[BOUQUINS] Amy K. Green – Reine De Beauté

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A. K. Green - Reine de beauté

Titre : Reine De Beauté
Auteur : Amy K. Green
Éditeur : Belfond
Parution : 2020
Origine : États-Unis
416 pages

De quoi ça cause ?

Jenny Kennedy, une adolescente de 13 ans, reine des concours de beauté juniors, est retrouvée morte non loin de chez elle. Elle a été violée et poignardée.

Pour la police il ne fait aucun doute que le coupable est un jeune homme un peu simplet qui était fasciné par ces concours de beauté, et tout particulièrement par Jenny.

Pour Virginia, la demi-sœur de la victime, il est évident que le coupable est ailleurs. Même si elle n’éprouvait qu’une indifférence teintée de mépris pour sa cadette, elle va tout faire pour convaincre la police de creuser au-delà des apparences…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Un roman découvert tandis que je parcourais le catalogue Net Galley. Le pitch m’a inspiré, je l’ai sollicité, ma demande a été approuvée. Et voilà !

Ma Chronique

Je remercie les éditions Belfond et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Pour son premier roman Amy K. Green ne mise pas vraiment sur l’originalité de son intrigue (difficile de faire plus classique qu’une enquête autour d’un meurtre), de même au fil de son récit elle ne s’écartera guère des règles du genre. Il fallait plus que ce léger détail pour me dissuader de lire ce bouquin, après tout, la sagesse populaire affirme que « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ».

L’auteure nous fait découvrir son intrigue en suivant deux arcs narratifs via une alternance de chapitres passant de Jenny à Virginia. Ceux dédiés à Jenny sont écrits à la troisième personne et nous permettent de découvrir ses dernières semaines dans le monde des vivants, des semaines particulièrement mouvementées et riches en événements. Les chapitres consacrés à Virginia sont quant à eux rédigés à la première personne et nous invitent à suivre l’enquête liée à la mort de sa sœur.

Dans le coin droit nous avons donc Jenny, une adolescente que ses parents idolâtrent et voient comme une « petite fille modèle » mais ignorent (ou préfèrent ignorer) qu’elle est en pleine phase de remise en question, de doutes et de questionnements. Amy K. Green aurait pu en faire l’archétype de la gamine pourrie gâtée mais elle a (fort heureusement) travaillé la personnalité de l’adolescente plus en profondeur.

Dans le coin gauche, Virginia, le mouton noir de la famille Kennedy. Sans doute que le suicide de sa mère, alors qu’elle n’était qu’une enfant, suffit à expliquer sa volonté de prendre ses distances avec sa famille. Elle vit sa vie en électron libre, ne gardant qu’un contact de pure forme avec sa famille à l’occasion du traditionnel repas dominical. Un mépris que son père lui rend bien, quant à sa belle-mère, Linda, elle l’ignore tout simplement.

Les caractères radicalement opposés des deux sœurs servent exclusivement de toile de fond à la construction de l’intrigue. Celle-ci se tissera surtout autour des secrets et des non-dits. Ceux de la famille Kennedy d’abord, mais aussi ceux des habitants d’un patelin où tout le monde se connaît, où le voile des apparences dissimule parfois de sombres vérités.

L’auteure ne fait rien pour rendre ses personnages sympathiques, elle dépeint deux portraits relativement ordinaires. Une ado qui se rebelle contre son milieu et en vient à se convaincre que la vie serait meilleure ailleurs. Une nana trentenaire un tantinet égoïste qui vit sa vie comme elle l’entend sans se soucier du qu’en dira-t-on. Pas non plus de quoi prendre ses personnages en grippe.

Bien entendu d’autres personnages auront leur mot à dire afin de nous permettre de comprendre le déroulé des événements qui ont conduit à la mort de Jenny. Je n’en dirai pas plus sur la question afin de laisser intact le plaisir de la découverte.

Même si Amy K. Green ne révolutionne pas les règles du genre, elle n’a pas à rougir de ce premier roman. Elle nous propose en effet un thriller maîtrisé de bout en bout qui devrait réserver quelques surprises même aux lecteurs les plus aguerris (pas forcément sur l’identité du coupable, plutôt sur tout ce qui tourne autour du drame et de ses conséquences).

Pour l’anecdote, je me souviens avoir vu (il y a déjà quelques temps) un reportage télé sur ces concours de « mini miss » (interdits en France, soit dit en passant), je m’étais alors demandé si ces pauvres gamines voulaient vraiment être réduites à de vulgaires poupées / objets ou si elles ne subissaient pas plutôt une instrumentalisation à outrance de la part de leurs parents. Dommage que ledit reportage n’ait pas répondu à mon interrogation.

Dans le roman, concernant Jenny, la réponse arrive très rapidement.

MON VERDICT