AU MENU DU JOUR

Titre : La Voie Du Talion
Auteur : Alexandra Coin & Erik Kwapinski
Éditeur : Aconitum / Autoédition en 2018
Parution : 2016
Origine : France
195 pages
De quoi ça cause ?
Fabrice, ancien légionnaire revenu d’Afghanistan avec un sévère stress post-traumatique, s’est coupé du monde en se retirant dans un chalet perdu au fin fond des Alpes. Un soir d’hiver, alors qu’une tempête s’annonce, il porte secours à Zoé, une jeune femme qui s’est foulé la cheville et a perdu son chemin.
Bloqués par la tempête, ils vont devoir cohabiter. Pas facile pour Fabrice qui n’est pas vraiment un adepte du contact humain et, qui plus est, est rongé d’inquiétude par la soudaine disparition de Céline, son épouse…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que j’avais été bluffé par Entraves, le précédent roman d’Alexandra Coin.
Curieux de découvrir ce roman écrit à quatre mains (Erik Kwapinski, le coauteur, est aussi le compagnon d’Alexandra dans la vie), et première incursion dans le monde du thriller, un genre cher à mon coeur de rocker lecteur.
Ma chronique
Tout d’abord je tiens à remercier Alexandra et Erik qui m’ont gentiment proposé de découvrir leur bébé : La Voie Du Talion. Une offre que je ne pouvais refuser, j’espère me montrer digne de leur confiance.
Court (moins de 200 pages), mais intense, voilà qui qualifierait parfaitement ce roman avec lequel les auteurs font une entrée réussie dans le monde du thriller, et plus spécifiquement du thriller psychologique.
Au début j’ai eu un peu de mal à voir où les auteurs voulaient nous emmener, de même les allers-retours chronologiques m’ont un peu déconcerté, mais j’ai fait mienne la devise de la ville de Paris : « Fluctuat nec mergitur » (Il tangue, mais ne sombre pas) ; j’ai tenu bon la barre et j’ai gardé le cap. Et j’ai eu sacrément raison ! Faute de quoi je serai passé à côté d’une belle découverte.
Force est de reconnaître que les auteurs maîtrisent leur sujet. La description du SSPT (syndrome de stress post-traumatique) de Fabrice et ses conséquences (sur lui-même, mais aussi sur son entourage) sont d’un réalisme aussi bluffant que glaçant. Comme quoi, même une force de la nature surentraînée, ne fait pas le poids quand il y a un faux-contact là-haut…
Déjà avec Entraves j’avais un peu tiqué sur les possibilités de manipulations mentales par le biais de l’hypnose, comme il en est de nouveau question ici (un problème avec les psychiatres Alexandra ?), j’ai creusé la question. Si effectivement, de l’avis d’hypnothérapeutes connus et reconnus, cela semble impossible (ou du moins difficilement réalisable) sur un sujet psychiquement stable, il en va tout autrement quand le sujet présente déjà une réelle fragilité psychique (c’était déjà le cas d’Emma dans Entraves, victime d’un mari pervers narcissique ; Fabrice, avec son lourd SSPT associé à une consommation abusive d’alcool, offre lui aussi un terrain propice à d’éventuels manipulateurs).
Fabrice, un légionnaire qui a été quasiment sur tous les fronts, mais qui s’effondre littéralement suite à un drame personnel survenu en Afghanistan ; un drame dont il se sent responsable. De retour à la vie civile (apte ont décrété les psys de l’armée), il n’est plus que l’ombre de lui-même, incapable de mener une vie « normale », son exil montagnard est pour lui la seule issue possible. Jusqu’à ce qu’un nouveau drame ne vienne tout foutre en l’air…
Il serait facile de blâmer Céline, son épouse, qui ne reconnaît plus son homme et surtout est incapable de comprendre ce qu’il traverse. Se sentant délaissée, elle se laisse facilement griser par la compagnie de Cassandre, sa nouvelle amie qui l’incite à repousser toujours plus loin ses limites.
Ah Cassandre, l’archétype de la femme fatale, mais au-delà des apparences on devine tout de suite une personne nocive capable de corrompre tous ceux qui auront le malheur de s’acoquiner avec elle. Et on est encore loin d’avoir tout vu quant à ses capacités à nuire !
Et puis il y a Zoé, jeune psychiatre qui débarque, pas vraiment par hasard, dans la vie de Fabrice alors qu’il est au plus bas.
Enfin, et non des moindres, nous avons Taisho, ancien légionnaire reconverti dans la sécurité. Adepte du zen, il est la force tranquille, un puits de sagesse qui peut se montrer implacable au moment de frapper son adversaire.
Un roman lu d’une traite, il faut dire que dès que l’intrigue se met en branle il devient impossible de le lâcher.
Pour une première incursion dans le monde du thriller c’est une totale réussite. J’aurai plaisir à retrouver certains des personnages croisés ici (non, je ne vous dirai pas lesquels) dans leur nouveau roman Kiaï.