[BOUQUINS] Olivier Norek & Fred Pontarolo – Impact

Nous avons vécu en harmonie avec la nature.
Puis nous l’avons domestiquée, pour ensuite l’exploiter et enfin l’épuiser.
Nous détruisons notre planète, une blessure après l’autre.
Aujourd’hui, nous allons subir sa colère.

En 2020, la parution du roman Impact d’Olivier Norek avait laissé peu de lecteurs indifférents. Qu’on l’ait adoré ou rejeté, le livre faisait partie de ces textes qui marquent durablement les esprits, tant par son propos que par sa force émotionnelle.

C’est donc avec une curiosité teintée d’appréhension que j’ai abordé son adaptation en roman graphique. Par définition, ce type de transposition implique des coupes franches : certains éléments du background des personnages disparaissent, les passages documentaires sont condensés, et tout repose alors sur la capacité du dessin à faire passer l’émotion et la tension du récit. Pari risqué.

Dès les premières planches, on retrouve le message écologique fort du roman original. Sans être martelé comme dans le texte d’Olivier Norek, il reste percutant : si rien ne change, l’humanité fonce droit dans le mur et entraînera la planète avec elle. Le propos gagne même en clarté, car la mise en images permet de ressentir l’urgence plutôt que de la subir.

Les intermèdes « Dernières nouvelles du monde », moins documentés que dans le roman, n’en sont pas moins efficaces : Fred Pontarolo réussit, par la force de ses dessins, à traduire l’effroi et l’impuissance face à la catastrophe annoncée. Chaque planche devient un coup de poing visuel.

L’un des passages les plus marquants reste la mort de la fille du couple Solal, élément déclencheur du basculement de Virgil. Dans le roman, Norek prenait le temps d’en détailler les circonstances et les conséquences sur le couple. Ici, en une double page, Pontarolo nous jette toute la noirceur de la situation au visage : le médecin qui expose les causes du décès, la stupeur et la douleur des parents… tout est dit sans un mot de trop. La puissance du dessin remplace avantageusement les longues explications.

Le duo formé par Nathan Modis, le flic, et Diane Meyer, la psychocriminologue, fonctionne aussi bien dans la version graphique que dans le roman. Au fil de l’enquête, leur complicité grandit, apportant un contrepoint humain à la radicalité du message écologique.

Quant à Virgil Solal, bien que son espace d’expression soit réduit, il apparaît paradoxalement plus humain — à défaut d’être plus sympathique. Je persiste néanmoins à affirmer que, quelle que soit l’urgence, la fin ne justifie pas les moyens qu’il emploie.

Le plaidoyer de l’avocat de Solal, moment clé du roman, bénéficie ici d’un traitement remarquable : en quelques planches, Pontarolo en extrait la substance et en restitue toute la force, sans lourdeur ni didactisme.

En définitive, cette adaptation reste fidèle à l’esprit du roman d’Olivier Norek tout en proposant une relecture plus fluide, plus rythmée, et visuellement saisissante. Le résultat est bluffant : une œuvre à part entière, capable de toucher aussi bien les lecteurs du roman original que ceux qui le découvrent à travers le dessin.

Contre toute attente, par rapport à mon ressenti sur le roman, je vais bonifier ma note d’un « Coup de poing ». Moins de matraquage et de répétition sur le niveau d’alerte de la situation permettent au message de passer en douceur plutôt que de donner la sensation de vouloir nous l’imposer.

[BOUQUINS] Olivier Norek – Impact

AU MENU DU JOUR

O. Norek - Impact
Titre : Impact
Auteur : Olivier Norek
Éditeur : Michel Lafon
Parution : 2020
Origine : France
348 pages

De quoi ça cause ?

Parce que sa fille est mort-née des suites d’une infection pulmonaire causée par la pollution de l’air, Virgil Solal décide de frapper fort afin d’éveiller les consciences et d’infléchir la course effrénée au profit qui entraîne inexorablement l’humanité à sa perte.

Diane Meyer, une psychocriminologue aux multiples phobies, et Nathan Modis, capitaine à la Crim’ au 36, doivent faire équipe afin de stopper Virgil et ses adeptes. Le duo va rapidement être tiraillé entre l’obligation de faire leur devoir et l’adhésion à la cause défendue par leur adversaire…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Olivier Norek, ses cinq précédents romans ont été de formidables coups de cœur, doublés de coups de poing percutants. Un sans-faute qui ne peut que me pousser à en demander encore et encore…

Ma Chronique

Une fois de plus, avec ce sixième roman, Olivier Norek surprend ses lecteurs en s’aventurant dans des thèmes où l’on ne l’attendait pas du tout. C’est en effet un roman très engagé sur le terrain de l’écologie qu’il nous propose avec Impact.

Son intrigue est l’occasion pour l’auteur de pointer du doigt les dérives de l’industrialisation à outrance et de la course au profit permanente que se livrent certaines entreprises parmi les plus puissantes du monde. Dérives qui, à terme, pourraient bien entraîner l’humanité vers son extinction.

Un roman engagé n’est pas forcément synonyme d’un roman militant, si les faits dénoncés par Olivier Norek sont bien réels (les sources – dont je laisse tout à chacun juger de leur objectivité – sont citées en fin d’ouvrage), ils ne servent pas uniquement de faire-valoir à l’intrigue. L’auteur construit une intrigue solide (mais pas totalement infaillible à mon avis), servie par des personnages forts.

Si la cause défendue par Virgil Solal est aussi noble que juste, les moyens employés pour arriver à ses fins sont nettement plus discutables (même si je n’ai aucune sympathie particulière pour les grands groupes pétroliers, et moins encore pour le système bancaire) ; les actes de Solal relèvent plus de l’écoterroriste primaire que du simple lanceur d’alerte. J’ai pour ma part beaucoup de mal à adhérer à l’idée que la fin puisse justifier de tels moyens.

En face de lui le duo composé par Diane Meyer, psychocriminologue souffrant de phobies multiples, et Nathan Modis, capitaine de la Crim’ au 36, fonctionne à la perfection. Deux personnages et deux personnalités qui vont se compléter au fil de leur collaboration.

Olivier Norek construit son intrigue en deux temps. D’abord les actions de Solal et l’enquête de police visant à le « neutraliser ». Ensuite le procès de Solal et particulièrement le plaidoyer de sa défense qui n’épargnera personne.

Sans surprise, l’écriture d’Olivier Norek est irréprochable et fait mouche. Si je salue le choix plutôt audacieux de l’auteur de proposer un roman en forme de cri d’alarme pour la planète et l’humanité, je ne peux ignorer certaines faiblesses inhérentes à son approche.

MON VERDICT