[BOUQUINS] Jussi Adler-Olsen – Miséricorde

J. Adler-Olsen - MiséricordeComme vous vous en êtes sans doute déjà aperçu, si vous me suivez déjà depuis quelques temps, en matière de polar nordique je visite presque exclusivement la Norvège de Harry Hole (Jo Nesbo) et la Suéde de Kurt Wallander (Henning Mankell), j’ai donc décidé d’élargir mon horizon en m’offrant un petit détour par le Danemark avec Miséricorde de Jussi Adler-Olsen (prix du meilleur polar scandinave 2011).
Carl Morck se retrouve à la tête du Département V, un nouveau service de la police criminelle chargé de se replonger dans des affaires passées jamais résolues. en fait c’est d’avantage une mise au placard qu’une réelle promotion. A sa demande on lui adjoint un jeune syrien comme assistant, Assad. Alors que le flic blasé espérait se la couler douce son assistant va inciter Carl Morck à se reprendre en main et à se pencher sur l’affaire Merete Lynggaard, une politicienne de premier plan mystérieusement disparue cinq ans plus tôt au cours d’une excursion en ferry…
Vous l’aurez compris si, comme moi vous êtes fan de la série TV, on se retrouve là en face d’un Cold Case version nordique. Sauf que l’équipe du Département V se limite à l’inspecteur Morck (flic blasé et taciturne) et à son assistant Assad qui n’est même pas policier mais qui ne manque pas pour autant de sens logique et de bonne volonté, mais surtout c’est lui qui booste son « chef » quand ce dernier tend à baisser les bras. Les échanges entre les deux coéquipiers ne manquent pas de piment et c’est sans doute l’une des grandes forces de ce polar, l’humour vient sans cesse ponctuer l’enquête. Ladite enquête est d’ailleurs rondement menée, rythmée et riche en rebondissements inattendus qui viennent démolir les hypothèses que l’on essayait de construire en même temps que les enquêteurs du Département V.
Par sa construction le bouquin alterne entre l’enquête actuelle du Département V et la situation de Merete Lynggaard, des semaines qui ont précédées son enlèvement à aujourd’hui. Du coup forcément on ne manque de se poser des questions sur le pourquoi du comment du calvaire (particulièrement vicieux soit dit en passant) infligé à Merete. Mais là encore les indices filtrent au compte goutte, on suppose sans doute avant Merete de quoi il retourne mais on en a la certitude que quand elle même en prend conscience.
Le personnage de Carl Morck peut passer pour totalement antipathique mais en creusant un peu sous la surface on devine que ses airs bourrus sont d’avantage destinés à masquer ses propres faiblesses (notamment le poids de la culpabilité) ; du coup à mes yeux le personnage devient fort sympathique (peut être parce que moi aussi je me cache sous des faux airs d’ours grognon). Pour conclure cette chronique je note que l’auteur n’hésite pas à égratigner la société danoise et sa classe politique mais j’avoue que ça me passe largement au-dessus la tête n’étant pas du tout un spécialiste en la matière et n’ayant pas une once de curiosité sur le sujet (tout comme les états d’âme de Wallander/Mankell sur la « dérive » de la société suédoise me laissent de marbre).
C’est avec un réel plaisir que j’ai appris que le Département V est de nouveau à l’honneur dans le second roman de Jussi Adler-Olsen, Profanation, d’ores et déjà il a intégré mon stock à lire numérique (qui a la fâcheuse tendance d’enfler plus vite que je ne lis soit dit en passant). Un petit break histoire de changer d’air pour ma prochaine escapade littéraire (je ne sais pas encore sur quel titre je jetterai mon dévolu) mais je ne quitte pas le Danemark des yeux et compte bien y revenir prochainement.