AU MENU DU JOUR
Titre : Le Carnet Des Rancunes
Auteur : Jacques Expert
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2022
Origine : France
414 pages
De quoi ça cause ?
Depuis des années, Sébastien Desmichelles note soigneusement dans un petit carnet rouge chaque offense, chaque affront, chaque blessure qu’on lui inflige. Il l’appelle son « Carnet des rancunes ».
Aujourd’hui Sébastien fête ses 50 ans, l’heure de la vengeance a sonné. Il ouvre son précieux carnet et prépare minutieusement ses ripostes.
Pour l’homme qui lui a fait le plus de mal, il a prévu un châtiment exemplaire.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est Jacques Expert, si qualitativement ses titres sont inégaux, aucun ne m’a réellement déçu.
Je suis passé à côté de son précédent roman (qui est aussi celui du changement d’éditeur, Calmann-Lévy remplace Sonatine), pas question de rater celui-ci.
Ma Chronique
Je ne sais pas si vous êtes rancunier mais moi oui, beaucoup… du moins c’est ce que je pensais avant de lire le dernier roman de Jacques Expert. Si je n’ai pas le pardon facile, je ne tiens pas non plus un registre dans lequel je répertorie toutes les vacheries que l’on a pu me faire. De même, si je reconnais volontiers que « la vengeance est un plat qui se mange froid », je n’attendrai pas non plus des années pour rendre la monnaie…
Pendant plus de vingt ans Sébastien Desmichelles, le personnage principal du présent roman, a minutieusement rédigé un compte rendu détaillé des coups foireux, arnaques, petits et gros tracas… que les autres lui ont fait subir. Il s’était fait la promesse d’attendre son cinquantième anniversaire pour commencer à se venger. Et ça tombe bien puisque le bouquin s’ouvre alors que le nouveau héros de jacques Expert souffle ses cinquante bougies.
Même si le pitch avait de quoi titiller ma curiosité, j’avoue que je craignais un peu d’assister à une succession de petites et grosses vengeances. Chose qui aurait pu rapidement se révéler lassante, voire indigeste.
Heureusement Jacques Expert évite cet écueil en nous proposant un fil rouge, tout en exécutant ses représailles, Sébastien Desmichelles peaufine sa plus grosse vengeance. Celle-ci vise Yannick Lefèvre, un homme d’affaires à qui tout semble réussir. Une vengeance que Sébastien va faire grimper en intensité sans épargner personne dans la famille de sa « victime ».
Même si ce brave Sébastien donne parfois l’impression de se la jouer Caliméro, on se doute bien que le différend qui l’oppose à Yannick Lefèvre est énorme et lui a causé une douleur infinie. Il faudra se montrer patient, très patient même, pour découvrir le fin mot de l’histoire.
Le récit suit essentiellement Sébastien dans sa traque vengeresse mais l’auteur s’offre aussi quelques encarts dans lesquels il donne la parole à Yannick Lefèvre. De haut de sa toute-puissance, le gars ne comprend ce qui lui arrive, qui est ce mystérieux inconnu qui prend un malin plaisir à lui pourrir la vie ? Même en prenant fait et cause pour Sébastien, le lecteur finira par douter face à l’incompréhension de Lefèvre.
Le lecteur (sadique par essence) va suivre avec délectation ce machiavélique jeu du chat et de la souris, une traque dans laquelle celui qui a l’habitude de tenir le rôle de prédateur va se retrouver dans la peau d’une proie.
Jacques Expert sait y faire pour nous faire partager les pensées de ses personnages, que l’on vive les événements par les yeux de Sébastien ou par ceux de Yannick, il nous manque toujours le mobile. Et pourtant c’est bien LE détail qui pourrait faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.
L’auteur ne laisse rien au hasard, on comprendra en temps et en heure pourquoi il était si important que ce fameux mobile reste caché. Et sur ce coup j’avoue bien volontiers que je n’ai rien vu venir. Bien malin celui ou celle qui découvrira le fin mot de l’histoire avant qu’il ne vous soit dévoilé.
Même s’il ne vous laissera sans doute pas un souvenir impérissable, le bouquin s’avèrera malgré tout un bon page-turner, presque à l’insu de notre plein gré on se retrouve pris au piège, rongé par l’envie de comprendre le pourquoi du comment de cette intrigue. Ne serait-ce que pour ça, j’ai envie de dire que le contrat est rempli.
MON VERDICT