[BOUQUINS] George R.R. Martin – L’Œuf De Dragon

GRR Martin - L'Oeuf De DragonUn peu de fantasy histoire de varier les plaisirs, et retour à Westeros afin de patienter en attendant le cinquième opus de l’intégrale du Trône De Fer ; je pourrais lire les tomes 13 à 15 de la saga vu qu’ils squattent mon Stock à Lire Numérique mais ayant les quatre premiers volumes de l’intégrale en version papier je compte bien continuer sur ma lancée. Je me suis donc plongé dans L’Oeuf De Dragon, la troisième aventure de Dunk et l’Oeuf, avec, bien entendu, George R.R. Martin aux commandes.
En route pour Winterfell, le chevalier errant, Dunk, et son écuyer, l’Oeuf, apprennent qu’un tournoi est organisé à Murs-Blancs à l’occasion des noces de Lord Beurpuits. Dunk y voit un bon moyen de renflouer leurs caisses, il est loin de se douter que, sous couvert des noces, se fomentent un complot de grande envergure…
Comme les deux précédentes nouvelles celle-ci s’inscrit d’avantage dans le registre des récits de chevalerie que de la fantasy pure et dure ; n’espérez pas croiser de magie ou de créatures fantastiques.
Il n’est sans doute pas indispensable d’avoir lu les Préludes Au Trône De Fer avant de se lancer dans L’Oeuf De Dragon mais ça apporte tout de même une certaine valeur ajoutée (pour ma part je me suis rafraîchit la mémoire sur le site de La Garde De Nuit).
On retrouve avec plaisir les personnages de Dunk et l’Oeuf, son royal écuyer, quelques mois après leur départ de Froides-Douves. De (très) nombreux personnages secondaires les accompagneront au long de leur séjour à Murs-Blancs ; au départ on a un peu de mal à recadrer les différents intervenants mais peu à peu on finit par s’y faire.
Pour faire simple on peut considérer que le récit se divise en trois parties. On commence par une mise en bouche avec l’arrivée à la Noce et le festin qui va de pair. Ensuite on suit le déroulement du tournoi dont le vainqueur se verra remettre un oeuf de dragon. Enfin c’est au cours du tournoi que l’on découvre le véritable enjeu de ces Noces.
Les adeptes du Trône De Fer ne seront pas dépaysés (même is la présente intrigue est beaucoup moins dense comme vous pouvez le supposer), on retrouve le jeu des alliances et contre-alliances cher à George R.R. Martin. De l’action, de la diplomatie et une once de trahison, le trio de choc peut frapper de nouveau. Même le temps d’une nouvelle de moins de 200 pages l’auteur nous offre une intrigue pleine de surprise et d’une incroyable richesse.
Un bémol ? Oui, le prix. Presque 16 € pour la version papier et 12 € en numérique ça fait quand même cher au kilo. Surtout pour une nouvelle publiée en 2010 en VO.
Dunk et l’Oeuf sont appelés à revenir au moins le temps de deux nouvelles supplémentaires qui les mèneront à Winterfell, au service des Stark contre l’invasion Greyjoy. Mais pour le moment c’est tout ce que je peux vous dire étant donné qu’elles n’existent qu’en l’état de projet. Seule certitude (et encore) ces deux nouvelles devraient être publiées avant la sortie du sixième opus de la saga (lequel sixième opus commence sérieusement à se faire désirer).

[BOUQUINS] Joseph Boyden – Dans Le Grand Cercle Du Monde

J. Boyden - Dans Le Grand Cercle Du MondeBien que le Challenge Coupe du Monde des livres se soit éteint avec la finale du 13 juillet (et une quatrième étoile amplement méritée pour l’Allemagne), je tenais à terminer ce bouquin. D’une part parce que ça fait un moment qu’il traîne dans mon Stock à Lire Numérique, et d’autre part parce que le roman historique n’est pas vraiment un genre que j’aborde souvent. En route pour le Canada du XVIIème siècle avec Joseph Boyden et Dans Le Grand Cercle Du Monde.
Quatrième de couv’ parce que je ne vois pas comment faire mieux sans en dire trop. Trois voix tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures : celle d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron, et d’une captive iroquoise. Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour s’allier ou chasser ces « Corbeaux » venus prêcher sur leur terre. Trois destins scellés à jamais dans un monde sur le point de basculer.
La première surprise vient de ce titre complètement abscons ; où est-ce qu’ils ont été cherché un truc aussi naze ? Si je n’avais pas lu de nombreuses critiques élogieuses (et certaines plus réservées) je serai passé à côté de ce bouquin, d’autant que je ne connaissais pas l’auteur et que la couv’ n’attire pas vraiment l’oeil hagard en errance dans sa librairie préférée. Bref il eut été plus judicieux de conserver le titre original The Orenda, le mot huron qui désigne leur magie (à défaut de casser trois pattes à un canard ça titille notre curiosité).
Toute la question est maintenant de savoir si j’aurai raté quelque chose en ne lisant pas ce bouquin. Sans la moindre hésitation la réponse est OUI. A défaut d’être indispensable (mais quel bouquin peut se prétendre indispensable ?) c’est une lecture des plus agréables, aussi bien de par le style de l’auteur que de par son intrigue.
Une intrigue en triplex en quelque sorte. Les chapitres alternent en effet entre les points de vue de Oiseau, le chef de guerre Huron, de Christophe, jésuite français qui rêve d’évangéliser les Hurons et de Chutes-de-Neige, la jeune captive iroquoise ; tous retranscrits à la première personne. Qui plus est chaque personnage adresse ses réflexions à un autre, Oiseau se confesse à son épouse décédée (tuée avec leurs deux filles par les Iroquois), Chutes-de-Neige s’adresse à ses parents (tués par Oiseau en même temps que son frère et sa soeur, sous les yeux de la jeune indienne) et Christophe consigne ses pensées dans un journal destiné à son supérieur quand il ne s’adresse pas directement à Dieu. Trois personnages venant d’horizons et de cultures radicalement différents, trois personnalités parfaitement restituées par l’auteur ; un sacré défi d’écriture qu’il relève haut la main, et au passage je tire aussi mon chapeau à Michel Lederer, le traducteur, pour son travail admirable.
Une intrigue richement documentée sur les us et coutumes des indiens canadiens et notamment des deux tribus ennemies que sont les Hurons (soutenus par les Français) et les Iroquois (alliés aux Anglais), à une époque où leur rivalité culmine. On partage avec un incroyable réalisme leur façon de vivre, leur culture et leur philosophie ; mais aussi leur esprit guerrier et leur zèle dans l’art de la caresse. Du jour au lendemain le paisible agriculteur peut se transformer en un impitoyable guerrier.
Une intrigue où s’entremêlent différents genres, l’auteur étaye et dilue la partie historique de son roman dans un grand récit d’aventure et de guerre aux rebondissements multiples avec çà et là une pointe de magie. Le mot fresque employé en quatrième de couv’ n’est pas usurpé, ce bouquin est d’une richesse et d’une intensité incroyables.
Une intrigue passionnée et passionnante. Le contraste entre le quotidien dans le camps et les scènes de guerre est saisissant (même si le quotidien des Hurons est loin d’être un long fleuve tranquille). Un tourbillon d’émotions garanti avec quelques touches d’humour. Un vrai régal à lire, c’est tout simplement captivant du début à la fin ! Le genre de bouquin dont on pourrait parler pendant des plombes tant il y aurait à dire.
L’intrigue débute à priori en 1634 pour se terminer en 1640, deux dates importantes pour les personnages du récit. En effet 1634 nous ramène environ un an avant la mort de Samuel de Champlain, fondateur et administrateur de la ville de Québec mais aussi gouverneur de la Nouvelle France. Quant à 1640 c’est une date marquante, voire décisive, dans le conflit opposant les Hurons aux Iroquois mais je n’en dirai pas plus afin de ne pas laisser d’indices quant au devenir de certains personnages.
Je ne connaissais pas Joseph Boyden mais il ne fait désormais aucun doute que je vais me pencher sur ses deux précédents romans, d’autant plus qu’ils semblent générer le même engouement que celui-ci (voire plus encore).