[BOUQUINS] James S. Murray & Darren Wearmouth – Le Passager De Trop

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Titre : Le Passager De Trop
Auteur : James S. Murray & Darren Wearmouth
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2023
Origine : États-Unis (2021)
300 pages

De quoi ça cause ?

Maria Fontana espérait passer un moment tranquille en famille en embarquant sur l’Atlantia, un paquebot tout confort qui assure la liaison entre New York et Southampton.

Il faut dire qu’elle était jurée dans le procès particulièrement éprouvant et ultra médiatisé d’un tueur en série, procès à l’issue duquel l’accusé est ressorti libre, faute de décision unanime du jury. Un verdict qui a suscité la vindicte des familles et des médias.

Quelques jours après l’embarquement, des trucs pas nets semblent se passer à bord. Et si un tueur comptait parmi les passagers ou l’équipage…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que l’idée d’un huis clos au milieu de l’océan Atlantique me semblait idéalement oppressante ; la toile de fond idéale pour un thriller.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et la plate-forme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Oubliez La Croisière S’Amuse, ici le paquebot va s’avérer être le théâtre d’un jeu mortel orchestré par un tueur insaisissable. Un tueur au modus operandi qui ressemble un peu trop à celui de Wyatt Butler, le présumé tueur en série remis en liberté à l’issue de son procès.

Si Maria Fontana relève rapidement ces similitudes, elle n’est prise au sérieux ni par son compagnon qui la traite gentiment de parano, ni par l’équipe de sécurité du paquebot qui serait même limite à la trouver suspecte.

Le huis clos annoncé tient toutes ses promesses, le paquebot, bien que vaste, n’offre aucune échappatoire aux victimes tout en permettant au tueur de se fondre dans la foule. Si vous êtes thalassophobique, nul doute que ce roman ne contribuera pas à votre guérison.

Le mutisme des équipes chargées de la sécurité du paquebot n’aura pas vraiment l’effet apaisant escompté, il sera prétexte à des rumeurs, certaines proches de la réalité, d’autres complétement farfelues. Il n’en faudra pas davantage pour créer un sentiment de malaise parmi les passagers. Il suffirait d’une étincelle pour que le malaise se transforme en peur panique, et notre tueur sadique adore attiser les braises.

Maria est psychologue de métier, son expertise de la psyché humaine – et tout particulièrement celle de Wyatt Butler – pourrait bien être son principal atout pour arrêter le massacre.

Un roman qui s’adresse bien entendu aux fans de thrillers, mais que je réserverai à un public averti ; notre tueur cible principalement les enfants et fait preuve d’une brutalité extrême dans ses mises en scènes morbides. L’écriture est très visuelle et force est de reconnaître que les auteurs ne laissent que peu de place à l’imagination des lecteurs quant à leurs scènes de crimes.

Les différents personnages sont bien travaillés avec un profil psychologique particulièrement soigné, l’intrigue est rondement menée avec son lot de rebondissements et de fausses pistes, mais l’ensemble reste relativement conventionnel dans son approche. Ça n’en reste pas moins un très bon thriller, mais avec une touche plus personnelle il aurait pu être un excellent thriller.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Steve Hamilton – La Deuxième Vie De Nick Mason

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S. Hamilton - La deuxième vie de Nick Mason
Titre : La Deuxième Vie De Nick Mason
Auteur : Steve Hamilton
Éditeur : Clamann-Lévy
Parution : USA (2016)
Origine : France
310 pages

De quoi ça cause ?

Nick Mason sort de prison après cinq ans de détention alors qu’il devait purger une peine de vingt-cinq ans. Il doit sa libération a un deal passé avec Darius Cole, un puissant caïd e Chicago condamné à perpét.

Mais Nick Mason n’est pas pour autant totalement libre. Le deal est simple : quand le téléphone sonne, il répond et il fait ce qu’on lui demande sans discuter…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est le hasard qui m’a poussé à me pencher sur ce bouquin, le pitch m’a plu alors pourquoi pas ? Le fait que des auteurs comme Don Winslow, Michael Connelly, Lee Child, Harlan Coben ou encore Stephen King l’encensent m’a un peu aidé, j’avoue.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Malgré une quatrième de couv’ des plus attrayante (à mon goût en tout cas) et un accueil outre-Atlantique dithyrambique (aussi bien par la critique que par ses pairs… et non des moindres), il restait un frein susceptible de freiner mes ardeurs.

Ce roman est en effet le premier tome d’une trilogie, du coup l’idée de devoir patienter pendant un temps indéterminé avant de découvrir la suite a jeté un froid sur mon enthousiasme initial (chat échaudé craint l’eau froide… suivez mon regard vers un certain GRRM qui nous fait languir depuis des années avec la suite du Trône de Fer). Une rapide recherche sur le Net a suffi à dissiper mes doutes, les deux autres opus sont d’ores et déjà disponibles en VO, on peut donc légitimement espérer une traduction française dans des délais raisonnables.

Si Steve Hamilton a déjà plusieurs romans à son actif, dont quelques-uns traduits en français, j’avoue humblement que je ne connaissais pas du tout l’auteur avant de croiser ce titre dans le calendrier « à paraître » de Babelio. Tant qu’à découvrir un nouvel auteur, autant commencer par le début d’un nouveau cycle (sa précédente série, Alex McKnight, compte déjà onze titres, dont seulement trois dispo en VF chez Seuil).

La première phrase du roman donne le ton d’emblée :

La liberté de Nick Mason dura moins d’une minute.

Plus tard, Darius Cole lui exposera la condition sine qua non à sa remise de peine :

Pendant ces vingt ans-là, ta vie m’appartiendra, oui, à moi.

Enfin, à sa sortie de prison, Marcos Quintero, l’homme de confiance de Cole, enfoncera le clou en lui fixant une seule et unique règle qui régira ses prochaines années :

Je vais te donner un portable. Tu réponds quand je t’appelle. Où que ce soit. Jour et nuit. Pas question d’être occupé. Pas question d’être indisponible. Il n’y a que toi qui réponds. Et tu fais exactement ce que je te dis de faire.

Pas simple dans ces conditions pour Nick Mason de renouer le contact avec son ex et surtout avec sa fille ; d’autant que le téléphone ne tardera pas à sonner. Et Nick de comprendre dans quel merdier il s’est fourré !

La construction du roman permet non seulement de suivre le déroulé de l’intrigue, mais aussi d’en apprendre davantage sur le passé de Nick Mason, notamment sur les raisons de sa condamnation et, de fait, sa rencontre avec Darius Cole. Des flashbacks parfaitement intégrés au récit présent sans rompre le rythme (soutenu) de croisière imposé par l’auteur.

Une intrigue que Steve Hamilton mène à la baguette sans le moindre faux pas. Pas véritablement de revirements inattendus de situation, mais il n’empêche que vous aurez du mal à lâcher ce bouquin une fois qu’il vous aura pris dans ses mailles. Un premier tome qui remplit parfaitement le contrat en somme : planter le décor et les personnages, et nous donner envie de découvrir la suite…

Sans surprise, ce premier tome ne nous livre pas toutes les clés permettant de discerner l’avenir de Nick Mason, de nombreuses questions restent sans réponse, il a toutefois le mérite d’apporter une conclusion cohérente à tout un pan de l’intrigue.

J’ai beaucoup aimé le soin apporté aux personnages, notamment l’absence de manichéisme, il n’y a pas du tout blanc ou du noir, juste une large palette de nuances de gris. J’aurais beaucoup de plaisir à retrouver Mason, Cole et Quintero ; mais aussi Sandoval, un inspecteur qui s’est juré de renvoyer Mason en taule.

Vous l’aurez compris j’ai succombé aux charmes de cette découverte.

MON VERDICT