[BOUQUINS] John Wainwright – Les Aveux

AU MENU DU JOUR

J. Wainwright - Les aveux

Titre : Les Aveux
Auteur : John Wainwright
Éditeur : Sonatine
Parution : 2020
Origine : Angleterre (1986)
208 pages

De quoi ça cause ?

Herbert Grantley est un pharmacien respecté et respectable établi à Rogate-on-Sands, une paisible station balnéaire anglaise. Il débarque un beau matin au commissariat et s’accuse du meurtre de son épouse, qu’il aurait empoisonnée un an plus tôt.

L’inspecteur-chef Lyle écoute attentivement les aveux du pharmacien, mais il n’en croit pas un mot ; c’est un tout autre scénario qui se profile dans son esprit…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Sonatine et parce que c’est John Wainwright, j’avais beaucoup aimé son précédent roman, Une Confession.

Ma Chronique

Il faut bien avouer que jusqu’à l’an dernier et la publication du roman Une Confession, John Wainwright était plutôt – injustement – méconnu du public français, à part peut-être chez les vieux briscards de la collection Série Noire (Gallimard).

Et pourtant il est l’auteur du roman À Table ! qui a inspiré Claude Miller pour son cultissime film Garde À Vue. Oui, je sais, je l’ai déjà mentionné lors de ma chronique d’Une Confession… patience, tout vient à point à qui sait attendre.

Un grand merci aux éditions Sonatine qui nous permettent de (re)découvrir un grand nom de la littérature policière. Des intrigues fortement teintées de noir avec cette inimitable touche so british et une intensité psychologique parfaitement maîtrisée.

D’un point de vue purement esthétique, j’aime beaucoup la couv’ du bouquin, elle donne vraiment l’impression que l’on a la lampe dans la tronche.

Ce n’est pas pour rien que j’ai mentionné le roman À Table !, ce dernier mettait en effet en scène l’inspecteur-chef Lyle dans le rôle de l’accusateur convaincu que son suspect était le coupable. Dans Les Aveux John Wainwright inverse les rôles, cette fois c’est au « suspect » (plus exactement à celui qui vient avouer son crime) de convaincre l’inspecteur-chef qu’il est bien coupable du crime dont il s’accuse.

Vous me direz sans doute qu’il faut vraiment être très con pour s’accuser d’un crime que l’on n’a pas commis (qui plus est d’un meurtre). Instinctivement je ne vois qu’une raison susceptible de motiver un tel mensonge : la volonté de protéger le coupable (un père pourrait s’accuser d’un crime commis par son fils).

Sur un peu plus de 200 pages, nous assistons à un face à face entre l’inspecteur-chef Lyle et Herbert Grantley, l’homme qui s’accuse du meurtre de son épouse. Les chapitres alternent entre la confession de Grantley (c’est l’occasion de découvrir le quotidien du couple Grantley et de leur fille, Jenny) et l’interrogatoire conduit par Lyle.

Pour qu’un tel huis clos en tête à tête fonctionne, il est primordial que les personnages et les faits soient crédibles ; un défi relevé haut la main par John Wainwright. On se laisse embarquer par la confession de Grantley ; à vrai dire seule l’antipathie du bonhomme (un connard coincé du cul, arrogant et prétentieux) m’a donné envie de creuser au-delà des apparences. Et si j’avais vu plus ou moins juste sur certains aspects du récit, j’étais très loin d’imaginer l’ampleur du truc.

C’est quand Lyle va abattre implacablement ses cartes, une à une, que la réalité des faits va s’imposer au lecteur dans toute sa noirceur. Et le pire c’est que l’on pourra simplement se dire – rétrospectivement – « Bon sang, mais c’est bien sûr ! »

Un polar qui repose à 100% sur le côté psychologique de l’intrigue et de ses personnages, un jeu dont John Wainwright maîtrise les règles. Il parvient à captiver et à duper le lecteur sur avec un simple face à face, quasiment sans que jamais le ton ne monte entre Grantley et Lyle.

J’espère que Sonatine continuera à nous faire découvrir les pépites inédites de cet auteur et pourquoi pas de nouvelles traductions de titres déjà disponibles en français (je n’ose pas lire À Table ! dans sa version Série Noire au vu de la triste réputation de cette collection en matière de traduction).

MON VERDICT

[BOUQUINS] John Wainwright – Une Confession

AU MENU DU JOUR

J. Wainwright - Une confession
Titre : Une Confession
Auteur : John Wainwright
Éditeur : Sonatine
Parution : 2019
Origine : USA (1984)
272 pages

De quoi ça cause ?

Source : 4ème de couverture

À cinquante ans, John Duxbury est secrètement déçu par son existence. Son travail est devenu une routine, son mariage sombre dans la grisaille, il ne sait plus comment être heureux.

Bientôt, c’est un drame qui s’abat sur lui. Alors qu’il est en vacances avec sa femme, Maude, celle-ci fait une chute mortelle. Quelques temps plus tard, un homme se présente au commissariat. Il a été témoin des faits et prétend que c’est John qui a poussé sa femme dans le vide. L’inspecteur Harker, chargé de l’enquête, s’engage à corps perdu dans la recherche de la vérité, jusqu’à l’ultime face-à-face.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Sonatine serait une réponse qui se suffirait à elle-même.

Parce que John Wainwright est l’auteur de A Table ! et que Claude Miller s’est inspiré de ce roman pour réaliser l’excellent Garde A Vue ; une inoubliable confrontation verbale et psychologique entre Lino Ventura (le flic) et Michel Serrault (le suspect) sur des dialogues de Michel Audiard. Culte !

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et Net Galley pour leur confiance renouvelée. J’espérais proposer une chronique en avant-première, mais mon emploi du temps professionnel m’a privé de cette opportunité.

Le bouquin s’articule autour d’une alternance de chapitres passant d’une version des faits (un accident ?) à l’autre (un meurtre ?). John Duxbury affirme que la mort de sa femme est accidentelle et nous expose ses vues dans son journal intime. Pour Harry Harker, l’inspecteur chargé de démêler le vrai du faux dans cette affaire, les choses ne sont pas simples ; pour se faire sa propre idée, il va décortiquer les faits et poser des questions à qui de droit, sans forcément y mettre les formes.

Et toi ami lecteur qui vas tu croire ? Tout semble en effet indiquer que John Duxbury n’est pas un mauvais bougre alors que le côté pitbull de Harker n’encourage pas vraiment à l’empathie. Mais force est de reconnaître que c’est un aussi sacré bon enquêteur qui ne prend pas sa tâche à la légère, pas question de lâcher le morceau avant d’être sûr de son fait ! Du coup le lecteur hésite et doute au fil des chapitres, on sent que la confrontation finale ne sera pas une promenade de santé ; et sur ce coup John Wainwright tient toutes ses promesses et va même au-delà. Bien malin celui ou celle qui pourra dire en toute honnêteté « Je le savais » ou « J’en étais sûr » au moment où la vérité sera révélée.

Et dire que le public français aura dû attendre 35 ans pour découvrir cette pépite ! Mais après tout peut-être sommes-nous, avec le recul, plus à même d’apprécier pleinement l’ambiance délicieusement eighties qui se dégage du roman. Mais ne vous fiez pas aux apparences, John Wainwright saura mettre vos nerfs à rude épreuve au fil des pages.

Un roman porté par ses personnages plus que par son intrigue à proprement parler, peu d’action, mais une dimension psychologique juste énorme et superbement maîtrisée par l’auteur. Je serai tenté de définir ce roman comme un polar noir minimaliste, minimaliste étant alors à prendre comme un compliment. Il démontre en effet qu’une intrigue relativement simple, sans déployer une débauche de séquences-chocs, mais portée par des personnages forts peut faire mouche avec autant de force qu’un thriller sanguinolent.

John Wainwright a été un auteur des plus prolifiques avec plus de 83 romans à son actif, seule une petite douzaine d’entre eux ont bénéficié d’une traduction en français. Du coup je me demande combien de pépites du genre sont encore méconnues du public francophone.

Un roman est relativement court (moins de 300 pages), découpé en quatorze parties qui vont à l’essentiel ; une écriture riche qui n’use pas de figures de style inutilement pompeuses. Bref, tout est fait pour assurer une lecture fluide et agréable.

MON VERDICT