[BOUQUINS] Karsten Dusse – Des Meurtres Qui Font Du Bien

AU MENU DU JOUR


Titre : Des Meurtres Qui Font Du Bien
Auteur : Karsten Dusse
Éditeur : Le Cherche Midi
Parution : 2022
Origine : Allemagne (2019)
400 pages

De quoi ça cause ?

Björn Diemel est avocat pénaliste, tiraillé par une vie professionnelle qui l’accapare et une vie personnelle qui part à vau-l’eau, il se résigne à consulter un coach en méditation de pleine conscience. Le verdict est sans appel, Björn doit éviter les situations de stress et se ménager du temps pour lui.

Plus facile à dire qu’à faire quand son principal client est un caïd du crime organisé qui semble prendre un malin plaisir à se fourrer dans les emmerdes les plus sombres. Avant de demander à son avocat de le sortir du pétrin…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Après L’Été Où Tout A Fondu j’avais besoin de quelque chose de léger à lire, et je doute fort que le roman Duchess de Chris Whitaker réponde à cette attente. Au lieu de ça j’ai opté pour le roman de Karsten Dusse, découvert grâce à Net Galley.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Le Cherche Midi et la plateforme Net Galley pour leur confiance et leur réponse positive à ma sollicitation.

Karsten Dusse est avocat de profession, avec ce roman il inaugure une série policière appelée Meurtres Zen, à ce jour la série est déjà riche de quatre titres en Allemagne. Grâce aux éditions Le Cherche Midi, le public français va , à son tour, pouvoir découvrir une série policière au ton des plus décalé.

Le ton est d’ailleurs donné dès les premières phrases du roman :

Avant toute chose : je ne suis pas quelqu’un de violent. Au contraire. Je ne me suis jamais battu de ma vie, par exemple. Et je n’ai tué mon premier homme qu’à quarante-deux ans. Ce qui, dans mon milieu professionnel actuel, est plutôt tardif. Bon, il est vrai qu’une semaine après, j’en étais déjà à presque six meurtres.
J’imagine que ça doit vous choquer. Mais tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour de bonnes raisons. C’est la conséquence logique d’un cheminement vers la pleine conscience. Pour concilier travail et vie de famille.

Avouez que l’idée de combiner thriller et développement personnel est plutôt culottée, surtout pour un premier roman. Comment un avocat pénaliste en charge d’un des mafieux les plus virulents – et imprévisible – d’Allemagne va pouvoir accommoder les principes de la pleine conscience à sa vie privée et professionnelle ? C’est ce que Karsten Dusse vous invite à découvrir avec ce roman.

Chaque chapitre commence par un précepte de la pleine conscience énoncé par Joschka Breitner, le coach que va consulter Björn Diemel. Des préceptes simples – voire simplistes – qui pourraient provenir de n’importe quel support amateur de développement personnel (notez que j’insiste sur le mot amateur, je n’ai aucunement l’intention de décrier le travail des véritables professionnels du développement personnel). Des conseils qui relèvent avant tout du bon sens, dont s’inspirera Björn Diemel pour résoudre ses problèmes.

Le roman est écrit à la première personne, c’est Björn qui vous raconte son évolution personnelle et professionnelle. À ce niveau de changement on pourrait presque parler de métamorphose plutôt que d’évolution.

L’intrigue ne devrait vous causer pas de brusque montées d’adrénaline – malgré quelques morts qui n’auront rien de naturelles et ne se feront pas dans la douceur –, le narrateur opte pour un ton décalé – presque détaché – pour nous faire partager son expérience. Un choix qui pourrait être déconcertant mais en fait qui s’accorde parfaitement à l’optique du bouquin et au choix de son héros.

Bien que d’une moralité aussi douteuse que flexible, j’ai beaucoup aimé le personnage de Björn Diemel. Karsten Dusse réussit à le rendre attachant à travers la relation quasi-fusionnelle qu’il entretient avec sa fille.

Les personnages secondaires ne sont pas simplement cantonnés à des rôles de faire-valoir, en quelques lignes l’auteur saura les rendre sympathiques ou antipathiques. Certains pourront même surprendre le lecteur au vu de leur évolution.

La couv’ nous promet du « contemplatif, désopilant et explosif », je dirai que la promesse est partiellement tenue. Du fait de l’intrigue sur fonds de développement personnel, le contemplatif est bel et bien au rendez-vous. Le côté explosif est assuré par l’usage intensif qui sera fait des grenades à main au fil de l’intrigue. Quant au désopilant je dirai que le mot est sans doute un peu fort, c’est divertissant et amusant mais pas non plus au point de se pisser dessus (ce qui n’est pas plus mal d’un point de vue purement hygiénique).

Un bon moment de lecture qui permet de se détendre sans trop se creuser les méninges, ça tombe bien c’est exactement ce que j’attendais en ouvrant ce bouquin. Je serai bien entendu fidèle au rendez-vous pour la suite de la confession de Björn Diemel, en espérant toutefois que l’auteur ne se contente pas d’user et d’abuser des mêmes ficelles.

Forte de son succès outre-Rhin, il semblerait que la série ait tapé dans l’œil de Netflix, des négociations quant à son adaptation pour le petit écran seraient en cours. J’imagine déjà certaines séquences… mais non, à moins que… âmes sensibles s’abstenir !

Pour les adeptes de développement personnel qui souhaiteraient en apprendre davantage sur la méditation de la pleine conscience (mindfulness en anglais), je vous invite à taper ces mots sur Google et à vous faire votre propre opinion sur la chose.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Winston Groom – Only

W. Groom - OnlyLes livres se suivent et ne se ressemblent pas. Au menu du jour, Only de Winston Groom, un titre qui est arrivé dans mon Stock à Lire Numérique un peu par hasard. Un roman que je ne cherchais pas vu qu’avant de mettre la main dessus j’ignorais jusqu’à son existence, mais qui a su faire vibrer la bonne corde sensible (l’amour des animaux) et me convaincre ainsi de me laisser tenter.
C’est une panne d’essence qui vaudra à George et Alice Martin de se rendre dans cette ferme et de tomber sous le charme d’un chiot bobtail qu’ils finiront par acheter… lui sauvant sans le savoir la vie, la mère et le reste de la portée périra empoisonné par la maladresse du fermier. Only, c’est le nom qu’ils lui donneront, va changer la vie de ce jeune couple de banlieusards…
Si je vous dis Winston Groom, ça ne vous parle pas forcément, par contre si je vous dis Forrest Gump il y a de fortes chances que ça vous éveille quelque chose en vous. Avant d’être un film de Robert Zemeckis avec Tom Hanks dans le rôle-titre, Forrest Gump a été un roman signé Winston Groom. De quoi finir de balayer mes ultimes hésitations face à ce roman.
Le roman est relativement court (192 pages dans sa version papier) et se lit quasiment d’une traite. L’écriture et le style de l’auteur y sont pour beaucoup, il sait choisir les mots justes pour aller droit au coeur (j’en profite pour saluer le bon boulot du traducteur, Pierre Szczeciner, soit dit en passant).
L’auteur vous propose ni plus, ni moins, que d’entrer dans la peau d’un chien, mais pas n’importe quel chien ! Only n’en manque pas (de chien), ni de caractère soit dit entre nous (quand il ne veut pas faire quelque chose, nul ne le fera changer d’avis). D’un autre côté il faut bien s’affirmer pour essayer de comprendre les humains (et accessoirement se faire comprendre par eux).
Grosso modo (et surtout sans vouloir spoiler inutilement) le bouquin se divise en deux parties, dans un premier temps vous suivrez le quotidien d’Only chez les Martin, jusqu’au jour où notre cher cabot décidera d’aller voir ailleurs. Un ailleurs qui ne sera pas toujours de tout repos pour un chien habitué à son confort…
De la littérature feel good à quatre pattes qui fait mouche ; en suivant le périple d’Only vous passerez par toute la gamme des émotions. Et c’est sans doute avec une pointe de regrets que vous refermerez ce roman et quitterez ce chien pas tout à fait comme les autres.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Glenn Cooper – Le Livre Des Prophéties

G. Cooper - Le Livre Des ProphétiesComme je vous l’ai dit précédemment j’avais un duel au sommet pour élire ma prochaine lecture, qui de Glenn Cooper ou de Mallock allait remporter la palme ? Et finalement c’est Glenn Cooper qui sortira le premier de mon Stock à Lire Numérique. Un choix strictement personnel, basé sur aucun critère qualitatif ; c’est juste que j’attends cet ultime opus de la trilogie Will Piper depuis plus longtemps que la suite des enquêtes de Mallock. Place donc au Livre Des Prophéties.
2026. A quelques mois du 9 février 2027, date présumée de la « fin des temps », de nouvelles cartes postales de l’Apocalypse mettent le FBI sur les dents. Les cibles visées sont toutes sino-américaines, Pékin crie à la provocation et menace les Etats-Unis de représailles économiques. Nancy Piper dirige l’enquête au sein du FBI. Quand Phillip, leur fils, disparaît, Will Piper sort de sa retraite pour le retrouver et comprendre les raisons de sa soudaine fugue…
Ce roman fait donc suite au Livre Des Morts et au Livre Des Âmes, si les deux précédents se déroulaient pour l’essentiel dans le présent cet ultime chapitre se situe résolument dans l’avenir. Même si chacun de ces titres peut se lire indépendamment je trouve dommage de ne pas attaquer la série dans l’ordre. Si vous avez le début, ou si vous avez la mémoire qui flanche, l’auteur nous offre une piqûre de rappel dès les premières pages ; un habile résumé des faits qui s’intègre parfaitement au récit.
L’intrigue se déroulant en 2026 je pourrai presque inclure ce titre dans mon challenge SF, mais l’aspect science-fiction reste plus que minimaliste (quelques innovations technologiques tout à fait crédibles). Pour l’essentiel on est embarqué au coeur d’une enquête policière (même si Will Piper n’est plus au FBI) avec quelques flashbacks plus ou moins historiques (comme d’hab on croise quelques personnages célèbres dans des situations totalement fictives). Un cocktail original mais parfaitement maîtrisé par Glenn Cooper, ce qui ne surprendra pas les habitués de l’univers de Will Piper.
Quelques mots sur l’intrigue pour commencer. D’ores et déjà je peux rassurer ceux qui pourraient craindre un risque de redondance à force d’exploiter le filon de la bibliothèque et ses fameux parchemins, l’auteur réussit encore à innover et même à nous surprendre. Contrairement à ce que pourrait laisser penser ma présentation l’affaire des cartes postales passe rapidement en arrière plan, l’intrigue s’offre une dimension internationale d’importance avec les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, mais aussi avec un retour de Will Piper en Angleterre (une grande partie du Livre Des Âmes se déroulait déjà sur les terres anglaises) et une découverte des plus surprenantes à propos de l’Horizon (ne me demandez pas quoi je serai muet comme une tombe de carpe).
Au niveau des personnages c’est bien entendu Will Piper qui occupe le devant de la scène. Un Will Piper de 64 ans, retraité du FBI, qui a à peine eu le temps de se rétablir d’un infarctus, avant de replonger dans le feu de l’action. Heureusement le poids des années n’a en rien altéré la vivacité d’esprit (ni son côté bourru et asocial) de Will, forcément à son âge il vaut mieux compter sur ses neurones que sur ses muscles pour se sortir d’un merdier.
On découvre le personnage de Philip Piper, le fils de Will et Nancy. Devenu adolescent et totalement impliqué dans la présente affaire il occupe de fait une part importante dans l’intrigue. En digne héritier de ses parents le gamin réfléchit vite et bien. Au fil du récit on voit évoluer la relation qu’il entretient avec son père.
Je ne m’étendrai pas d’avantage sur les autres personnages qui interviendront, de façon plus ou moins déterminante, sur le déroulement de l’intrigue afin de laisser intact le plaisir de la découverte aux futurs lecteurs (pourtant je vous assure que ce n’est pas l’envie qui me manque d’en prendre certains comme défouloir).
J’avais reproché (et je campe sur ma position) aux deux premiers opus une intrigue parfois trop prévisible même si le second se situait un cran au dessus de son aîné. La tendance se confirme avec ce troisième et dernier volume, l’auteur mène sa petite affaire à un rythme effréné qui va crescendo, les rebondissements se succèdent, bref, impossible de lâcher le bouquin une fois que vous serez plongé dedans. Gleen Cooper réussit littéralement à nous prendre en otage, pour notre plus grand plaisir.
Maintenant que la saga Will Piper semble terminée je vais pouvoir me pencher sur les autres titres de l’auteur, ça tombe ils squattent eux aussi mon Stock à Lire Numérique ; toute la question est de savoir quand est-ce que je trouverai un moment pour ça, j’ai déjà plus ou moins programmé mes futures lectures, de quoi m’occuper un certain temps…