir beaucoup de pratique. Être un lecteur.
Il faut également suivre les actualités du numérique en évolution constante.
Donc être un peu de tout, comme un audit… du livre numérique.
Les étapes sont différentes selon les complexités des livres.
– Tu travailles seul ou au sein d’une équipe ?
Seule.
– Comment as tu été amené à travailler avec les Editions Flamant Noir ?
J’ai pris contact avec des petites maisons d’éditions à travers facebook, l’une des premières était Flamant Noir.
– Travailles-tu avec d’autres éditeurs ? A défaut quels sont les autres travaux que l’on peut te demander ?
Oui avec Le muscadier, Le murmure, Hugues Facorat éditions. Bien sûr, de la correction.
– Est ce que tu as ton mot à dire sur les livres que l’on te demande de numériser ? Qu’est ce qui pourrait te pousser à refuser un livre ?
Je respecte la mise en page de manière la plus fidèle possible. Si nous rencontrons des problèmes techniques, je propose des solutions pour les résoudre. La relation que j’ai avec l’éditeur est étroite, je peux me permettre de faire des suggestions. Par ex dans mon dernier avec Flamant Noir (Kind of Black de Samuel Sutra), le livre a lieu dans le milieu du jazz, j’ai intégré en fin de livre des images de vidéos you tube. En cliquant sur l’image, les lecteurs ayant WIFI sur tablettes et liseuses pourront écouter les thèmes musicaux. Un luxe de découvrir les thèmes dont l’auteur fait référence.
Refuser un livre ? non, j’accepte tous les genres et je pense être capable de tout numériser.
– Que penses tu de la multiplication des titres autoédités en numérique ? Quels conseils techniques donnerais-tu à un auteur qui souhaite se lancer ?
Pour un auteur n’ayant aucune expérience de la procédure, de la manière de préparer son manuscrit, de le corriger, de l’impression, en faire un livre électronique sans aucune connaissance, ce n’est pas facile. D’autre part, rares sont ceux qui arrivent à sortir du lot.
Rien ne remplace le job de l’éditeur qui va le conseiller, le corriger, le promotionner dans les salons et réseaux sociaux, lui offrir un large éventail de lieux de ventes.
– En tant que numérisatrice je suppose que tu as la primeur des livres que tu traites ; as tu le temps de tous les lire ?
Oui je suis la première servie, c’est génial. Bien sûr je les lis. Je fais partie d’une étape importante dans les corrections car je trouve toujours des erreurs grâce à mon regard infaillible et également à des outils appropriés de corrections.
J’ai besoin de rentrer dans le livre, d’en connaitre le texte. Je suis une lectrice avant d’être une technicienne du livre, je tiens tout particulièrement à obtenir un ebook parfait. Je reprends tes propos Un excellent bouquin mal numérisé peut devenir une plaie à lire, tu as tout dit. Je choisis la qualité et non la quantité. Je ne suis pas une usine à numériser, je suis une artisane dans le sens noble du terme. Mon objectif est d’embellir le livre sans excès et surtout impeccable.
– Quels sont tes projets futurs ?
Continuer avec les mêmes éditeurs et d’autres encore…
– Merci à toi. Un conseil de lecture pour finir ?
Tous ceux que j’ai faits. Vous avez le choix, romans, polars, noir ou fantaisiste, historique, essais, jeunesse, recueil de poèmes.
[BRD] The Rover
Petite séance cinéphile pour changer de la platitude des programmes TV, une escapade futuriste avec The Rover de David Michôd.
Dix ans après la chute de l’économie mondiale, quelque part dans le désert australien. Quand Eric (Guy Pearce) se fait piquer sa bagnole par trois voyous, il décide de se lancer à leur poursuite afin de récupérer son bien, coûte que coûte. En chemin il rencontre Rey (Robert Pattinson), le frère d’un des voleurs, laissé pour mort par ses potes. Ne pouvant s’en sortir l’un sans l’autre, ils décident de faire équipe…
Le film est présenté comme un croisement entre Mad Max (le premier du nom… le seul, l’unique, le vrai) et La Route. Je dirai un zeste de Mad Max pour l’endroit (l’Australie) et le contexte (pas vraiment post-apocalyptique, plus dystopique). Un soupçon de La Route par sa sobriété, on ne sait pas grand chose des personnages et du pourquoi du comment de la chute de l’économie mondiale… et on s’en fout. Le film impose toutefois sa marque de fabrique, personnellement je ne le présenterai pas comme post-apocalyptique, mais plutôt comme un western distopyque (un western à la sauce Sergio Leone / Clint Eastwood).
D’emblée le film impose un rythme lent (le premier plan séquence vous plonge tout de suite dans l’ambiance), lent mais pas ennuyant. Déjà le visuel est particulièrement soigné (essentiellement des décors naturels, pas d’effets spéciaux à tout va), ensuite une grande partie du film mise sur la relation entre Eric et Rey.
Pour tout dire le film repose presque exclusivement sur leurs épaules. D’un côté on trouve Eric, un type tourmenté bourré de rage, un mix entre le loup solitaire et le chien enragé ; tout le long du film on se pose la question de savoir pourquoi il tient autant à récupérer sa foutue bagnole. De l’autre Rey, un sac de nerfs qui collectionne les tics nerveux, un paumé un peu simplet qui ne sait pas vraiment ce qu’il fout là ni où il va. Deux rôles de composition parfaitement interprétés par Guy Pearce et Robert Pattinson (pour moi c’est de loin son meilleur rôle).
Pour l’anecdote le titre du film ne vient pas de la marque de la caisse d’Eric mais plutôt de ce qu’il est, rover se traduisant par vagabond.