AU MENU DU JOUR
Titre : Solitudes
Auteur : Niko Tackian
Éditeur : Editions de l’Epée
Parution : 2021
Origine : France
252 pages
De quoi ça cause ?
Élie Martins est garde nature dans le massif du Vercors. Il y a douze ans, une blessure par balle l’a laissé totalement amnésique. Depuis, il s’est reconstruit une vie dans cette région aux hivers impitoyables.
Alors qu’une tempête de neige s’abat sur le Vercors, des traces étranges mènent Élie jusqu’à l’« arbre taillé », un pin gigantesque dressé comme un phare au milieu de l’immensité blanche. Une femme nue est pendue à ses branches.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que ça fait déjà quelques temps que j’ai envie de découvrir l’univers littéraire de Niko Tackian ; comme souvent dans ces cas-là je commence par la fin : avec le dernier roman en date de l’auteur.
Ma Chronique
Avec la chaleur qu’il fait en ce moment par chez nous, une escapade hivernale dans le Vercors offrait une cure de fraicheur bienvenue. Mais sous la plume de Niko Tackian, la balade ne sera pas un long fleuve tranquille mais plutôt une longue traque parsemée de cadavres dans un cadre naturel de toute beauté mais qui peut parfois se révéler inhospitalier, voire mortel.
C’est le premier roman de l’auteur que je lis, j’étais passé à de deux doigts de me laisser tenter par son précédent one-shot, Avalanche Hôtel, mais l’actualité des sorties littéraires l’a progressivement remisé dans les profondeurs de mon Stock à Lire Numérique. Curieusement les deux romans se déroulent en montagne et en hiver… mais les intrigues et les approches sont radicalement différentes.
La scène d’ouverture, qui décrit l’agression subie par Elie Martins douze ans plus tôt, nous plonge d’entrée de jeu dans le grand bain. On retrouve notre miraculé dans les hauteurs du Vercors alors qu’il remonte les traces d’un loup et s’apprête à faire une macabre découverte qui semble reliée à sa propre histoire.
J’ai été frappé par la profondeur que Niko Tackian donne à ses personnages, tous ont un vécu personnel qui conditionne leur comportement et leurs actes du moment. Même si de prime abord tout oppose les personnages d’Elie Martins (le guide de haute montagne) et de Nina Mellinsky (la lieutenante de police chargée de l’enquête), ils sont deux loups solitaires (par choix ou par la force des choses) marqués par un passé douloureux et en quête de rédemption (qu’il s’agisse de se reconstruire une nouvelle vie pour Elie, ou de se plonger cœur et âme dans le travail pour oublier le reste pour Nina).
Les personnages secondaires bénéficient du même soin, j’ai particulièrement apprécié Réda Bensaïd, surnommé affectueusement Chef Réda, pour son parcours hors du commun qui lui a permis de saisir la chance de vivre une autre vie que celle qui lui semblait toute tracée. Une vie dans laquelle il s’épanouit pleinement en totale communion avec son environnement.
Au niveau de l’intrigue aussi Niko Tackian s’avère un impitoyable maître de cérémonie, il nous balade et nous égare au fil de l’enquête, entre révélations et fausses pistes. Comme bon nombre de lecteurs de polars et thrillers, j’aime bien essayer de comprendre et résoudre l’énigme avant les enquêteurs du roman ; force est de reconnaître que je n’ai rien vu venir, quelques soupçons (non étayés de la moindre certitude) mais j’étais bien loin d’imaginer tous les tenants et aboutissants que l’auteur démêle dans les derniers chapitres.
Ce bouquin est une totale réussite qui me donne envie d’aller plus en avant dans l’exploration de l’univers littéraire de l’auteur ; reste à savoir si je m’en tiens à ma première intention en plongeant dans Avalanche Hôtel ou si je me lance dans sa trilogie autour de Tomar Khan, commandant à la Crim’ parisienne.