[BOUQUINS] Laurent Gaudé – Chien 51

AU MENU DU JOUR


Titre : Chien 51
Auteur : Laurent Gaudé
Éditeur : Actes Sud
Parution : 2022
Origine : France
304 pages

De quoi ça cause ?

Zem Sparak a fui la Grèce peu avant son effondrement et son rachat par la puissante multinationale GoldTex. Trente ans plus tard, il officie comme chien – flic de terrain – dans la zone 3, le secteur le plus glauque de Magnapole.

Appelé sur une scène de crime, il découvre qu’il va devoir enquêter avec, et sous les ordres de, Salia Malberg, une jeune inspectrice en poste dans la zone 2 (une zone intermédiaire / chic). Une collaboration forcée qui n’enchante aucun des deux partenaires, mais tous les deux sont mû par la même envie de découvrir la vérité sur ce crime.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

En toute franchise j’ai d’abord flashé sur la couv’ qui est tout simplement magnifique. Une création de l’artiste chinois Xiaohui Hu (vous pouvez consulter sa page sur le site artstation pour découvrir son travail).

Ensuite l’idée de découvrir une dystopie made in France, écrite par un auteur qui fait sa première incursion dans la science-fiction, a sérieusement titillé ma curiosité. Le pitch a fait le reste.

Ma Chronique

Avant de découvrir ce roman je ne connaissais pas du tout Laurent Gaudé, bien que l’auteur n’en soit pas vraiment à son coup d’essai : avec Chien 51, il signe son douzième roman et est aussi l’auteur de dix-sept pièces de théâtre. Ce roman est toutefois sa première incursion dans le vaste monde des littératures de l’imaginaire (ou encore SFFF pour science-fiction, fantastique et fantasy).

Chien 51 s’inscrit clairement dans le registre de la science-fiction et plus précisément dans la dystopie en proposant une vision plutôt pessimiste de notre avenir. Pessimiste certes, mais pas pour autant totalement inconcevable… Après tout l’auteur ne fait que pousser à l’extrême des maux déjà présents aujourd’hui (tensions sociales, crise économique, conflits divers et variés mais aussi dérèglement climatique entre autres).

Dans le monde imaginé par Laurent Gaudé ce sont de puissantes multinationales qui contrôlent les États et détiennent les rênes du pouvoir. L’intrigue nous roman nous plonge au cœur de Magnapole, une mégapole contrôlée par la société GoldTex. Une ville divisée en trois zones : la 1 est réservée à l’élite, la 2 peut être considérée comme intermédiaire / chic et la 3 est la plus pauvre. Des inégalités existent certes entre les zones 1 et 2 mais elles sont encore plus flagrantes entre la zone 3 et les autres.

Un équilibre fragile qui s’est construit à force de violentes répressions face à la protestation des citoyens de la zone 3. Un équilibre qui pourrait bien être remis en cause à l’approche des élections. Élections qui verront s’affronter deux candidats et deux visions d’avenir que tout oppose.

Le roman s’ouvre sur l’effondrement de la Grèce à la suite d’une OPA de GoldTex, Zem Sparak a eu la chance d’embarquer à bord d’un navire peu avant qu’une série de violentes explosions ne sèment un peu plus de chaos et la mort. On retrouve Sparak trente ans plus tard, alors qu’il est appelé sur une scène de crime.

Et oui, parce que Chien 51 est aussi un roman policier avec une enquête qui deviendra la clé de l’intrigue.

Les choses vont se compliquer pour Zem Sparak quand il va découvrir que pour cette enquête il est « verrouillé » à un enquêteur de la zone 2. Non seulement il va devoir collaborer avec un binôme mais aussi être placé sous ses ordres.

Le binôme en question est Salia Malberg, jeune et ambitieuse inspectrice de la zone 2. Dans le genre duo dépareillé, ils font la paire ! Et cette collaboration forcée n’enchante aucune des deux parties.

Vous allez faire ce que je vous dis de faire. Et dès maintenant. Que cela vous plaise ou non. Vous allez marcher à mes côtés, comme un bon chien, et renifler où je vous dirai de renifler. Si vous ne voulez pas que je fasse sauter votre accréditation, vous allez apprendre à faire ce que je vous demande et même à me lécher la main.

Le ton est donné dès leur seconde rencontre. Il faut dire que demander à Zem Sparak de filer droit c’est un peu comme demander à un végan de manger un steak tartare sans son accompagnement… et avec le sourire !

Le roman est ponctué de flashbacks permettant de découvrir le parcours de Zem Sparak et comment le jeune homme engagé et militant est devenu un flic bourru et désabusé de la zone 3. Un rappel du passé pas complètement innocent comme nous le découvrirons par la suite.

Rien n’est laissé au hasard dans ce roman : le contexte est mûrement réfléchi, l’intrigue totalement maîtrisée, les personnages bien travaillés… Un roman aussi audacieux qu’intelligent, Laurent Gaudé se sert de la science-fiction pour emmener le lecteur à s’interroger sur le présent… parce qu’il n’est – peut-être –  pas encore trop tard pour inverser la tendance.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sylvain Neuvel – L’Examen

AU MENU DU JOUR


Titre : L’Examen
Auteur : Sylvain Neuvel
Éditeur : Le Livre de Poche
Parution : 2021
Origine : Canada (2019)
128 pages

De quoi ça cause ?

Grande Bretagne, dans un futur indéterminé. Pour devenir citoyen britannique les migrants et réfugiés doivent réussir un examen de citoyenneté composé de 25 questions.

Idir à fuit l’Iran avec sa femme et son fils, il exerce désormais comme dentiste à Londres et est parfaitement intégré au mode de vie occidental. C’est donc plutôt confiant qu’il se présente au centre d’examen. Mais rien ne l’avait préparé à ce qu’il va se produire…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est le pitch qui, le premier, m’a attiré vers ce bouquin. J’étais aussi curieux de découvrir Sylvain Neuvel dans un autre registre (ce qui me rappelle au passage que je dois poursuivre la lecture de ses fameux Dossiers Thémis).

Ma Chronique

Avec L’Examen Sylvain Neuvel nous offre une dystopie plutôt glaçante, d’autant plus que l’on est en droit de penser que c’est un des futurs possibles pour nos sociétés occidentales qui veulent toujours tout contrôler au plus prés.

Un texte court, intense et sombre. Et pourtant tout commence comme un banal examen d’intégration sous la forme d’un QCM de 25 questions. Une session d’examen qui va rapidement virer au cauchemar pour Idir. Et qui jettera un froid sur le lecteur quand il découvrira ce qui se cache derrière les événements que subit Idir.

Franchement je ne suis pas contre le principe d’un examen de citoyenneté pour les demandeurs d’asile ; le Canada et de nombreux pays d’Europe du Nord le mettent déjà en pratique sans que personne ne s’en offusque. Bien entendu je parle là d’un véritable examen de citoyenneté, pas d’une mise à l’épreuve comme celle dont il est question dans le présent roman.

Les chapitres alternent entre le récit d’Idir (à la première personne) qui nous relate le cauchemar qu’il est en train de vivre – cauchemar qui semble s’enfoncer toujours plus loin dans l’horreur – et les « coulisses » du centre d’examen, là où des opérateurs tirent les ficelles du drame qu’ils sont en train de scénariser.

Compte tenu de la longueur du roman l’accent est surtout mis sur le personnage d’Idir – soit dit en passant il a le profil idéal pour devenir futur citoyen britannique –, force est de reconnaître que l’on n’a pas particulièrement envie de faire plus ample connaissance avec les autres acteurs de l’intrigue.

Le style de l’auteur est parfaitement adapté à la longueur du récit et au rythme de l’intrigue, pas de fioritures, pas de bla-bla, pas de chichis… on va à l’essentiel et c’est très bien comme ça ! Avec tout ça, inutile de vous préciser que le bouquin se dévore d’une traite.

Un roman qui poussera le lecteur à la réflexion sur des thèmes tel que le libre arbitre, la manipulation (voire la destruction) psychologique, jusqu’où le système peut-il aller au nom de l’intérêt de la communauté ? La fin du roman laisse un arrière-goût de bile en bouche, mission accomplie haut la main pour Sylvain Neuvel.

Comme quoi ce n’est pas la taille qui compte ! Il vaut mieux savoir-faire court et efficace que long et soporifique…

Pour l’anecdote Sylvain Neuvel est né et vit au Québec, mais c’est en anglais qu’il écrit ses romans. Un choix curieux pour un habitant d’une province qui défend bec et ongles la langue française (même si celle-ci est en recul constant ces dernières années). Mais cela ne nous regarde pas…

MON VERDICT

[BOUQUINS] Luna Joice – Community

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L. Joice - Community
Titre : Community
Auteur : Luna Joice
Éditeur : Hugo
Parution : 2020
Origine : France
298 pages

De quoi ça cause ?

3006. La Terre a été pacifiée grâce à Community, une technologie révolutionnaire qui permet à l’homme de communiquer par télépathie. L’égoïsme mis de côté au profit de la collectivité, conflits et inégalités appartiennent désormais au passé.

Passionnée par les étoiles, Lyah est une jeune femme dotée d’une profonde soif de connaissances, qui la pousse à se poser beaucoup de questions sur le monde qui l’entoure. Bien plus que tous ceux qu’elle connaît… Pourquoi les humains ont-ils désormais interdiction de se toucher ? Pourquoi ne peut-elle pas choisir elle-même sa future Assignation ? Et pourquoi certaines bases de données lui sont-elles inaccessibles ?

Tandis qu’elle exhume secret après secret sur la société aseptisée dans laquelle elle vit, une interrogation grandit dans son esprit. Pour Community, à quoi l’humanité a-t-elle renoncé ?

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est d’abord la couv’ qui a retenu mon attention. Si le pitch est plutôt un classique du genre (la promesse d’un monde idéal qui va finalement révéler ses failles), j’ai toutefois eu envie de découvrir cette énième vision dystopique du monde de demain.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Hugo et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Écrit à la première personne, le roman nous propose de vire l’intrigue via le personnage de Lyah. Une jeune femme plutôt attachante au caractère bien trempée mais qui fait souvent penser, surtout dans la première partie du récit, à une ado de 16/17 ans davantage qu’à une jeune adulte.

Les premiers chapitres, jusqu’aux résultats de l’Assignation, permettent de définir le cadre de l’intrigue et notamment la vie au quotidien sous contrôle total de Community. Une vision idéalisée de l’avenir qui suscitera d’emblée une certaine méfiance chez tout lecteur un tantinet libre-penseur.

C’est après son Assignation que Lyah va découvrir ce qui se cache réellement derrière Community, notamment à quel point, au nom du bien commun, l’humain a été privé de tout ce qui fait de lui un individu à part entière. Des questions et des thèmes à fort potentiel sont soulevés au fur et à mesure que Lyah doute du bien-fondé de Community, malheureusement ils ne sont abordés que superficiellement par des réponses toutes faites apportées à la va-vite.

Dans les derniers chapitres du roman, Lyah va donc – sans surprise – vouloir se dresser contre le système. Là encore tout va trop vite, tout semble trop simple, elle ne rencontre quasiment aucune opposition et expédie le truc en deux temps et trois mouvements.

Vous l’aurez compris c’est mitigé que je referme ce bouquin. Une lecture qui n’en demeure pas moins sympathique mais qui laisse l’impression d’être complètement passée à côté d’un fort potentiel. Ce n’est pas avec Community que Luna Joice gravera son nom au panthéon des maîtres de la dystopie tels que H.G. Wells, George Orwell, Ray Bradbury, Ira Levin ou encore Margaret Atwood pour ne citer qu’eux (pardon à ceux et celles que j’ai injustement oublié).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Margaret Atwood – La Servante Écarlate

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M. Atwood - La Servante écarlate

Titre : La Servante Écarlate
Auteur : Margaret Atwood
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 1987 (réédition 2017)
Origine : Canada (1985)
544 pages

De quoi ça cause ?

Les États-Unis sont devenus la République de Gilead, une dictature théocratique où les femmes sont divisées en castes selon leur rang social et le rôle qui leur a été attribué. Mais Gilead se meurt de son infertilité, les Épouses ne peuvent plus procréer, c’est aux Servantes d’assurer une descendance à leur Commandant.

Defred est une de ces Servantes, reconnaissables à leur tunique rouge. Elle nous raconte son quotidien et partage ses souvenirs de la vie d’avant…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Quelle question ! Parce que c’est un roman devenu culte qui revient souvent (pour ne pas dire toujours) et en bonne position dans les listes des livres qu’il faut AB-SO-LU-MENT avoir lus avant de sucer les pissenlits par la racine.

Ça fait des années que je me dis qu’il faut que je m’y mette, finalement c’est la série télé The Handmaid’s Tale qui aura été l’élément déclencheur. Je voulais impérativement avoir lu le bouquin avant de me laisser tenter par la série.

Ma Chronique

Il m’aura fallu plus de 30 ans pour enfin me décider à lire ce roman, et pourtant je n’avais aucun a priori à son encontre, ni même une quelconque réticence ; au contraire, ça fait des années que je me dis qu’il faut absolument que je le lise.

Finalement c’est la série TV The Handmaid’s Tale et la sortie récente de la « suite » du présent bouquin, Les Testaments, qui m’auront poussé à franchir, ENFIN, le pas.

Avec ce roman Margaret Atwood nous propose une vision dystopique de notre avenir, un monde particulièrement glauque et désespérant, surtout pour la gent féminine. Une société complètement déshumanisée régie par un pouvoir théocratique qui a définitivement banni tout ce qui touche à culture. Un monde formaté où les sentiments n’ont plus droit de cité.

La narratrice, Defred (qui se comprend comme « de Fred », donc appartenant – pour un temps – à Fred, son Commandant), partage son morne quotidien avec le lecteur, mais aussi ses souvenirs du monde d’avant (le monde tel que nous le connaissons, la technologie du XXIe siècle en moins). Le fait qu’elle ait connu ce « monde d’avant » rend la description du quotidien à Gilead encore plus abrupt, encore plus insupportable.

Defred, comme les autres Servantes, joue un rôle essentiel (mais néanmoins ingrat et infamant) pour la survie de Gilead ;  donner un enfant à son Commandant. Une fois par mois elle passe à la casserole en respectant scrupuleusement un cérémoniel de copulation particulièrement dégradant. Le mot copulation est le seul qui me vienne à l’esprit pour désigner un acte mécanique dénué de tout sentiment (faire l’amour est donc inapproprié) et de tout plaisir (tout comme baiser). Les Servantes sont ainsi réduites à de vulgaires matrices potentielles.

Si le récit est glaçant, le ton de la narratrice, à la fois résigné et détaché, nous empêche de nous prendre totalement d’empathie pour le personnage. Je n’aurai pas la prétention de dire que dans la même situation j’aurai fait mieux (c’est typiquement le genre de réaction qui me hérisse le poil), mais j’aurais aimé éprouver un réel sentiment de révolte dans le récit. Point de révolte, juste, parfois, une profonde injustice parfois, avant de retomber dans la résignation.

Dans la même veine, nous n’avons qu’une vague idée de l’existence d’une résistance via le réseau Mayday, mais pas des masses d’infos quant à la nature de ses opérations sinon des exfiltrations en cas de danger immédiat. Voilà qui est un tantinet frustrant, surtout quand la quatrième de couverture annonce : « En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté ».

Malgré ce petit bémol, il n’en reste pas moins que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce bouquin, je ne regrette pas de m’être enfin décidé. Sa place d’œuvre majeure dans le genre dystopique, aux côtés de classiques immortels tels que 1984 (George Orwell, 1949), Le Meilleur Des Mondes (Aldous Huxley, 1932) ou encore Fahrenheit 451 (Ray Bradbury, 1953) n’est en rien usurpée.

C’est le premier roman de Margaret Atwood que je lis, au vu de la qualité de l’écriture (et de la traduction) je sais d’ores et déjà que ce ne sera pas le dernier. À commencer par Les Testaments, je vais faire en sorte de ne pas attendre 30 ans avant de me lancer dans l’aventure (déjà d’un point de vue purement biologique je ne suis pas du tout certain d’avoir 30 ans devant moi).

Si le bouquin est sorti en 1985, il reste terriblement d’actualité, peut-être même plus encore que lors de sa parution initiale. Un cri d’alarme qui nous invite à ne jamais accepter l’inacceptable, à rester vigilant face aux concessions qu’on nous demande de faire. À force de courber l’échine, on finit pour nous la mettre bien profond et à sec !

Je terminerai donc cette chronique en faisant mienne la devise de la résistance : Nolite te salopardes exterminorum. Ne laisse pas les salopards te tyranniser. Un cri du cœur que chacun de nous devrait garder présent à l’esprit… juste au cas où.

Y a-t-il des questions ?

MON VERDICT

[BOUQUINS] Julie Armen – Opération Borodine

AU MENU DU JOUR

J. Armen - Opération Borodine
Titre : Opération Borodine – La 23e République
Auteur : Julie Armen
Editeur : Le Clot Perret (auto-édition)
Parution : 2017
Origine : France
356 pages

De quoi ça cause ?

Face à une vague d’attentats sans précédent, les autorités françaises accordent de plus en plus de place à l’Islam dans les instituions et le quotidien des Français. Suite à un énorme mensonge d’État, le président nomme un islamiste soi-disant modéré comme Premier ministre et ministre de l’Intérieur, celui par qui la paix entre les communautés doit arriver.

Avec la bénédiction du pouvoir en place et la soumission des Français (au nom du « vivre ensemble »), l’Islam s’impose peu à peu. D’abord modéré puis de plus en plus radical. Plus rien ne semble pouvoir empêcher la France de devenir un Califat régi par la charia.

La résistance s’organise, mais la répression est brutale. Un groupe de résistants pacifistes prépare pourtant une opération d’envergure avec l’aide d’un allié inattendu : la Russie…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce qu’il a été numérisé par ChrisEbouquin et qu’elle m’a fort aimablement demandé si j’étais intéressé par la découverte. Le pitch ayant immédiatement fait mouche j’ai accepté sans hésitation.

Parce que c’est un roman autoédité et que force est de constater que cette année je n’ai accordé que peu de place à l’auto-édition dans mon blog. Les journées ne faisant que 24 heures, et parce qu’il faut bien dormir (et malheureusement bosser), il faut faire avec… et faire des choix.

Ma chronique

Après L’Appel Du Néant je reste donc en immersion dans l’islamisme, sauf que, quand Maxime Chattam ancre son roman dans la réalité et l’actualité, Julie Armen, avec son Opération Borodine, nous propose une dystopie des plus cauchemardesque. Une vison d’avenir improbable, mais qui n’en reste pas moins glaçante.

Une lecture qui m’a rappelé Guerilla de Laurent Obertone, certes les scénarios sont radicalement différents, mais il est intéressant de voir que dans les deux romans l’État est complice (plus encore chez Julie Armen, le pouvoir collaborant directement à cette islamisation de la nation), mais aussi que les auteurs insistent lourdement sur la soumission du peuple de France (au nom du fameux « vivre ensemble »).

Julie Armen nous plonge, dès les premières pages de son roman, dans une France qui va mal et qui a déjà fait de nombreuses concessions à l’islam. Une France en proie au terrorisme islamiste avec des attentats quasiment quotidiens. Bref, il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de France ! On serait tenté de se dire que ça pourrait difficilement aller plus mal, en réalité ce ne sont là que les prémices de la descente aux enfers que nous a concoctée l’auteure.

Au milieu du chaos, on va suivre trois femmes (Claire, Pauline, et Viane) et leur entourage, voisines et amies, qui organiseront plus ou moins activement un réseau de résistance pacifique sur fond de rapprochement avec la Russie qui fait figure de terre d’asile pour les « vrais » Français.

Et une quatrième, Fatima, qui va mener ses propres actions. Une façon pour l’auteure d’éviter les amalgames en soulignant bien la différence entre Islam et islamisme. Tous les musulmans ne sont (heureusement) pas des islamistes.

Si un tel scénario devait se produire en France je reste très sceptique sur une intervention russe en notre faveur, en tout cas pas avec quelqu’un comme Vladimir Poutine à la tête du pays… J’espère surtout qu’en de pareilles circonstances les Français seront nettement plus réactifs que dans le roman de Julie Armen. C’est quand même aux Français de défendre leur identité et leur pays.

Je craignais que l’aspect très russophile du roman ne me dérange, mais finalement ça s’intègre parfaitement à l’intrigue et du coup ça passe comme une lettre à la poste (même si je demeure sceptique sur un tel élan de générosité de la part de la Russie).

Une agréable découverte qui se lit quasiment d’une traite, la plume de Julie Armen assure une grande fluidité dans la lecture.

MON VERDICT

[BRD] The Rover

roverPetite séance cinéphile pour changer de la platitude des programmes TV, une escapade futuriste avec The Rover de David Michôd.
Dix ans après la chute de l’économie mondiale, quelque part dans le désert australien. Quand Eric (Guy Pearce) se fait piquer sa bagnole par trois voyous, il décide de se lancer à leur poursuite afin de récupérer son bien, coûte que coûte. En chemin il rencontre Rey (Robert Pattinson), le frère d’un des voleurs, laissé pour mort par ses potes. Ne pouvant s’en sortir l’un sans l’autre, ils décident de faire équipe…
Le film est présenté comme un croisement entre Mad Max (le premier du nom… le seul, l’unique, le vrai) et La Route. Je dirai un zeste de Mad Max pour l’endroit (l’Australie) et le contexte (pas vraiment post-apocalyptique, plus dystopique). Un soupçon de La Route par sa sobriété, on ne sait pas grand chose des personnages et du pourquoi du comment de la chute de l’économie mondiale… et on s’en fout. Le film impose toutefois sa marque de fabrique, personnellement je ne le présenterai pas comme post-apocalyptique, mais plutôt comme un western distopyque (un western à la sauce Sergio Leone / Clint Eastwood).
D’emblée le film impose un rythme lent (le premier plan séquence vous plonge tout de suite dans l’ambiance), lent mais pas ennuyant. Déjà le visuel est particulièrement soigné (essentiellement des décors naturels, pas d’effets spéciaux à tout va), ensuite une grande partie du film mise sur la relation entre Eric et Rey.
Pour tout dire le film repose presque exclusivement sur leurs épaules. D’un côté on trouve Eric, un type tourmenté bourré de rage, un mix entre le loup solitaire et le chien enragé ; tout le long du film on se pose la question de savoir pourquoi il tient autant à récupérer sa foutue bagnole. De l’autre Rey, un sac de nerfs qui collectionne les tics nerveux, un paumé un peu simplet qui ne sait pas vraiment ce qu’il fout là ni où il va. Deux rôles de composition parfaitement interprétés par Guy Pearce et Robert Pattinson (pour moi c’est de loin son meilleur rôle).
Pour l’anecdote le titre du film ne vient pas de la marque de la caisse d’Eric mais plutôt de ce qu’il est, rover se traduisant par vagabond.

[BOUQUINS] Laurent Ladouari – Cosplay

L. Ladouari - CosplayEt hop un invité surprise qui vient se taper l’incruste dans mon challenge SF, ce bouquin m’a fait de l’oeil et je n’ai pu résister à ses appels de pied qui frôlaient l’indécence. La chose s’appelle Cosplay et est signée Laurent Ladouari.
Zoran Adamas, puissant milliardaire aussi mystérieux que cynique; rachète la société 1T, une entreprise d’électronique au bord de la faillite. Son but avoué est de détruire 1T. Le même jour Katie Dûma parvient à se faire embaucher chez 1T. A ce titre, comme tout le reste du personnel, elle est invitée à participer au COSPLAY, un jeu de rôle virtuel dans lequel tout est permis sous couvert d’anonymat. COSPLAY est l’outil imaginé par Adamas pour anéantir 1T…
Ce n’est pas le nom de l’auteur qui m’a fait flashé (c’est son premier roman et je n’avais jamais entendu parler du bonhomme). Le premier choc fut purement visuel, j’ai flashé sur la couverture du bouquin. Après l’avoir examinée de près, j’ai pris la peine de me pencher sur le pitch et voilà comment ce bouquin est venu enrichir mon Stock à Lire Numérique. Ajoutez à cela que je suis un inconditionnel du jeu de rôle (j’ai eu ma période plateau, maintenant je suis plus orienté sur le jeu video) et vous comprendrez que je ne pouvais que craquer pour ce bouquin ; par contre le COSPLAY (COStume PLAYing) ne m’a jamais attiré (je n’dois pas être suffisamment schizophrène).
Et hop une nouvelle dystopie à ajouter à mon tableau de chasse, même si l’auteur ne donne aucune information permettant de situer son intrigue dans le temps et dans l’espace ; on peut tout juste supposer que les personnages sont francophones, certains prononcent 1T à la française (Un Té) et d’autres à l’anglaise (One Ti) et comme l’auteur est français, donc un minimum chauvin on peut supputer que la plus « belle ville du monde » soit Paris.
Ceci dit on s’en fout un peu, l’originalité et l’intérêt principal du roman est ce fameux Cosplay, inutile de préciser que dans un monde virtuel où toutes les règles sont abolies, tous les coups sont permis, idéal pour faire rejaillir les plus bas instincts primaires des joueurs. Pour notre plus grand plaisir de lecteur sadique… Mais il y a plus que ça, sauf que je n’en dirais pas plus sur la question !
Non seulement l’intrigue tient la route et nous accroche rapidement mais en plus les personnages sont bien travaillés. doublement travaillés même puisqu’on a le personnage réel et son avatar dans le Cosplay ; on se prend d’ailleurs vite au jeu d’essayer de deviner qui se cache derrière certains avatar (au départ on ne connait que la paire Katie/Athos). Et je peux vous assurer que l’auteur sait s’y prendre pour nous induire en erreur, pour ma part je n’en avais découvert qu’un avec certitude et de forts soupçons sur un autre (je ne vous dirai pas lesquels).
Bien entendu il y aussi Adamas, invisible mais omniprésent, on se demande qui se cache derrière autant de mystères, doit on l’apprécier ou le détester ? Et quelles sont ses véritables intentions à l’encontre de 1T  (la réponse s’impose peu à peu, avant qu’elle ne soit révélée). Il en va de même pour ses sbires, ils sont plutôt farfelus et attachants mais difficile à cerner avec précision.
Si j’ajoute que le style de l’auteur est très agréable et que la lecture est d’une fluidité exemplaire, vous aurez compris que pour son premier roman Laurent Ladouari réussi un coup de maître. Petit (minuscule) bémol toutefois, je trouve complétement stupide de censurer les insultes proférées par certains personnages (m… pour merde par exemple), faut assumer mon gars, on en a plein le cul du politiquement correct !
L’épilogue laisse présager une suite, reste à savoir quels seront les nouveaux projets d’Adamas pour arriver à ses fins. Une chose est certaine, je suis d’ores et déjà converti, je me jetterai avec avidité sur la, ou les, suites que l’auteur nous réserve…

[BOUQUINS] Aldous Huxley – Le Meilleur Des Mondes

A. Huxley - Le Meilleur Des MondesLes nombreuses sorties littéraires de ces dernières semaines m’ont quelque peu écarté de mon challenge 100% SF mais ce n’est pas pour autant que j’y ai renoncé. Histoire de se remettre sur les rails on  va dépoussiérer un bon vieux classique, à savoir Le Meilleur Des Monde d’Aldous Huxley.
Quatrième de couv’ : La technologie et la science ont remplacé la liberté et Dieu. La vie humaine, anesthésiée, est une suite de satisfactions, les êtres naissent in vitro, les désirs s’assouvissent sans risque de reproduction, les émotions et les sentiments ont été remplacés par des sensations et des instincts programmés. Chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies…
Ecrit en  1931 et publié en 1932, ce roman est considéré par beaucoup comme un des piliers de la SF, un incontournable du genre. Il m’est donc apparu indispensable de me faire ma propre opinion, quitte à flinguer un classique (ce ne sera pas une première de ma part et je l’assume totalement).
Le bouquin commence par une nouvelle préface de l’auteur écrite en 1946. La douche froide, c’est assommant, sans le moindre intérêt (ça n’engage que moi)… Après quelques lignes je décide de la lire en diagonale sinon je sens que je vais expédier le bouquin direct à la corbeille.
La première partie du bouquin (les trois premiers chapitre, soit un peu moins du quart) plantent le décor sous forme d’une visite d’un Centre d’Incubation et de Conditionnement. C’est soporifique, la sauce a du mal à prendre (voire ne prend pas du tout)… Ca commence mal ! D’autant que le troisième chapitre est un véritable foutoir où s’entre-mêlent différents dialogues.
Alors que je cherchais déjà des tournures incendiaires pour une exécution en bonne et due forme j’ai dû ravaler mon fiel. La découverte du quotidien des habitants de ce monde civilisé supposé idéal où tout est formaté et conditionné, donne un nouveau souffle au bouquin, enfin mon intérêt est tiré de sa torpeur. La bonne surprise étant que ledit intérêt ne retombera pas avant les dernières pages du roman, finalement ça valait la peine de s’accrocher (malgré quelques longueurs).
Je ne vous gratifierai pas d’une critique plus étoffée, l’avantage des classiques c’est qu’ils ont fait l’objet d’études approfondies par des gens bien plus doués que moi dans ce genre d’exercice.
Certaines lacunes technologiques frapperont le lecteur d’aujourd’hui habitué aux ordinateurs, téléphones portables et autres tablettes tactiles, ne perdons pas de vue que le bouquin a été écrit en 1931 ; même l’auteur le plus imaginatif de l’époque n’aurait pu imaginer une telle déferlante technologique (sans parler des réseaux wi-fi, 3G, 4G… et autres permettant de se connecter à Internet où que l’on se trouve).
A défaut d’avoir été totalement emballé par ce Meilleur des Mondes je reconnais volontiers qu’il est un précurseur du genre (dystopie ou contre-utopie) et qu’il a dû inspirer bien des auteurs qui ont perpétué (et perpétuent encore) le genre. En cela je m’incline devant le titre d’oeuvre majeure de la SF. Pour moi ça restera une expérience intéressante, comme je suppose que ce sera le cas des autres classiques inscrits au programme de mon challenge ; pas indispensable mais utile à ma culture générale.
Pour la petite histoire l’an zéro de ce « meilleur des mondes » démarre l’année du lancement de la Ford T, soit 1908 ; une touche d’uchronie donc puisque l’auteur modifie le passé avant de nous propulser dans le futur. L’intrigue du bouquin se déroule en l’an 632 NF, ce qui nous placerait en l’an 2540 selon notre calendrier.