AU MENU DU JOUR
Titre : Transaction
Auteur : Christian Guillerme
Éditeur : Taurnada
Parution : 2021
Origine : France
250 pages
De quoi ça cause ?
Alphonse, Johan et Manal sont trois amis d’enfance. Quand Alphonse se fait arnaquer en achetant sur internet du matos défectueux, ils décident de refourguer à leur tour le matériel à un pigeon.
Pas de bol pour les trois amis, ils vont tomber sur la mauvaise personne et leur petite arnaque va avoir des conséquences qu’ils n’auraient jamais pu imaginer… même dans leurs pires cauchemars !
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est Taurnada, une raison qui se suffirait à elle seule. Cerise sur le gâteau, j’avais beaucoup aimé le précédent roman de Christian Guillerme, Urbex Sed Lex.
Ma Chronique
Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.
Contre toute attente Christian Guillerme commence son intrigue par la fin (je n’en dirai pas plus, mais la couleur est annoncée dès le premier chapitre), avant de revenir au début de l’affaire et d’en suivre le déroulé.
Avec un postulat de départ relativement simple, pour ne pas dire banal, l’auteur imagine un déferlement de colère et de violence. Tout part d’une arnaque internet des plus classiques dans laquelle la victime se retrouve avec un matériel défectueux et/ou contrefait. Le pigeon a alors deux options à sa disposition, se faire une raison ou essayer de refourguer le matos à un autre pigeon.
Alphonse, aidé par ses deux amis d’enfance, va faire le second choix. Rien ne pouvait laisser présager que leur « client » allait littéralement péter un plomb en découvrant qu’il a été victime d’une arnaque. Pas question pour lui de se résigner ou de refiler le matos à un autre, son crédo serait plutôt la vengeance ; une vengeance aussi implacable que violente. Le pigeon va se transformer en un oiseau de proie qui ne lâchera pas l’affaire avant d’avoir obtenu réparation… d’une façon ou d’une autre.
Si pour tout individu un tant soit peu rationnel et raisonné ni l’arnaque en elle-même ni la somme en jeu (300 €) ne justifient une réaction aussi radicale et brutale, Christian Guillerme réussit toutefois à rendre son intrigue totalement crédible… instaurant même parfois un sentiment quasi palpable de malaise chez le lecteur.
L’une des grandes forces du roman est la différence dans l’approche des personnages. D’un côté on a trois jeunes gens liés par une amitié indéfectible, l’auteur met en avant tout ce qui les rend profondément humains (et normaux) : leurs relations, leurs émotions, leurs histoires… bref tout ce qui fait d’un individu ce qu’il est.
À l’opposé, celui qui va les traquer est totalement déshumanisé. Pour commencer, à aucun moment il n’est nommé. Ensuite l’auteur nous présente un individu plutôt froid et psychorigide. Un esprit dérangé qui va peu à peu se laisser dominer par une colère irraisonnée.
Au final Transaction nous raconte (brillamment) comment une arnaque ordinaire peut déboucher sur un fait divers sordide… heureusement, dans les faits ce genre de conjonction ne se produit pas tous les jours, le plus souvent la victime d’une arnaque se contente de passer par les stades de la frustration à la colère puis à la résignation.
Sans trop vouloir en dire (pour rappel, le roman commence par la fin), ce n’est pas le final, totalement amoral, qui dissipera le sentiment de malaise.
Par certains aspects le bouquin m’a fait penser au film Chute Libre (1993) réalisé par Joel Schumacher qui nous fait suivre le parcours d’un gars au bout du rouleau (interprété par Michael Douglas) qui, à force d’emmerdes à répétition, finit par péter un câble.
Christian Guillerme signe un thriller psychologique totalement maîtrisé et original. Fidèle à la ligne de conduite des éditions Taurnada, le roman est court, mais intense qui peut aisément se lire d’une traite.
MON VERDICT
Quand tu te fais arnaquer, bien souvent, tu ne le cries pas sur tous les toits 😆