AU MENU DU JOUR
Titre : Les Disparus De Pukatapu
Série : Lilith Tereia – Tome 2
Auteur : Patrice Guirao
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2020
Origine : France
384 pages
De quoi ça cause ?
Pukatapu est un atoll isolé des Tuamotu, l’endroit parfait pour Lilith et Maema qui ont décidé de faire un reportage sur les conséquences du réchauffement climatique. Et surtout pour Lilith de prendre ses distances avec sa mère récemment revenue s’installer à Tahiti.
L’endroit pourrait passer pour idyllique jusqu’à ce que Lilith ne tombe sur une main coupée difforme, portée par le courant. Mais quand elle alerte le chef du village, ladite main est introuvable et le chef se donne beaucoup de mal pour tenter de la convaincre qu’elle a dû se tromper en prenant un quelconque débris marin pour une main humaine.
Quels sombres secrets se cachent sous les charmes de l’atoll de Pukatapu ? Lilith est bien déterminée à le découvrir, tant pis si elle doit pour cela se mettre les villageois à dos…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est la seconde enquête de Lilith Tereia et que le précédent roman, Le Bûcher De Moorea, m’avait emballé.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Robert Laffont et Net Galley pour leur confiance renouvelée.
Si le présent roman peut parfaitement se lire indépendamment du Bûcher De Moorea, je vous recommande toutefois de les lire dans l’ordre afin d’apprécier pleinement les personnages.
Escapade aux Tuamotu oblige, dans ce nouvel opus nous ne retrouvons que Lilith et Maema, mais rassurez-vous les deux amies auront fort à faire pour mettre à jour les plus sombres secrets de l’atoll. À condition toutefois de parvenir à faire se délier les langues des quelques villageois et du prêtre, tous préférant se murer dans le silence, voire les mensonges, plutôt que de se confier à deux « étrangères ».
Lilith et Maema sont loin de se douter des implications de leur quête vers la vérité. Les sombres secrets cachés de Pukatapu pourraient bien en effet n’être que la partie visible de l’iceberg. Un iceberg en lien direct avec les essais nucléaires français dans le Pacifique (46 essais aériens entre 1966 et 1974 et 147 tirs souterrains entre 1975 et 1996).
Heureusement nos deux enquêtrices ne seront pas complètement seules pour mener à bien leur mission. Tous les villageois ne se laisseront pas docilement museler, et elles pourront aussi compter sur un renfort (tardif) de l’extérieur, en la personne de Pascual Parua, un chercheur de l’IFREMER venu initialement pour être la caution scientifique des journalistes.
L’isolement de l’atoll de Pukatapu (tout droit sorti de l’imagination de Patrice Guirao) transforme l’intrigue principale en un huis clos en plein air (paradoxe ? vous avez dit paradoxe ?) mené de main de maître par l’auteur. La tension va crescendo tandis que les soupçons pèsent sur les uns ou les autres, plus encore quand un premier villageois est retrouvé mort.
Fidèle à l’esprit du « noir azur », la culture polynésienne est mise en avant tout au long du récit. Il faut dire que le cadre se prête particulièrement bien à la survivance des traditions et savoirs ancestraux… même si une certaine forme d’obscurantisme moderne voudrait bien étouffer ces traditions afin d’imposer sa vision du monde et de la foi (et paf, dans ta gueule le curé !).
En parallèle à l’enquête de Lilith et Maema le lecteur sera amené à suivre un second arc narratif au sujet duquel je préfère ne rien dire afin de laisser intact le plaisir de la découverte.
Comme dans Le Bûcher De Moorea, Patrice Guirao intègre un glossaire permettant de traduire les termes tahitiens employés au fil du récit. Même si on saisit sans mal le sens global (peut être que le fait de vivre sous les tropiques est un atout en ce sens), l’initiative est bienvenue.
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, non seulement l’auteur annonce qu’un troisième opus, Le Tiaré Noir, sera publié en 2021, mais en plus il nous permet d’en découvrir le début. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça commence très fort ! L’attente va être longue !