[BOUQUINS] Pierre Lemaitre – Miroir De Nos Peines

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P. Lemaitre - Miroir De Nos Peines

Titre : Miroir De Nos Peines
Série : Les Enfants Du Désastre – Tome 3
Auteur : Pierre Lemaitre
Éditeur : Albin Michel
Parution : France
Origine : 2020
544 pages

De quoi ça cause ?

Avril 1940. Louise Belmont est une jeune institutrice qui arrondit les fins de mois en travaillant comme serveuse à La Petite Bohème.

C’est là qu’elle rencontre un vieux médecin à la retraite, un habitué des lieux. L’homme lui fait alors une proposition pour le moins inattendue. Et contre toute attente Louise l’accepte. Une décision qui va complètement chambouler son quotidien bien tranquille…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est le troisième et dernier tome de la trilogie Les Enfants Du Désastre. Les deux précédents opus, Au Revoir Là-Haut (2013) et Couleurs De L’Incendie (2018) m’avaient totalement emballé. Il me tardait donc de découvrir le mot de la fin de cette saga aux heures noires de l’Histoire de France.

Ma Chronique

Les lecteurs d’Au Revoir Là-Haut se souviennent peut-être de Louise Belmont, elle avait alors 10 ans et était élevée par sa mère, veuve de guerre. À la fois intriguée et attirée par les curieux locataires que sa mère hébergeait alors.

On la retrouve donc âgée de la trentaine, elle a perdu sa mère il y a peu, elle ne croit plus en l’amour et semble ne pas attendre grand-chose de la vie en général. C’était sans compter sur le talent de Pierre Lemaitre qui va la confronter à une situation pour le moins déstabilisante (une proposition qui pourrait sembler indécente mais ne l’est finalement pas tant que ça). Elle va alors faire un choix lourd de conséquences aux répercussions qu’elle est loin d’imaginer…

Chacun des volumes constituant cette trilogie peut être lu indépendamment des autres. Ils ont tous un début et une fin et s’intéressent à des personnages différents. Une chose est certaine, tous méritent amplement le détour.

Contrairement aux précédents romans, celui-ci ne se concentre pas sur le destin d’un personnage unique. Outre Louise Belmont, on suivra Gabriel et Raoul, deux soldats devenus déserteurs presque à l’insu de leur plein gré, Désiré, un habile mythomane qui sera tour à tour avocat, chargé de communication pour le Ministère de l’Information et prêtre, Fernand, un garde mobile qui rêve d’offrir une vie meilleure à son épouse. Et bien d’autres qui seront appelés à jouer un rôle plus ou moins important dans le déroulé de l’intrigue.

Peu à peu les liens se précisent entre certains personnages, pour d’autres le fil rouge reste plutôt flou.

Le roman s’ouvre sur une situation plutôt favorable dans l’esprit des autorités françaises, la ligne Maginot freinera l’avancée des troupes allemandes (qui n’attaqueront que sur un front unique), la vaillante armée française saura repousser l’envahisseur teuton… mais quand les armées du Reich donnent l’assaut c’est la débandade totale ! Plusieurs lignes de front sont ouvertes, les forces françaises sont soit écrasées, soit dépassées ; rien ne semble pouvoir stopper la marche en avant des troupes allemandes.

Pierre Lemaitre décrit avec énormément de réalisme l’exode des populations civiles qui fuient l’avancée de l’envahisseur allemand. Comme il l’a déjà fait dans les deux précédents opus de cette trilogie, il n’hésite pas à ponctuer d’humour même les situations les plus dramatiques.

Pour revenir aux personnages je reconnais avoir mis un certain temps à m’attacher à Louise, mais finalement elle est beaucoup moins nunuche que l’on pourrait le penser de prime abord, et saura s’adapter à des situations pour le moins inhabituelles et parfois mêmes extrêmes.

Dans le même ordre d’idée j’ai eu du mal à apprécier le personnage de Raoul, même s’il s’améliore au fil des chapitres et finirait presque par nous devenir sympathique, l’épisode du singe m’est resté au travers du gosier.

Indéniablement le personnage le plus attachant et le plus truculent du roman demeure Désiré, un mythomane hors pair capable d’endosser n’importe quel rôle en un temps record et de s’éclipser avant que le vent ne tourne en sa défaveur.

J’ai aussi eu un faible pour M. Jules, le patron de La Petite Bohême, un grincheux au grand cœur.

Globalement je serai tenté de dire que ce Miroir De Nos Peines m’a un peu moins emballé que les deux précédents opus de la série ; il faut dire que la barre était haute, voire très haute. Il n’en reste pas moins que j’ai pris énormément de plaisir à lire ce bouquin, je vous le recommande donc vivement. Ne serait-ce que pour apprécier la qualité de l’écriture de Pierre Lemaitre.

Une trilogie qui n’a été clairement nommée par son auteur qu’à l’issue du second tome, avant on parlait simplement de Trilogie De L’Entre-Deux Guerres.  Dans une interview accordée au Journal du Québec, Pierre Lemaitre explique pourquoi il a finalement choisi comme titre Les Enfants Du Désastre :

« J’avais choisi de faire un premier roman qui se passerait au tout début des années 20. C’est seulement ensuite que je me suis intéressé à l’entre-deux-guerres, une période durant laquelle toutes les générations de jeunes ont été sacrifiées. Ils ont eu une première guerre, ils ont assisté à la montée du nazisme, et hop, on leur colle une deuxième guerre. Bref, 30 ans de désastre. »

Et maintenant ? Il semblerait que l’auteur ne soit pas encore décidé à se remettre au thriller, son ambition initiale étant de proposer une saga littéraire s’étendant de 1920 à 2020, ce sont les Trente Glorieuses qui lui tendent les bras pour son (ses) prochain(s) roman(s).

MON VERDICT

7 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Pierre Lemaitre – Miroir De Nos Peines »

  1. Le coup du singe serait-il aussi terrible que le coup du chat chez Norek ou le coup du cheval chez Minier ??

    Pas encore lu, je le ferai en LC avec Bianca, j’attends qu’elle l’achète 😉

    1. Moins « traumatisant » que le chat de Norek et moins gore que le cheval de Minier… mais je ne supporte pas la maltraitance animale (même en lecture).
      A coté de ça le gars peut découper vivant un nouveau-né et le bouffer en carpaccio ça me dérangera pas outre mesure. C’est grave docteur ? 😀

      1. Heu oui, c’est grave, mais j’en souffre aussi. Lire les rapports d’autopsie des victimes de Jack, ça ne me fait rien, mais si je lis un truc dégueu qui a trait aux yeux, je serre les fesses et je passe le passage !! Je déteste ça.

        Pour le nouveau né, non, quand même pas, là ça me fait quelque chose. La souffrance que l’on fait aux enfants me fait aussi mal que celles aux animaux.

      2. Tu as lu La Lignée ? Une trilogie vampirique totalement novatrice de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan. Les « infectés » sont notamment repérés par un ver qui squatte leur globe oculaire… Bon app’ 😀
        IRL la violence contre les gamins me débecte au plus haut point, en littérature je suis davantage open mind dans l’intolérable 😉

      3. Non, pas lu la lignée, mais je voulais la lire, mais j’ai pas eu le temps, le même problème qui se répète toujours.

        Beurk, mes pâtes ont envie de remonter ! 😀

        Ouf, tu n’as pas perdu alors ! mdr (je sors). J’aime pas non plus quand on fait souffrir les p’tites bêtes dans les romans…

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