[BOUQUINS] Sylvain Neuvel – L’Examen

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Titre : L’Examen
Auteur : Sylvain Neuvel
Éditeur : Le Livre de Poche
Parution : 2021
Origine : Canada (2019)
128 pages

De quoi ça cause ?

Grande Bretagne, dans un futur indéterminé. Pour devenir citoyen britannique les migrants et réfugiés doivent réussir un examen de citoyenneté composé de 25 questions.

Idir à fuit l’Iran avec sa femme et son fils, il exerce désormais comme dentiste à Londres et est parfaitement intégré au mode de vie occidental. C’est donc plutôt confiant qu’il se présente au centre d’examen. Mais rien ne l’avait préparé à ce qu’il va se produire…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est le pitch qui, le premier, m’a attiré vers ce bouquin. J’étais aussi curieux de découvrir Sylvain Neuvel dans un autre registre (ce qui me rappelle au passage que je dois poursuivre la lecture de ses fameux Dossiers Thémis).

Ma Chronique

Avec L’Examen Sylvain Neuvel nous offre une dystopie plutôt glaçante, d’autant plus que l’on est en droit de penser que c’est un des futurs possibles pour nos sociétés occidentales qui veulent toujours tout contrôler au plus prés.

Un texte court, intense et sombre. Et pourtant tout commence comme un banal examen d’intégration sous la forme d’un QCM de 25 questions. Une session d’examen qui va rapidement virer au cauchemar pour Idir. Et qui jettera un froid sur le lecteur quand il découvrira ce qui se cache derrière les événements que subit Idir.

Franchement je ne suis pas contre le principe d’un examen de citoyenneté pour les demandeurs d’asile ; le Canada et de nombreux pays d’Europe du Nord le mettent déjà en pratique sans que personne ne s’en offusque. Bien entendu je parle là d’un véritable examen de citoyenneté, pas d’une mise à l’épreuve comme celle dont il est question dans le présent roman.

Les chapitres alternent entre le récit d’Idir (à la première personne) qui nous relate le cauchemar qu’il est en train de vivre – cauchemar qui semble s’enfoncer toujours plus loin dans l’horreur – et les « coulisses » du centre d’examen, là où des opérateurs tirent les ficelles du drame qu’ils sont en train de scénariser.

Compte tenu de la longueur du roman l’accent est surtout mis sur le personnage d’Idir – soit dit en passant il a le profil idéal pour devenir futur citoyen britannique –, force est de reconnaître que l’on n’a pas particulièrement envie de faire plus ample connaissance avec les autres acteurs de l’intrigue.

Le style de l’auteur est parfaitement adapté à la longueur du récit et au rythme de l’intrigue, pas de fioritures, pas de bla-bla, pas de chichis… on va à l’essentiel et c’est très bien comme ça ! Avec tout ça, inutile de vous préciser que le bouquin se dévore d’une traite.

Un roman qui poussera le lecteur à la réflexion sur des thèmes tel que le libre arbitre, la manipulation (voire la destruction) psychologique, jusqu’où le système peut-il aller au nom de l’intérêt de la communauté ? La fin du roman laisse un arrière-goût de bile en bouche, mission accomplie haut la main pour Sylvain Neuvel.

Comme quoi ce n’est pas la taille qui compte ! Il vaut mieux savoir-faire court et efficace que long et soporifique…

Pour l’anecdote Sylvain Neuvel est né et vit au Québec, mais c’est en anglais qu’il écrit ses romans. Un choix curieux pour un habitant d’une province qui défend bec et ongles la langue française (même si celle-ci est en recul constant ces dernières années). Mais cela ne nous regarde pas…

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sylvain Neuvel – Le Sommeil Des Géants

AU MENU DU JOUR

S. Neuvel - Le sommeil des géants

Titre : Le Sommeil Des Géants
Série : Les Dossiers Thémis – Tome 1
Auteur : Sylvain Neuvel
Editeur : Le Livre de Poche
Parution : 2017
Origine : Canada (2016)
384 pages

De quoi ça cause ?

Attirée par une étrange lueur bleue, Rose Franklin, onze ans, chute dans un trou. En reprenant ses esprits, elle réalise qu’elle se trouve dans une immense main métallique parcourue de faisceaux lumineux.

Dix-sept ans plus tard, Rose Franklin est devenue une scientifique reconnue. On lui propose de diriger une équipe chargée de percer tous les secrets de cette mystérieuse main. Une mission qui leur réserve bien des surprises…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est Stelphique (à lire ici) qui, la première, m’a fait connaître ce bouquin avec un billet des plus élogieux. Ne le trouvant pas en numérique je suis passé à autre chose en attendant. Et un jour, au fil de mes errances, v’là t’y pas que je le croise chez mon fournisseur préféré… Il ne restait plus qu’à lui trouver une place de premier choix dans mon Stock à Lire Numérique.

Ma chronique

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais commencer pas disséquer le bandeau (cette bande rouge avec une écriture blanche, sur laquelle les commerciaux écrivent tout et n’importe quoi pour attirer les curieux). En l’occurrence il est écrit « Captivant. Entre World War Z et Seul Sur Mars« .

World War Z ? Une histoire d’apocalypse zombie qui se décline sous la forme d’un rapport rédigé par un consultant de l’ONU. Rapport constitué d’extraits d’entretiens, de témoignages… Sur le fond rien à voir avec le présent bouquin, sur la forme par contre on retrouve un roman constitué essentiellement d’entretiens menés par un personnage dont on ne sait rien (et dont on ne saura jamais rien), çà et là d’autres supports viennent combler les blancs.

Seul Sur Mars ? L’histoire d’un mec « oublié » sur la planète Mars et qui doit se démerder pour assurer sa survie. Heu… Bin à l’heure d’aujourd’hui je cherche toujours un quelconque point commun entre le bouquin d’Andy Weir et celui de Sylvain Neuvel.

OK, vous me direz qu’un bandeau soit un tissu de conneries on a l’habitude. Mais ne fuyez pas ce roman à cause d’une stratégie marketing foireuse ; s’il y a bien un mot qui définit à la perfection mon ressenti après avoir refermé ce bouquin c’est tout simplement CAPTIVANT.

Honnêtement je pense que même si je n’avais jamais entendu parler de ce bouquin auparavant, et que l’auteur soit, pour moi, un parfait inconnu, il aurait retenu mon attention au fil de mes errances en librairie ou sur les différentes plateformes d’achat que je fréquente. Impossible en effet de résister à cette superbe couverture, et donc de se pencher sur la quatrième de couv’… et voilà, le tour aurait été joué, j’aurai été ferré !

M’est d’avis que les principales difficultés avec une narration indirecte (par entretiens interposés) se déclinent à la fois au niveau des personnages et de l’intrigue. Concernant les personnages, leur personnalité se définit ici non seulement au travers de leurs propres interventions, mais aussi par le biais du vécu et du ressenti des autres. Quant à l’intrigue, il faut réussir à capter en permanence l’attention du lecteur et donc assurer sa continuité et son rythme.

Sylvain Neuvel relève haut la main ces deux challenges.

Ses personnages ont une réelle profondeur et chacun une personnalité bien affirmée, l’auteur adapte ainsi sa narration à chacun. J’ai eu un faible pour Kara, sans doute pour son côté réfractaire à toute forme d’autorité (bien qu’elle soit militaire), mais aussi pour Vincent, un tantinet asocial et cynique. Même celui qui mène les entretiens nous devient sympathique, malgré une apparente froideur on sent qu’il fera tout son possible pour protéger son équipe.

Difficile de parler des personnages sans mentionner Thémis, comme dirait l’autre « Qui est-il ? D’où vient-il ? Formidable robot. Des temps nouveaux« . Sauf qu’en l’occurrence c’est « elle » (après le sexe des anges, découvrons le sexe des robots… tout un programme) et que la seule certitude que l’on ait à son sujet est qu’elle vient plutôt des « temps anciens » (Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… ça vous rappelle quelque chose ?).

Si l’intrigue peut paraître, de prime abord, relativement classique (la découverte d’un artefact extra-terrestre n’est pas vraiment une innovation dans le monde de la SF), elle n’en demeure pas moins soignée et maîtrisée. L’auteur vous propose un univers dans lequel la science-fiction, le thriller et même la géopolitique se côtoient et se mélangent. Non seulement le tout est cohérent, mais il devient très vite totalement addictif et ne manque ni de rythme, ni de surprises.

Comme son nom ne l’indique pas forcément, Le Sommeil Des Géants est le premier tome d’une trilogie (Les Dossiers Thémis). La mise en bouche est une totale réussite, j’ai adoré me plonger dans ce bouquin (impossible de le lâcher un fois que l’on a mis le nez dedans) et il me tarde de découvrir la suite. D’autant que le cliffhanger final vous laissera très certainement sur le cul !

MON VERDICT