[BOUQUINS] Michael Crichton – Dent De Dinosaure

AU MENU DU JOUR


Titre : Dent De Dinosaure
Auteur : Michael Crichton
Éditeur : L’Archipel
Parution : 2021
Origine : États-Unis (2017)
350 pages

De quoi ça cause ?

1876. Pour ne pas perdre la face par suite d’un pari stupide, William Johnson, étudiant à Yale, rejoint un groupe dirigé par le Professeur Marsh. Direction le grand ouest pour une expédition paléontologique qui n’intéresse pas du tout Johnson…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Essentiellement par curiosité, non seulement à l’idée de découvrir un inédit de Michael Crichton mais aussi et surtout parce qu’il s’agit d’un roman écrit en 1974 et qu’il y est déjà question de dinosaures.

Ma Chronique

Je remercie les éditions L’Archipel et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Il semblerait que Michael Crichton ait écrit ce roman en 1974 mais ne l’ait jamais fait publier, c’est donc à l’initiative de ses ayant-droits (Sherri Crichton, sa veuve, signe la postface) que le bouquin est enfin mis en lumière. On peut légitimement supposer qu’il y a eu quelques retouches – tout en respectant la lettre et l’esprit du texte original – à apporter çà et là pour que le texte soit publiable (même si le simple nom de Michael Crichton suffisait à attiser la curiosité des lecteurs).

J’avoue très honnêtement qu’en ouvrant ce roman je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et surtout je me demandais si l’auteur ferait intervenir des éléments fantastiques dans le déroulé de son récit. Au final Michael Crichton nous livre un thriller historique sur fond de conquête de l’Ouest et de guerres indiennes (dont les tribus Sioux menées par Sitting Bull, galvanisées par leur récente et écrasante victoire à Little Bighorn).

Pour construire son intrigue Michael Crichton combine des personnages ayant réellement existés (outre les Professeurs Marsh et Cope, deux paléontologues dont la rivalité légendaire restera dans l’Histoire sous le nom de « guerre des os », on croisera aussi, de près ou de loin, des grands noms de l’Histoire de l’Ouest américain) et des personnages issus de l’imaginaire de l’auteur (à commencer par son héros, William Johnson). Pour que l’ensemble reste cohérent, Michael Crichton s’est autorisé quelques libertés avec les faits (comme il s’en justifie à la fin du roman) ; et cela fonctionne plutôt bien.

Il faut dire que Michael Crichton apporté beaucoup de soins à ses personnages, et ce quel que soit leur niveau d’implication dans le déroulé de l’intrigue. Le lecteur sera bien entendu plus attentif à l’évolution du caractère de William Johnson ; s’il apparaît au début du roman comme un banal gosse de riche pourri-gâté et égocentrique, sa personnalité va évoluer (en bien) au contact des autres et au fil de ses aventures.

On devine un gros travail de documentation de la part de l’auteur qui nous plonge au cœur d’un western hyper réaliste et très visuel. Outre son intrigue qu’il dirige en véritable virtuose, Michael Crichton attache énormément de soin au contexte, multipliant les références historiques, culturelles, politiques ou économiques… sans jamais sombrer dans l’excès didactique ; le récit n’en devient que plus prenant et captivant.

Si l’intrigue semble un peu longue à démarrer c’est uniquement parce qu’il faut planter le décor avant d’entrer dans le vif du sujet. Rapidement les choses vont s’accélérer et maintenir un rythme de croisière soutenu, s’autorisant même par moment quelques montées en puissance.

Au cas où vous vous poseriez la question, les seuls dinosaures que l’on croise dans le roman sont en pièces détachées fossilisées. Pour que Michael Crichton donne vie à « ses » bestioles il faudra attendre Jurassic Park (1990) et sa suite, Le Monde Perdu (1995). Avec ce bouquin vous aurez un juste un western palpitant de bout en bout entre les mains.

A la lecture du roman on oublie totalement qu’il a été écrit presque cinquante ans plus tôt. Certes le fait de situer l’intrigue au XIXe siècle fige l’intrigue dans le passé, le facteur temporel n’a alors que peu d’impact sur le lecteur. Il n’en reste pas moins que je me demande quelle a été la part de réécriture du présent roman par rapport à la version originale écrite par Michael Crichton.

Michael Crichton fait partie de ces auteurs dont j’ai lu quasiment l’intégralité des romans qu’il a publié. Sur les 19 titres signés de son nom (je fais l’impasse sur les pseudonymes), Dent De Dinosaure est le dix-septième roman de l’auteur que j’ai lu.

MON VERDICT

Aparté à l’intention du traducteur

Je suis loin d’être un fin connaisseur de l’Histoire des Etats-Unis mais que je lis dans une note de bas de page que la bataille d’Appomattox (avril 1876) fut celle qui mit fin à la guerre de Sécession, j’ai les yeux qui pleurent et du coup je me demande si le traducteur n’aurait pas abusé de substances illicites… Ladite bataille a bien eu lieu au mois d’avril, mais c’était en 1865 !

[BOUQUINS] John Connolly – Prière D’Achever

J. Connolly - Prière D'AcheverA croire que je vais finir par prendre goût au format court… En l’occurrence c’est pour moi une bonne occasion de découvrir un écrivain sur lequel je lorgnais depuis déjà quelques temps : John Connolly. Une brève mise en bouche avec sa nouvelle Prière D’Achever.
La vie de M. Berger bascule lorsqu’il voit une jeune femme se jeter sous un train, mais quand la police débarque elle ne trouve rien permettant de confirmer les faits avancés par M. Berger. Plus tard il réalise que la scène dont il a été le témoin semble tout droit sortie du roman Anna Karenine. Quelques temps plus tard la même scène se reproduit, mais cette fois M. Berger intervient aéfin d’interrompre le « suicide ». Dès lors il va chercher à trouver les clés de ce mystère…
Je connais John Connolly de nom pour sa série de polars Charlie Parker, je me suis souvent dit qu’il faudrait que je m’y intéresse de plus près à l’occasion. A l’occasion… Sauf que mon Stock à Lire Numérique a une tendance exponentielle à la croissance.Du coup je repousse et je finis par oublier (j’ai aussi la série Jack Reacher de Lee Child dans la même situation).
Avec cette nouvelle l’auteur s’écarte de son genre de prédilection pour nous offrir un conte fort sympathique qui rend un bel hommage aux livres et à leurs personnages qui nous ont tant fait rêver. A noter que ce titre s’est vu couronné cette année du Edgar Allan Poe Award (Edgar pour les intimes) de la meilleure nouvelle. Ne serait-ce que pour l’inventivité dont l’auteur fait preuve, la récompense est largement méritée.
Le texte est court mais remarquablement bien écrit et plein de trouvailles, j’ai pris un réel plaisir à parcourir avec M. Berger les couloirs de cette bibliothèque hors du commun. Impossible pour le lecteur passionné de ne pas laisser son imagination divaguer sur les possibilités offertes par un tel établissement.
Cerise sur le gâteau, après la nouvelle nous avons le droit à un entretien avec John Connolly, l’auteur apporte quelques éclairages personnels sur son récit.
Pour en finir avec cette courte chronique je dirai simplement que le choix du titre en VF est particulièrement pourri, au mieux ça ne veut rien dire, au pire ça risque d’induire le futur lecteur en erreur…