AU MENU DU JOUR
Titre : Hors-Piste
Auteur : Allie Reynolds
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2021
Origine : Grande-Bretagne
464 pages
De quoi ça cause ?
Cinq amis, anciens snowboardeurs de haut niveau, se retrouvent, après dix ans sans se voir, le temps d’un week-end dans un refuge des Hautes-Alpes.
Ce même refuge où, dix ans plus tôt, un double drame a frappé le petit groupe. Une de leurs amies, Camille, s’est retrouvée tétraplégique suite à une mauvaise chute, une autre, Saskia, a mystérieusement disparu.
Très vite ces retrouvailles vont se transformer en piège, mais qui tire les ficelles ? Et pourquoi ?
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que l’idée d’un huis clos en plein air (oui je sais, c’est paradoxal) me plaisait bien. J’ai trouvé que le pitch aurait pu inspirer Agatha Christie, du coup il me tardait de voir si Allie Reynolds serait à la hauteur de son illustre ainée.
Ma Chronique
Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Net Galle pour leur confiance renouvelée.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser qu’il n’est nul besoin d’être un fan de snowboard pour apprécier ce roman. Les quelques termes techniques propres à la discipline sont expliqués dans un glossaire au début du bouquin, mais là encore s’y reporter ne s’impose pas.
Si Allie Reynolds a mis ce sport à l’honneur à l’occasion de son premier roman, c’est sans doute une forme d’hommage à ses années de pratique à haut niveau de cette discipline (elle a été dans le top 10 anglais des snowboardeurs freestyle). Changement de décor depuis quelques années pour l’auteure, puisqu’elle pratique désormais le surf en Australie, quand elle ne se consacre pas à l’écriture.
Direction les Alpes française, dans un refuge de haute montagne, fermé, car on est hors saison. Un endroit rêvé pour des retrouvailles entre cinq amis qui se sont perdus de vue depuis plus de dix ans.
Sauf que les retrouvailles ne vont pas vraiment être sous le signe de la bonne humeur et de la convivialité. Qui les a invités ? Et pourquoi ? La tension montera encore d’un cran que leurs téléphones portables et ordinateurs disparaîtront, ils sont désormais coupés du monde. Et ce n’est que le début d’une machination visant à les monter les uns contre les autres. Mais qui tire les ficelles exactement ? Et quelles sont ses intentions ?
Les chapitres alternent entre les événements présents et ceux survenus dix ans plus tôt au même endroit. Ces mêmes amis étaient alors en lice pour une compétition de snowboard, si certains abordaient les épreuves dans un bon esprit sportif, d’autres étaient prêts à tout pour se hisser sur la plus haute marche du podium. C’était notamment le cas de Saskia, qui a mystérieusement disparu le jour de la plus importante épreuve de la compétition… et a été depuis déclarée morte.
En général j’essaye, autant que possible, d’en dire le moins possible sur l’intrigue lorsque je chronique un bouquin. Mais présentement il m’a semblé impossible de faire autrement, à moins de rester dans le vague et de proposer une dizaine de lignes pas franchement argumentées.
Les chapitres alternent entre le présent les souvenirs des événements survenus dix ans plus tôt. De nos jours on assiste inexorablement à une montée en puissance de l’intrigue alors que les tensions, les questions et les soupçons se multiplieront au sein du groupe. Les flash-back nous replongent dix ans plus tôt, les choses démarrent plutôt bon enfant avant de se dégrader progressivement pour s’achever en apothéose avec la disparition de Saskia.
Le récit est à la première personne, c’est Milla Anderson, l’une des protagonistes, mais aussi et surtout l’une des principales « victimes » des coups fourrés (et foireux) de Saskia, qui nous fait partager son expérience (présente et passée).
Allie Reynolds prend un malin plaisir à tourmenter ses personnages et à les égarer sur de fausses pistes. Il en va de même pour le lecteur qui aura bien du mal à démêler le vrai du faux au fil des revirements de situation, tout comme il lui sera difficile de savoir à quels personnages se fier.
Les personnages sont soignés tant dans leur personnalité que dans leur vécu et leurs réactions. Je ne m’étalerai pas sur chacun d’entre eux afin de laisser intact le plaisir de la découverte. Une certitude s’impose toutefois rapidement, Saskia était une sacrée garce, tous et toutes auraient eu au moins une bonne raison de la faire disparaître… et j’aurai bien du mal à les en blâmer !
Pour un premier roman, l’auteure n’a pas à rougir du résultat. Elle signe en effet un thriller des plus convaincants, sans bouleverser les règles du genre, elle les maîtrise et sait en jouer pour tenir le lecteur en haleine.