Nouveau détour dans le monde de l’auto-édition au menu de cette chronique avec Les Trois Sages, premier opus de la saga Elie Et L’Apocalypse écrite par Elen Brig Koridwen.
Le jour de son neuvième anniversaire, Elie, une petite fille surdouée, apprend qu’elle est le futur Messie. Aidée par une Escorte pour le moins atypique, elle doit se rendre au Château des Transes où elle suivra une formation en vue de la préparer à son destin hors du commun. Un voyage qui ne sera pas de tout repos, nombreux sont les ennemis du futur Messie et ils ne reculeront devant rien pour l’éliminer…
C’est via Facebook que j’ai fait la connaissance d’Elen, une auteure indépendante (par choix) très prolifique qui n’hésite pas à toucher à des genres divers et variés dans ses romans et nouvelles. Après avoir lu un premier Aperibook (Une Proie Sans Défense) qui m’a totalement emballé, j’ai décidé de m’attaquer à du lourd avec sa saga Elie Et L’Apocalypse (EELA pour les intimes). Elen m’a d’abord fait parvenir le tome 1 (qui regroupe les trois premiers livres de la saga), j’ai été immédiatement sous le charme de l’intrigue et des personnages, craignant le manque j’ai sollicité l’auteure afin de pouvoir disposer de la première intégrale (qui comprend neuf livres de neuf chapitres chacun) ; un grand merci à Elen pour sa réponse rapide et positive.
EELA s’annonce comme une saga difficile à caser dans un genre préformaté. On y trouve pêle-mêle des éléments de science-fiction (le roman se déroule en 2025 et met en oeuvre des technologies bien plus avancées que ce que nous connaissons aujourd’hui), de fantasy (le Château des Transes, bien que physiquement situé en Bretagne, est un monde à part où cohabitent sciences, religions, spiritualités et ésotérisme) ; urban fantasy donc ? Oui certes, mais l’on est aussi souvent proche du thriller ésotérique (de part l’intrigue en elle même, ou/et le rythme imposé).
Comme vous pouvez le constater les thèmes abordés sont vastes mais rassurez-vous les explications et démonstrations ne sont jamais assommantes, elles s’intègrent parfaitement à l’histoire et sont exposées de façon à ne pas décourager le profane. Je ne sais pas si tout est rigoureusement exact (les quelques recherches que j’ai fait sur Internet tendraient à abonder en ce sens) mais, à l’image des romans de Dan Brown, c’est suffisamment cohérent pour être convaincant et contribuer à enrichir une intrigue déjà dense. Cerise sur le gâteau, on trouve de nombreuses touches d’humour, même dans les moments les plus intenses, idéal pour reprendre son souffle entre deux rebondissements. Deuxième cerise sur le gâteau, on trouve au fil des pages de nombreux clins d’oeils cinématographiques ou littéraires, souvent amenés avec humour (pour rejoindre la première cerise).
Difficile de se montrer exhaustif en parlant de ce roman, il est d’une telle richesse et d’une telle variété que l’on ne peut que se montrer réducteur dans notre approche. Ne soyez pas intimidés quand je parle d’une intrigue dense, riche ou encore intense, tout est parfaitement organisé, jamais je n’ai été embrouillé ; laissez vous guider par l’intrigue et ça passera comme une lettre à la poste.
Je craignais de ne pas adhérer au personnage d’Elie (les gamins et moi, ça fait deux) mais j’ai été immédiatement sous le charme (en tout bien tout honneur). Un savant mélange de candeur enfantine et de maturité, de force et de fragilité. Appelée à remplir une destinée hors du commun, elle bénéficiera d’une formation tout aussi exceptionnelle.
La fameuse Escorte mérite aussi le détour. J’ai eu un faible pour Pat, un ado un peu marginal, ami d’enfance d’Elie. Suivront par ordre d’apparition, Algénor Salbuthard et sa disciple Agatha Throughview(membres de Ceux Qui Peuvent, un groupe de puissants clairvoyants), Ahiyam Benanania, soeur Caïus (respectivement rabbin et nonne, pour le moins atypiques) et Emma (jeune fugueuse croisée en chemin). Escorte complétée par la suite de Vaast Van Voornaam (pasteur protestant) et Abd-an-Nour El Nakyi (sage soufi). Difficile de trouver un groupe plus disparate… mais aussi l’assurance d’échanges aussi hauts en couleurs que leurs intervenants.
Pour en finir avec les « gentils », Elie rencontrera au Château des Transes les Trois Sages, Oliver Green (qui lui enseignera l’art du franc-jardinage), Fulcanie Montserrat (qui lui révélera les secrets de l’alchimie) et Michel Moussardant (spécialiste des sciences plus ésotériques). Là encore des personnages qui ne manqueront pas de surprendre le lecteur.
Parmi ceux bien déterminés à éliminer la jeune Élue, on trouve Al-Moumit (une secte terroriste islamiste dirigée par Abdul-Iblis), Aura (des intégristes chrétiens dotés de pouvoirs psychiques, dirigés par Eposthim Deville) et Les Veilleurs du Châle Sacré (des terroristes israélites, dirigés par Zéev Ra).
Comme vous pouvez le constater, chez les forces du Bien comme chez les Forces du Mal, on retrouve les trois grandes religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme, Islamisme). Aucun prosélytisme, ni militantisme au fil des pages, bien au contraire l’idée serait plutôt de condamner les extrémismes fanatiques de tout bord et de favoriser l’avènement d’une religion hors dogmes. Mais, et quitte à me répéter, cette histoire est trop riche pour ne se limiter qu’à une approche unique.
C’est avec un immense plaisir que lui attribue la note maximale de 5 Jack et un coup de coeur amplement mérité.
Un projet pour le moins ambitieux cette saga, cette première intégrale fait tout de même plus de 800 pages (qui se boivent comme du petit lait), deux autres volumes (chacun étant composé de neuf livres de neuf chapitres) devraient suivre. Mais après une pareille mise en bouche vous pouvez être assurés que je serai au rendez-vous, il me tarde de connaître la suite.
- Edit du 16 septembre 2016.
Suite à une précision apportée par Elen, la saga s’annonce encore plus ambitieuse que je ne le pensais. En effet ce ne sont pas deux volumes qui suivront mais sept (oui, oui : 7), soit un total de 81 livres ! GRR Martin et son Trône de Fer fait soudain figure de petit joueur. Ceci dit je souhaite à Elen de connaître le même succès que GRRM. - Edit du 22 septembre 2016.
Ci-dessous, la nouvelle couverture du roman.
MON VERDICT


Elen milite activement pour l’auto-édition, entre autres choses elle assure la promotion de nombreux auteurs indépendants (en plus de continuer son propre travail d’écriture). Je tenais à saluer son courage et sa combativité, je ne peux que vous inviter à consulter son blog et sa page Facebook (elle y anime aussi de nombreux groupes).
A ceux et celles qui considèrent l’auto-édition comme de la littérature de seconde zone, je voudrai demander de faire un effort d’ouverture d’esprit et de tolérance. D’une part parce que le travail de ces auteurs méritent doublement le respect (non seulement ils assurent l’écriture de leur bouquin, mais aussi toutes les étapes intermédiaires jusqu’à la mise en vente du produit fini, et même après). D’autre part j’ai eu l’occasion de lire des récits de très bonne qualité ; EELA n’est pas une exception, certains romans que j’aie lus (et chroniqués ici) sont largement supérieurs à certains titres publiés par les cadors de l’édition.