[BOUQUINS] Marc Levy – Le Crépuscule Des Fauves

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M. Levy - Le crépuscule des fauves

Titre : Le Crépuscule Des Fauves
Série : Groupe 9 – Tome 2
Auteur : Marc Levy
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2021
Origine : France
388 pages

De quoi ça cause ?

Maintenant que le Groupe 9 a identifié ses cibles, il est temps pour eux de passer à l’attaque. Mais pour frapper au plus juste les hackers doivent découvrir la nature des liens qui unissent les « Fauves » et quels sont leurs sombres projets…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Déjà parce que c’est Marc Levy et que sa première incursion dans le techno-thriller s’est avérée des plus concluantes. Il me tardait de retrouver le Groupe 9 face à leurs puissants adversaires.

Ma Chronique

Sans surprise le roman commence là où s’arrêtait le tome précédent, C’Est Arrivé La Nuit, pour la première fois le Groupe 9 est réuni à Kiev, au manoir des frères Vital et Malik afin de préparer leur riposte au scandale de l’insuline.

Les 9 enfin réunis ? Pas tout à fait… Maya, toujours en mission en Turquie et injoignable, manque à l’appel. De même que le neuvième membre du groupe, dont l’identité demeure inconnue aux lecteurs comme aux autres membres des 9.

Pour construire son intrigue, Marc Levy s’inspire de faits réels (avérés ou fortement présumés), mais cette fois il va plus loin en imaginant ce que pourrait donner une forme de coalition de toutes ces menaces vers un objectif commun. Le plus glaçant dans ce scénario empirique est incontestablement le fait qu’il pourrait devenir une réalité ; heureusement nos « Fauves » IRL sont trop égocentrés sur leur profit et/ou pouvoir personnel pour envisager de partager le gâteau.

Ladite intrigue se divise en deux arcs narratifs. D’un côté les 7 parmi les neuf peaufinent, seuls, en binôme ou tous ensembles, leur stratégie contre les « Fauves ». De l’autre Maya est toujours en Turquie, déterminée à retrouver une jeune réfugiée syrienne… mais elle n’est pas la seule à vouloir mettre la main sur la gamine.

Il va sans dire que ces deux arcs narratifs finiront par se rejoindre… pour le plus grand bonheur des 9 ! Cette intrigue turque est l’occasion pour Marc Levy de pointer du doigt la situation difficile des réfugiés syriens.

Un conflit syrien qui n’en finit pas de s’éterniser dans l’indifférence générale… pas forcément parce que l’Occident préfère se fermer les yeux ou détourner le regard ; la réalité des faits est plus complexe. Incontestablement Bachar Al-Assad est une ordure de la pire espèce, de fait le combat des opposants syriens partait d’une cause noble et d’intentions louables… jusqu’à ce que leur combat soit détourné par les djihadistes. Renverser le régime Al-Assad pour instaurer une république (?) islamiste à sa place… on peut comprendre que les soutiens à la cause rebelle ne se bousculent pas au portillon.

Pour en revenir au bouquin à proprement parler, l’auteur nous propose une intrigue totalement addictive qu’il mène tambour battant sans toutefois négliger de semer, çà et là, quelques touches d’humour bienvenues.

Le roman se dévore d’une traite et c’est à regret que l’on quitte le Groupe 9 au moment de le refermer. Il faudra toutefois s’armer de patience avant la parution du troisième (et dernier ?) tome de la série.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Allie Reynolds – Hors-Piste

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A. Reynolds - Hors piste
Titre : Hors-Piste
Auteur : Allie Reynolds
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2021
Origine : Grande-Bretagne
464 pages

De quoi ça cause ?

Cinq amis, anciens snowboardeurs de haut niveau, se retrouvent, après dix ans sans se voir, le temps d’un week-end dans un refuge des Hautes-Alpes.

Ce même refuge où, dix ans plus tôt, un double drame a frappé le petit groupe. Une de leurs amies, Camille, s’est retrouvée tétraplégique suite à une mauvaise chute, une autre, Saskia, a mystérieusement disparu.

Très vite ces retrouvailles vont se transformer en piège, mais qui tire les ficelles ? Et pourquoi ?

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que l’idée d’un huis clos en plein air (oui je sais, c’est paradoxal) me plaisait bien. J’ai trouvé que le pitch aurait pu inspirer Agatha Christie, du coup il me tardait de voir si Allie Reynolds serait à la hauteur de son illustre ainée.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Net Galle pour leur confiance renouvelée.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser qu’il n’est nul besoin d’être un fan de snowboard pour apprécier ce roman. Les quelques termes techniques propres à la discipline sont expliqués dans un glossaire au début du bouquin, mais là encore s’y reporter ne s’impose pas.

Si Allie Reynolds a mis ce sport à l’honneur à l’occasion de son premier roman, c’est sans doute une forme d’hommage à ses années de pratique à haut niveau de cette discipline (elle a été dans le top 10 anglais des snowboardeurs freestyle). Changement de décor depuis quelques années pour l’auteure, puisqu’elle pratique désormais le surf en Australie, quand elle ne se consacre pas à l’écriture.

Direction les Alpes française, dans un refuge de haute montagne, fermé, car on est hors saison. Un endroit rêvé pour des retrouvailles entre cinq amis qui se sont perdus de vue depuis plus de dix ans.

Sauf que les retrouvailles ne vont pas vraiment être sous le signe de la bonne humeur et de la convivialité. Qui les a invités ? Et pourquoi ? La tension montera encore d’un cran que leurs téléphones portables et ordinateurs disparaîtront, ils sont désormais coupés du monde. Et ce n’est que le début d’une machination visant à les monter les uns contre les autres. Mais qui tire les ficelles exactement ? Et quelles sont ses intentions ?

Les chapitres alternent entre les événements présents et ceux survenus dix ans plus tôt au même endroit. Ces mêmes amis étaient alors en lice pour une compétition de snowboard, si certains abordaient les épreuves dans un bon esprit sportif, d’autres étaient prêts à tout pour se hisser sur la plus haute marche du podium. C’était notamment le cas de Saskia, qui a mystérieusement disparu le jour de la plus importante épreuve de la compétition… et a été depuis déclarée morte.

En général j’essaye, autant que possible, d’en dire le moins possible sur l’intrigue lorsque je chronique un bouquin. Mais présentement il m’a semblé impossible de faire autrement, à moins de rester dans le vague et de proposer une dizaine de lignes pas franchement argumentées.

Les chapitres alternent entre le présent les souvenirs des événements survenus dix ans plus tôt. De nos jours on assiste inexorablement à une montée en puissance de l’intrigue alors que les tensions, les questions et les soupçons se multiplieront au sein du groupe. Les flash-back nous replongent dix ans plus tôt, les choses démarrent plutôt bon enfant avant de se dégrader progressivement pour s’achever en apothéose avec la disparition de Saskia.

Le récit est à la première personne, c’est Milla Anderson, l’une des protagonistes, mais aussi et surtout l’une des principales « victimes » des coups fourrés (et foireux) de Saskia, qui nous fait partager son expérience (présente et passée).

Allie Reynolds prend un malin plaisir à tourmenter ses personnages et à les égarer sur de fausses pistes.  Il en va de même pour le lecteur qui aura bien du mal à démêler le vrai du faux au fil des revirements de situation, tout comme il lui sera difficile de savoir à quels personnages se fier.

Les personnages sont soignés tant dans leur personnalité que dans leur vécu et leurs réactions. Je ne m’étalerai pas sur chacun d’entre eux afin de laisser intact le plaisir de la découverte.  Une certitude s’impose toutefois rapidement, Saskia était une sacrée garce, tous et toutes auraient eu au moins une bonne raison de la faire disparaître… et j’aurai bien du mal à les en blâmer !

Pour un premier roman, l’auteure n’a pas à rougir du résultat. Elle signe en effet un thriller des plus convaincants, sans bouleverser les règles du genre, elle les maîtrise et sait en jouer pour tenir le lecteur en haleine.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Hervé Le Corre – Traverser La Nuit

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H. Le Corre - Traverser la nuit
Titre : Traverser La Nuit
Auteur : Hervé Le Corre
Éditeur : Rivages
Parution : 2021
Origine : France
317 pages

De quoi ça cause ?

Louise élève seule son jeune fils. En plus d’un quotidien pas toujours facile, elle doit composer avec un ex qui revient régulièrement à la charge et la tabasse tout aussi régulièrement.

Jourdan est chef de groupe à la PJ de Bordeaux. Avec son équipe ils enquêtent sur le meurtre d’une jeune prostituée.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que l’écriture d’Hervé Le Corre m’avait séduit à la lecture de Prendre Les Chiens Pour Des Loups, au point de presque faire oublier une intrigue bien monotone… Je voulais voir si cette fois l’intrigue serait à la hauteur du style.

Ma Chronique

En lisant Prendre Les Chiens Pour Des Loups j’avais été littéralement subjugué par la qualité de l’écriture de Hervé Le Corre, un véritable régal pour les yeux et l’esprit. Il rendrait presque la noirceur de son récit poétique… et surtout on en viendrait à oublier que l’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard.

Avec Traverser La Nuit j’ai retrouvé cette écriture magnifique mais cette fois elle venait sublimer une réelle intrigue portée par trois personnages « forts ».

Il y a Louise qui élève seule son jeune fils et gagne tant bien mal sa vie en travaillant comme aide à domicile. Son cauchemar s’appelle Lucas, un ex qui revient régulièrement à la charge et qui lui cogne dessus tout aussi régulièrement. Outre son fils, elle trouve un semblant de réconfort en compagnie de son amie Naïma.

Il y a Jourdan, commandant à la PJ, désabusé par la folie des hommes et les scènes de crime. Prisonnier de lui-même, il regarde sa vie personnelle partir à vau-l’eau, incapable de communiquer avec sa femme et sa fille.

Puis il y a Christian, marqué par une courte expérience militaire et une mère toxique, depuis il assassine des femmes pour exprimer son mal-être dans la violence. Chaque fois il s’acharne sur ses victimes qu’il poignarde à de nombreuses reprises.

Hervé le Corre sait y faire pour décortiquer les méandres de l’esprit de ses héros. Il sait mettre les mots justes sur leurs douleurs et leurs tourments, des mots crus, sans fausse compassion. Des mots qui nous prennent aux tripes.

Trois personnages pour deux arcs narratifs distincts, avec les déboires de Louise d’un côté et l’enquête de Jourdan et son groupe de l’autre. Deux axes qui finiront par se rencontrer, pour le meilleur et pour le pire.

À l’image de ses personnages et de la nuit – omniprésente au fil des pages –, l’intrigue est fortement teintée de noire. Une intrigue qui grimpe progressivement en intensité jusqu’à un final qui m’a laissé sur le cul (je n’ai rien vu venir).

L’auteur porte un regard sans concession sur les dérives de notre société… Celle d’avant la crise sanitaire. Celle des grèves, des manifestions, du ras-le-bol généralisé.  Ces dérives qui ont donné naissance au mouvement des gilets jaunes, une juste mobilisation à la base, avant de sombrer dans le grand portnawak.

MON VERDICT
Coup de poing