[BOUQUINS] Christophe Guillaumot – Un Morceau De Toi

AU MENU DU JOUR


Titre : Un Morceau De Toi
Série : Le Bureau Des Affaires Non Résolues – Livre 1
Auteur : Christophe Guillaumot
Éditeur : Rageot
Parution : 2022
Origine : France
336 pages

De quoi ça cause ?

Gaspard, 16 ans, est un ado à la dérive. Voler une voiture pour éviter de se faire tremper par la pluie ne fut sans doute pas une idée de génie… surtout quand on ne conduit que devant sa console !

L’heure des comptes a sonnée. Pour éviter la case prison, il va devoir intégrer un programme de réinsertion particulièrement innovant. Pendant trois mois il va devoir faire équipe avec un policier confirmé, le capitaine Ruben Arcega, ensemble ils vont devoir résoudre un cold case de leur choix.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Christophe Guillaumot et même si j’aurai apprécié de retrouver « son » Kanak, j’admets volontiers qu’après tout ce qu’il a traversé dans le roman Que Tombe Le Silence, il puisse bénéficier d’un répit – temporaire – bien mérité.

Si l’auteur reste dans le milieu policier qu’il connaît sur le bout des doigts pour le pratiquer au quotidien, la cible visée est davantage young adult avec cette nouvelle série. J’étais donc à la fois curieux et un tantinet dubitatif, craignant une enquête un peu trop light à mon goût.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Rageot et Net Galley qui ont répondu favorablement à ma sollicitation.

Ce roman est la seconde incursion de Christophe Guillaumot dans la littérature jeunesse, j’avoue sans aucun complexe que le précédent, Lady Elliot Island, ne m’inspirait pas plus que ça… à tort ou à raison je l’ai supposé trop ciblé vers un public young adult (voire young tout court).

Avec ce premier opus du Bureau Des Affaires non Résolues, l’auteur revient dans le domaine policier, un monde dont il connaît tous les rouages – il faut dire que c’est son quotidien – comme peut en témoigner l’excellente trilogie autour de son personnage de Renato Donatelli, aussi surnommé, plus ou moins affectueusement, le Kanak.

Mais laissons Renato profiter d’un repos amplement mérité au vu des multiples épreuves qu’il a dû surmonter dans Que Tombe Le Silence, il lui faudra certainement un temps pour se reconstruire… mais j’espère bien que nous le retrouverons très vite, Christophe Guillaumot ayant promis de continuer à le « martyriser dans les enquêtes à venir ».

Fidèle à sa ville de cœur, l’auteur situe son intrigue à Toulouse mais opte pour un service de police qui, à ma connaissance, n’existe pas encore. L’idée étant que des adolescents en perte de repères (mais pas encore complètement irrécupérables) soient associés à des policiers expérimentés afin que chaque binôme décortique un cold case (une affaire ancienne non encore élucidée) et, pourquoi pas, permette de faire avancer l’enquête.

Concrètement les cold cases n’intéressent les autorités françaises que depuis peu, des services dédiés ont été mis en place mais ils n’ont que quelques mois d’ancienneté. Il faut dire que l’affaire de la petite Maelys, tuée par Nordhal Lelandais, a permis de révéler une personnalité complexe qui pourrait être rattachée à d’autres affaires non encore élucidées – il a d’ores et déjà été condamné pour le meurtre de Maelys, mais aussi pour celui d’Arthur Noyer, un jeune militaire porté disparu depuis 2017.

Revenons à nos moutons… C’est donc dans le cadre de cet innovant programme de réinsertion que Gaspard, 16 ans, va se retrouver associé au capitaine Ruben Arcega.

Gaspard est le profil type du jeune qui fait des conneries sans vraiment réaliser la portée de ses actes. Il vit seul avec sa mère (dans un très vieil appartement… non Charles, pas maintenant !) sans emploi qui s’est réfugiée dans l’alcool depuis que son mari a disparu du jour au lendemain sans un mot d’explication. Pour échapper à son quotidien il peut compter sur sa bande de potes avec qui il pratique l’urbex, mais aussi sur Jade, sa copine… si ce n’est qu’il ne sait plus trop où ils en sont tous les deux, leur histoire a depuis la rentrée plus de bas que de hauts.

De son côté Ruben Arcega est un flic solitaire et taciturne – il habite sur une péniche avec pour seule compagnie son chien, Poker –, pas franchement à cheval sur la discipline et les procédures… sauf quand il s’agit de les contourner. C’est d’ailleurs pour un « geste déplacé » qu’il s’est retrouvé au placard et intègre, bien malgré lui, le Bureau des affaires non résolues.

Pas question pour Ruben de s’encombrer d’une collaboration qu’il juge d’emblée de pacotille et vouée à l’échec. Pour lui la distribution des rôles est on ne peut plus simple, lui va « s’occuper de dégoter dans toute cette paperasse une affaire pas trop compliquée, un truc simple qui me permettra de nous sortir de ce guêpier. », pour Gaspard le verdict est sans appel : « Tu te tiens à carreau. » et « Toi, tu fais comme tous les morveux de ta génération. Tu prends ton téléphone, tu fais ce que tu veux dessus et tu ne me fais pas chier ! »

Comme vous vous en doutez déjà, ce n’est pas tout à fait comme ça que les choses vont se dérouler. Alors que Ruben mène les premières investigations sur l’affaire qu’il a sélectionné, il s’aperçoit rapidement que les rares pistes dont il dispose finissent par faire chou blanc. C’est finalement Gaspard qui aura le nez creux en se penchant – pour passer le temps – sur des cas multiples de mutilations de chevaux (128 affaires au total). Une affaire qui pourrait s’avérer bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Dès lors la dynamique change, Ruben et Gaspard vont devoir apprendre à travailler ensemble et, au fil de l’eau, apprendre à se connaître, à se respecter et à s’apprécier. Une recette certes classique dans le registre des « duos improbables mais finalement efficaces » mais qui porte généralement ses fruits. Et c’est le cas présentement, on apprécie la confiance mutuelle et la complicité qui s’installent au fil de la collaboration du binôme.

L’étiquette young adult me faisait redouter une enquête un peu trop édulcorée ou trop facile mais il n’en est rien. L’intrigue n’a rien à envier à certains romans destinés à un public adulte, elle se complexifie au fil des révélations et pourrait bien n’être que la partie émergée de l’iceberg.

Dubitatif j’étais, tort j’avais. Christophe Guillaumot signe une intrigue totalement convaincante et addictive. Il me tarde de retrouver ce Bureau des affaires non résolues, avec Gaspard et Ruben… ou avec un nouveau binôme. Vous voilà condamné à lire ce roman si vous voulez un début de réponse à cette question.

Juste une ultime précision avant de clore cette chronique, ce premier opus boucle l’enquête en cours – dans un sens ou dans l’autre –, mais certaines interrogations restent sans réponse… si réponse il y a.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Alain Damasio – Scarlett Et Novak

AU MENU DU JOUR


Titre : Scarlett Et Novak
Auteur : Alain Damasio
Éditeur : Rageot
Parution : 2021
Origine : France
64 pages

De quoi ça cause ?

Novak, un adolescent, court à travers les rues de Paris. Il est poursuivi par deux hommes sans qu’il sache ce qu’ils lui veulent. Novak compte beaucoup sur les indications de Scarlett, l’intelligence artificielle de son smartphone pour se tirer de ce mauvais pas…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Un texte publié en 2014 sur le site 01net.com sous le titre Novak Et Son Ai-Phone et destiné à un public adolescent afin de les sensibiliser aux dangers de l’addiction à leur smartphone.

Ma Chronique

Je remercie Net Galley et les éditions Rageot pour leur confiance.

Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne fais pas partie du public visé par l’auteur. Pour moi le smartphone ne fait aucunement partie de mon anatomie. Mon smartphone est un gadget bien utile, le perdre me ferait certes chier, mais en aucun cas je n’aurai l’impression de me retrouver à poil et démuni pour affronter le quotidien.

Avec le personnage de Novak Alain Damasio pousse à l’extrême la relation de dépendance entre l’individu et son smartphone, mais au-delà ce cela l’auteur pointe aussi du doigt une société qui tend à faire l’apologie du 100% connecté, une société ou vivre unplugged ferait de toi un individu suspect.

Le texte est court et souffre des lacunes propres à certaines nouvelles, on manque cruellement d’éléments de fond (pourquoi ces deux gars poursuivent Novak). Du coup ça nous laisse un arrière-goût d’inachevé.

Un texte globalement bien foutu, mais un peu superficiel, il n’en reste pas moins que le message passe et que la conclusion se veut plutôt optimiste. Au vu du monde d’aujourd’hui je ne suis pas certain que la majorité des individus réagiraient comme Novak.

Un récit qui s’achève sur une « poésie » de l’auteur d’une réalité presque perturbante, un texte qui devrait amener les intéressés à se poser des questions, en admettant que leurs neurones ne soient pas encore totalement métastasés par le silicium…

J’avais envie de vous copier l’intégralité du texte ici, mais finalement je ne vous en livre qu’un extrait :

Tu dis que tu vibres :
mais c’est juste ton portable dans ta main.
Tu dis que tu vois :
mais c’est la caméra qui fait la mise au point pour toi.
Tu dis que tu sais :
mais tout ce que tu sais, c’est ton pote wiki qui le sait
pour toi.

Un court récit plutôt efficace mais je reste plus que sceptique sur le rapport qualité-prix du truc… surtout en sachant que ledit texte avait été initialement publié gratuitement sur le site 01net.com. Débourser 4 (pour la version numérique) ou 5 € (pour la version papier) pour une soixantaine de pages ça me ferait un peu mal au cul.

MON VERDICT