[BOUQUINS] Jérôme Fansten – L’Amour Viendra, Petite !

J. Fansten - L'Amour Viendra PetiteFlamant Noir ayant placé la barre très haut avec Menace de Muriel Houri, il fallait que je découvre un autre titre de l’éditeur, au pifomètre j’ai jeté mon dévolu sur L’Amour Viendra, Petite ! de Jérôme Fansten.
J. est un privé au rabais, fauché et surtout un queutard perpétuel. Les femmes c’est son pêché mignon… et aussi sa plus grosse source d’emmerdes ! En attendant il a besoin de bosser s’il ne veut pas se retrouver à la rue…
Le moins que l’on puisse dire c’est que les premières pages sont pour le moins déconcertantes, à se demander si notre J. a bien toute sa tête. Puis en insistant un peu on se laisse entraîner sans opposer la moindre résistance.
Ce bouquin est un vibrant et brillant hommage (un tantinet décalé aussi) au roman noir, de ses origines hard-boiled, période durant laquelle de futurs grand auteurs du genre publient leurs textes dans des magazines bon marché (les fameux pulp magazines), jusqu’à des auteurs plus contemporains.
Difficile de dissocier le roman noir du jazz dans l’inconscient collectif, outre les références littéraires (romans et comics), l’auteur ne lésine pas aussi sur les références musicales. Une bande son jazzy à faire baver le fan du genre… et à faire craquer le profane le plus hermétique (qui peut rester de marbre en écoutant John Coltrane ou Miles Davis ?) !
Pour son hommage Jérôme Fansten a choisit la nouvelle, cinq récits (six si l’on inclut l’interlude en forme de livre dont vous êtes le héros) qui s’articulent autour du personnage de J. Son détective est un peu cliché, le contre pied total d’un Philip Marlowe, son crédo à lui c’est plutôt la loose absolue. L’occasion pour l’auteur de titiller parfois (souvent) les cordes de la parodie et de l’absurde.
La plume de l’auteur colle parfaitement au récit, brute de décoffrage, crue, noire, avec une pointe de vitriol… Un langage imagé et fleuri mais jamais obscène. Même si la ballade que les mots interprètent pour nous n’a rien d’un long fleuve tranquille (surtout pour J.), on se laisse bercer, guider et même bousculer par Jérôme Fansten. Une fois que l’on a succombé au charme de son écriture on est prêt à suivre l’auteur n’importe où… et on va être servi ! Vous ne pourrez pas dire que vous n’en avez pas eu pour votre argent !!!
Pour que vous aimiez l’humour noir et le second degré, alors cédez à la tentation et rejoignez J. dans ses errances ; à défaut de rire aux éclats je vous promets que vous afficherez rapidement un étrange sourire béat qui ne vous quittera plus avant le clap de fin.
Non seulement je me retrouve avec un auteur de plus à suivre de près mais il faut aussi que je garde un oeil attentif sur Flamant Noir, deux titres, deux coups de coeur : cet éditeur est dangereux !
Juste une remarque concernant l’interlude qui, comme je l’ai dit plus haut, se présente à la façon d’un livre dont vous êtes le héros (ces bouquins qui, à la fin de chaque chapitre vous propose de filer à tel ou tel autre chapitre selon votre choix). La version numérique pourrait proposer un lien direct vers le chapitre concerné. Je l’ai fait via Sigil, c’est tout de suite plus interactif.