[BOUQUINS] Gilles Legardinier – Nous Etions Les Hommes

G. Legardinier - Nous Etions Les HommesDe Gilles Legardinier je ne connais que ses excellents titres humoristiques (Demain J’Arrête et Complétement Cramé) mais avant ça ce brave homme s’est frotté au thriller, il me tardait donc de découvrir cette autre facette de son univers littéraire, Nous Etions Les Hommes, son dernier titre du genre (publié en 2011) m’a semblé un bon moyen de plonger vers la « face obscure » de l’auteur.
En travaillant ensemble sur la maladie d’Alzheimer Scott Kinross, neurologue, et Jenni Cooper, généticienne, découvrent que ce mal tendrait à se propager sous une forme nouvelle particulièrement violente, de manière exponentielle et frappant toutes les tranches d’âge. Si la tendance se confirme c’est l’humanité toute entière qui pourrait bien être menacée d’extinction. Si leurs recherches d’une solution éveillent certains intérêts louables d’autres voient d’un mauvais oeil une éventuelle avancée scientifique susceptible d’aller contre leurs intérêts, ils ne reculeront devant rien pour faire en sorte que les travaux de Kinross et Cooper n’aboutissent pas…
L’auteur sait faire monter la pression crescendo, l’intrigue commence doucement, on en arrive même à se demander si on tient vraiment un thriller entre les mains, mais peu à peu le doute n’est plus permis, non seulement c’est un thriller mais en plus il est diablement efficace et rondement mené (la dernière partie mettra vos nerfs à rude épreuve). Outre l’intrigue principale qui suit le périple, plein de surprises, de Kinross et Cooper on trouve d’autres intervenants dont on ne comprend pas tout de suite ni leur rôle, ni leur implication, mais une fois encore Gilles Legardinier régit son petit monde en véritable chef d’orchestre, tout s’imbrique parfaitement en temps et en heure.
En plus d’une intrigue captivante le roman repose aussi sur des personnages bien travaillés, bien entendu ceux de Kinross et Cooper occupent le centre de la scène et de fait bénéficient d’un soin particulier mais les autres ne sont pas pour autant laissés pour compte ; pour ma part j’ai particulièrement apprécié David Hold, tout au long du récit il émane de lui un subtil mélange de froideur et de chaleur, sans parler d’une bonne dose de mystère.
N’étant pas un spécialiste en matière de maladies neurodégénératives en général et d’Alzheimer en particulier , je ne me prononcerai quant aux aspects techniques abordés dans le bouquin, dans ses remerciements l’auteur indique que beaucoup d’éléments abordés sont vrais (sources à l’appui), je n’ai aucune raison de mettre sa parole en doute ; par contre je me rassure en me disant que la forme aigüe développée dans le roman est une fiction (ou une base réelle largement amplifiée pour les besoins du récit). Il n’en reste que par son approche humaine de la maladie l’auteur donne encore plus de profondeur à son récit déjà bien dense.
Il me semble avoir lu que le prochain titre de l’auteur restera dans le registre de l’humour et je m’en réjouis car c’est un domaine dans lequel il excelle, toutefois si un jour il compte renouer avec le thriller je le suivrai avec le même plaisir (en attendant je pourrai toujours me « rabattre » sur L’Exil Des Anges, publié en 2009 et qui figure dans mon Stock à Lire).