AU MENU DU JOUR
Titre : Blessures Invisibles
Série : Groupe de Lost – Tome 4
Auteur : Isabelle Villain
Éditeur : Taurnada
Parution : 2020
Origine : France
253 pages
De quoi ça cause ?
Le major Maraval est retrouvé mort à son domicile, une balle dans la tête, son arme à la main.
La thèse du suicide est pourtant très vite abandonnée par le groupe du commandant Rebecca de Lost, et les pistes militaires et familiales se multiplient.
Dans le même temps, le « tueur au marteau », demeuré silencieux depuis l’enterrement du capitaine Atlan, décide de reprendre du service.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est l’occasion de retrouver le groupe de Lost, un groupe découvert fin 2018 avec le précédent roman (troisième du nom dans la série), Mauvais Genre.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée. J’aurai pu (et peut être même dû) lire et chroniquer ce roman en avant-première, mais comme souvent en période de congés, j’ai pris beaucoup de retard dans mes lectures entre fin décembre et mi-janvier.
Le hasard a voulu que ce roman traite lui aussi du syndrome de stress post traumatique (SSPT) mais Isabelle Villain aborde la question sous un autre angle ; une approche beaucoup plus humaine qui ne peut que susciter l’empathie pour les victimes.
Un syndrome qui fait encore trop souvent l’objet d’un déni évident de la part de certains militaires, comme l’auteure le fait dire à un de ses personnages, un ancien militaire interrogé dans le cadre de la mort du major Maraval :
Je vais vous dire un truc. Le SSPT, ça n’existe pas. C’est une connerie inventée par des faibles en retour de mission. Des gars qui ne sont tout simplement pas faits pour la vie militaire. Des gars qui feraient mieux d’aller bosser dans un bureau, 35 heures par semaine.
Ou comme le soulignera la femme de la victime quelques chapitres plus tard :
Le problème avec le SSPT, c’est que la plupart des gens ne le reconnaissent pas. Le burn-out n’est plus tabou dans la vie civile, alors pourquoi est-ce si compliqué chez les militaires ?
Une enquête qui poussera donc le groupe de Lost à se frotter à l’armée, sauront-ils faire en sorte que les langues se délient au cœur de la « Grande Muette ». Histoire de me coucher moins con ce soir, j’ai appris grâce à ce roman d’où venait ce surnom de grande muette ; comme je suis sympa je partage avec vous cette courte pause culturelle :
En 1848, le gouvernement a accordé le droit de vote à tous les hommes. À tous, sauf aux militaires. Pour qu’ils ne se barrent pas aux quatre coins du pays au moment des élections, qu’il disait… Et surtout pour ne pas prendre parti dans les luttes politiques. La France avait décidé qu’on devait fermer notre gueule. Le gouvernement a même permis aux femmes de voter un an avant nous. C’est tout dire… Alors on a conservé cette tradition du silence. Un soldat doit fermer sa gueule. Un point, c’est tout !
Mais l’enquête autour de la mort d’Alexandre Maraval ne se limitera pas à l’armée, les enquêteurs vont aussi devoir interroger ses proches et son entourage familial. Un programme plutôt chargé au menu. Sans compter sur le retour (annoncé à la fin du précédent opus) du « Tueur au marteau », plus déterminé que jamais à se frotter à Rebecca de Lost.
Une double enquête qui donnera maintes opportunités à Isabelle Villain de brouiller les pistes et même d’orienter ses enquêteurs (et ses lecteurs) vers de fausses pistes. L’auteure maîtrise son intrigue de bout en bout, telle une chef d’orchestre virtuose, elle bat la mesure et impose le rythme sans la moindre fausse note.
Incontestablement l’autre point fort du roman réside dans ses personnages. L’auteure apporte énormément de soin à dresser leurs personnalités et à faire évoluer leurs relations. Je pense notamment à la relation entre Rebecca et Tom, forcément rendue compliquée par la conclusion du précédent opus. Mais aussi à la relation quasi fusionnelle qui existe au sein de groupe de Lost, plus soudé que jamais, tant par le défi des enquêtes à résoudre, que par le décès brutal d’Antoine Atlan.
J’ai dévoré le bouquin en deux bouchées ; j’aurai pu n’en faire qu’une, mais il fallait bien que je justifie mon salaire en allant bosser. J’ai vibré intensément avec le groupe de Lost, en totale immersion au sein de l’équipe.
Les deux premiers tomes ayant fait l’objet d’une réédition par Taurnada, je me les suis offert sans la moindre hésitation. Reste à trouver le temps de leur trouver une petite place au sein du programme de mes futures lectures.