[BOUQUINS] Cai Jun – La Rivière De L’Oubli

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Cai Jun - La Rivière de l'Oubli

Titre : La Rivière De L’Oubli
Auteur : Cai Jun
Éditeur : XO
Parution : 2018
Origine : Chine (2013)
484 pages

De quoi ça cause ?

1995. Liu Man, une élève de terminale du lycée de Nanming est empoisonnée. Son professeur, Shen Ming, jeune homme brillant à qui tout semble réussir, est soupçonné et interrogé par la police avant d’être relâché. Mais le mal est fait, il perd son travail, sa fiancée le quitte… Quelques jours plus tard, c’est au tour de Shen Ming d’être assassiné.

2005. Si Wang, un enfant timide, mais brillant vivant seul avec sa mère, rencontre Gu Qiusha, l’ex-fiancée de Shen Ming. Sous le charme de l’enfant, la jeune femme convainc la mère de Si Wang de la laisser l’adopter afin de lui offrir une vie meilleure et lui ouvrir les portes d’un avenir à la hauteur de son intelligence.

Si le corps de Si Wang est bien celui d’un enfant, son âme est en fait la réincarnation de Shen Ming, et il compte bien punir ceux qui lui ont fait du tort et éliminer son assassin. Sauf que Shen Ming ne sait pas qui l’a tué, il n’a en effet jamais vu son assassin…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que les éditions XO ont intégré la plateforme Net Galley, La Rivière De L’Oubli étant leur premier titre proposé j’ai décidé de tenter ma chance.

Parce que je suis franchement inculte en matière de littérature chinoise contemporaine ; Cai Jun étant présenté comme « le Stephen King chinois« , ça me semblait une bonne entrée en matière…

Ma chronique

Je remercie chaleureusement les éditions XO et la plateforme Net Galley qui m’ont offert l’opportunité de découvrir ce roman en avant-première (parution le 13 septembre).

Dépaysement assuré avec la lecture de ce roman qui vous plongera au coeur de la Chine, un voyage entre modernisme et traditions, entre le matérialisme de l’idéologie communiste et la spiritualité bouddhiste. Un voyage dans l’espace, mais aussi dans le temps puisque l’intrigue s’étale de 1995 à 2014 avec quelques flashbacks antérieurs.

Comme vous vous en doutez certainement, en Chine on ne croise pas beaucoup de M. Dupont ou Mme Smith, les patronymes sont légèrement plus exotiques pour les non initiés. Il m’a fallu quelque temps pour réussir à mémoriser avec précision qui était qui (et les acteurs ne manquent pas), l’auteur ouvre son roman par une liste des personnages principaux, une aide de lecture précieuse au cours des premiers chapitres.

Dans le même ordre d’idée, je suis complètement passé à côté des références à des artistes (poètes, auteurs, chanteurs…) chinois ou taïwanais. L’immersion culturelle et folklorique est totale (et parfois un peu déconcertante), mais je vous rassure de suite, mes grosses lacunes sinophiles ne m’ont nullement empêché d’apprécier pleinement la lecture de ce roman.

Si en France Cai Jun est un total inconnu (c’est son premier roman traduit en français) il est un auteur de renom en Chine avec à son actif une douzaine de romans qui explosent les ventes au point de lui valoir le surnom de « Stephen King chinois« . Grand fan du King je ne pouvais pas passer à côté d’une telle découverte, mais il va falloir être à la hauteur du Maître pour espérer me séduire…

L’auteur nous propose un thriller de bonne facture très ancré dans la réalité, à vrai dire le seul apport fantastique est la réincarnation de l’âme de Shen Ming, en soi c’est un des fondamentaux du bouddhisme (entre autres religions), mais l’auteur en fait un élément central dans la construction de son intrigue.

Une intrigue et une enquête qui vous réserveront quelques surprises (en plus des inévitables morts brutales) avec en toile de fond la sempiternelle question qui viendra vous chatouiller les oreilles comme une ritournelle : « Mais qui a tué Shen Ming ?« … Il vous faudra être patient pour connaître enfin le fin mot de l’histoire et nul doute que la révélation finale devrait vous prendre de court.

Quelques bémols de pure forme histoire d’être totalement objectif. Je ne sais pas si c’est lié à la différence culturelle entre notre vision occidentale de la société et la vision chinoise, ou si c’est un bémol directement imputable au style de l’auteur, mais il m’a semblé que certains échanges manquaient de naturel.

Certaines répétitions, d’un chapitre à l’autre, ne s’imposaient pas. Je n’irai pas jusqu’à dire que ça m’a dérangé, mais j’ai parfois eu l’impression de lire un roman-feuilleton publié périodiquement ; un bon roman feuilleton certes, mais quand même. Ça donne l’impression de tirer artificiellement le récit en longueur au détriment du rythme.

Il n’en reste pas moins que ce roman a été une belle découverte ; si l’éditeur a l’intention de proposer d’autres romans de l’auteur en français je répondrai présent avec plaisir. Quitte à me répéter, à découvrir ne serait-ce que pour l’immersion totale dans la Chine contemporaine (et accessoirement une intrigue de qualité).

MON VERDICT