[BOUQUINS] George Orwell, Fido Nesti – 1984

Au Ministère de la Vérité, Winston Smith réécrit l’Histoire. Adapter le passé afin de ne pas contredire le Parti, tout faire pour préserver le règne et les ambitions de Big Brother, voici les missions de cet homme dont la soif de révolte grandit pourtant jour après jour.

Mais sa liberté de penser pourrait lui coûter la vie, car la menace est permanente au cœur de cette tyrannie de la surveillance qui ressemble étrangement à notre société contemporaine…

J’ai lu 1984 il y a de longues années et très franchement je n’en garde pas un souvenir impérissable, flippant certes mais parfois chiant. Peut-être est-ce le fait d’un manque de maturité (j’étais ado, pour vous dire que ça ne date pas d’hier), et / ou d’une traduction un peu datée.

Il faut dire que le roman de George Orwell, sorti en 1950, a longtemps connu une seule traduction française, celle d’Amélie Audiberti. Il faut attendre 2018 pour qu’une nouvelle édition, traduite par Josée Kamoun, donne un nouvel élan au roman. Par la suite, six autres traductions seront proposées au public entre 2019 et 2021.

À la suite de la bascule du roman dans le domaine public (2020 ou 2021 selon les réglementations en vigueur), 1984 connaîtra cinq adaptions en roman graphique :

  • Ed. Grasset, 2020 – Adapté et dessiné par Fido Nesti
  • Ed. Sarbacane, 2021 – Adapté et dessiné par Xavier Coste
  • Ed. Soleil, 2021 – Adapté par Jean-Christophe Derrien et dessiné par Rémi Torregrossa
  • Ed. Michel Lafon, 2021 – Adapté et dessiné par Frédéric Pontarolo
  • Ed. du Rocher, 2021 – Adapté par Sybille Titeux de la Croix et dessiné par Amazing Améziane

J’ai quatre de ces adaptations en numérique alors pourquoi avoir choisi précisément celle de Fido Nesti ? Sans doute le fait que ce soit la première à avoir été publiée a joué dans mon choix, mais c’est surtout le fait que je possède aussi la version papier qui aura été décisive ; du coup je vais profiter de mes congés pour me replonger dans l’œuvre de George Orwell (pour l’anecdote la version française repose sur la traduction de Josée Kamoun).

En refermant ce bouquin je suis sur le cul, cette lecture a été une véritable redécouverte du roman de George Orwell. J’ai pris en pleine gueule toute la noirceur du récit et surtout j’en suis presque arrivé à ressentir physiquement cette sensation oppressante qui se diffuse de la première à la dernière page.

Il faut dire que le dessin de Fido Nesti, bien qu’usant d’une palette de couleurs relativement réduite, est criant de vérité et colle parfaitement à l’intrigue.

Je reconnais volontiers que cette redécouverte n’est sans doute pas le seul fait du roman graphique, j’ai bon espoir d’avoir gagné en maturité avec les années (je n’irai pas jusqu’à dire que, comme le bon vin, je me bonifie au fil des ans). Enfin la touche de modernité apportée par la traduction de Josée Kamoun a très certainement contribué à l’efficacité de l’ensemble.

Bien que paru en 1950, le roman reste malheureusement d’actualité. Fido Nesti étant brésilien et ayant travaillé sur cette adaptation alors que son pays était sous le joug de Bolsanaro, est bien placé pour le savoir.

Je ne suis pas maso, mais je reconnais volontiers que je suis friand de ce genre d’uppercut littéraire.

Ne négligez pas l’appendice consacré aux Principes du Néoparler, selon certains (dont Margaret Atwood, excusez du peu) il peut être considéré comme la véritable conclusion du roman. Ce qui, par son style narratif, apporterait une lueur d’espoir dans cette dystopie plus obscure que le trou du cul de Dark Vador !

Peut-être vous demanderez-vous pourquoi avoir attendu aussi longtemps (j’ai acheté le bouquin à sa sortie) avant de le lire. Contre toute attente c’est la lecture de La Librairie Des Livres Interdits de Marc Levy qui aura été le déclic. 1984 figurant justement parmi ces livres interdits.