[BOUQUINS] David Kirk – Le Samouraï

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D. Kirk - Le Samouraï

Titre : Le Samouraï
Série : Musashi Miyamoto- Tome 1
Auteur : David Kirk
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2014
Origine : Angleterre (2013)
416 pages

De quoi ça cause ?

Bennosuke, 13 ans, est élevé par son oncle Dorinbo, un moine officiant au temple bouddhiste de Miyamoto. Le jeune garçon rêve de devenir un célèbre samouraï, à l’image de son père, Munisai, qui a quitté le village 8 ans plus tôt.

Munisai revient s’installer à Miyamoto après avoir offensé le fils d’un seigneur allié. Il espère que les choses se tasseront s’il se fait oublier en assurant la régence administrative du village.

Bennosuke va découvrir une vérité insoupçonnée sur ses parents, mais il faudra plus que ça pour entamer sa volonté de suivre la voie du sabre…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Je suis dans une phase japonisante en ce moment, peut-être un effet secondaire de ma forte consommation de sushis ces derniers jours. Mais attention je n’ai que faire du Japon contemporain, c’est le Japon médiéval et ses samouraïs qui m’attire…

Et tant qu’à faire autant se pencher sur le cas du plus célèbre des samouraïs : Musashi Miyamoto.

J’aurai pu jeter mon dévolu sur l’ouvrage considéré comme étant LA référence sur le sujet, le fameux Musashi de Eiji Yoshikawa, paru en 1935 et décliné en français en deux volumes : La Pierre Et Le Sabre et La Parfaite Lumière. J’ai privilégié une approche de l’extérieur (David Kirk est britannique de naissance , il vit au Japon depuis une dizaine d’années) et une écriture plus moderne.

Ma chronique

Au Japon Musashi Miyamoto est tellement célèbre qu’il est quasiment devenu un personnage de légende, il peut parfois s’avérer difficile dans un tel contexte de distinguer les faits historiques et les éléments de fiction destinés à embellir la vérité. C’est encore plus vrai quand la transmission se fait principalement par voie orale ou picturale.

De fait il n’existe aucune véritable biographie de Musashi Miyamoto. Le roman Musashi de Eiji Yoshikawa a beau être considéré comme l’ouvrage de référence sur la vie du célèbre samouraï, ça demeure un ouvrage de fiction qui prend parfois certaines libertés avec l’Histoire (ne serait-ce que pour pallier certains blancs). En langue anglaise c’est Musashi, Le Samouraï Solitaire de William Scott Wilson qui semble se rapprocher le plus d’une biographie de Musashi Miyamoto.

David Kirk reconnaît que le livre de William Scott Wilson a été sa principale source documentaire, complété par les écrits de Musashi Miyamoto, dont le fameux Traité Des Cinq Roues (aussi appelé Livre Des Cinq Anneaux). Le Samouraï est le premier volet d’une trilogie (?) qu’il consacre à Musashi, le second tome, L’Honneur Du Samouraï est déjà disponible en français et le troisième (et dernier ?) est encore en cours de rédaction.

Dans ce premier opus, l’auteur nous invite à suivre le parcours initiatique de Bennosuke Hirata (qui deviendra plus tard Musashi Miyamoto) entre ses 13 et 16 ans.

C’est à 13 ans que Bennosuke va retrouver son père. Des retrouvailles sur fond d’un terrible secret concernant la mort de sa mère et les conditions du départ précipité de son père, huit ans plus tôt. Pas franchement les conditions idéales pour rétablir une relation père / fils des plus épanouies ! Il n’en reste pas moins que Munisai va aider Bennosuke à se perfectionner dans l’art du maniement du sabre.

Un enseignement qui s’avèrera fort utile puisque c’est aussi à l’âge de 13 ans que Bennosuke va livrer son premier combat en duel et tuer un homme pour la première fois.

A partir de là notre brave Bennosuke n’aura guère d’occasion de se la couler douce. Entre le désir de vengeance du fils d’un seigneur face à l’humiliation que le jeune samouraï lui a infligé, puis sa propre soif de revanche, la vie ne sera plus jamais un long fleuve tranquille…

Dans ce premier tome, les relations entre les personnages occupent une place essentielle. Qu’il s’agisse du lien entre Bennosuke et Munisaï, une relation tumultueuse qui connaîtra bien des évolutions au fil des pages. Mais Bennosuke sera aussi tiraillé entre Munisaï et Dorinbo, ce dernier aimerait le voir suivre une voie plus spirituelle tout en sachant que le gamin rêve de devenir un samouraï.

C’est aussi l’organisation même du Japon médiéval, un système qui repose sur des liens hiérarchiques stricts, qui place le relationnel au centre de tout. Dans le roman un artisan explique ainsi les choses à Bennosuke :

« Tout est question de hiérarchie, pas vrai ? Tout en haut siège l’empereur, qu’on ne voit jamais, et après… Mon lot est de servir le samouraï que vous êtes, et vous, vous servez le seigneur Shinmen. Il a du pouvoir, mais pas tant que ça. Il obéit aux Grands Seigneurs, et au-dessus d’eux il y a encore un petit groupe d’hommes dont la fonction n’a pas de nom précis. On peut les appeler les Très Grands Seigneurs, si l’on veut, et le plus proche de nous est le seigneur Ukita. Et qui est-ce qui le commande, celui-ci ? »

Ce à quoi Bennosuke répondra : « Le régent Hideyoshi Toyotomi. »

Un système qui ne souffre d’aucune exception, quiconque oserait s’attaquer à un individu de rang supérieur se verrait accuser d’un crime majeur puni par la mort du coupable (il est donc théoriquement inconcevable qu’un samouraï s’en prenne à un seigneur).

Le revers de la médaille, dans les strates les plus hautes, étant le risque d’attiser les convoitises et complots en tout genre au moindre signe de faiblesse d’un supérieur.

C’est d’ailleurs ce qui conduira à la bataille de Sekigahara, qui opposera les armées du clan Toyotomi (prétendants légitimes à la succession) à celles du clan Tokugawa, décrite dans la dernière partie du roman.

David Kirk nous plonge en totale immersion dans son intrigue, ne négligeant aucun aspect du récit (personnages, rythme…) qui s’avérera à la fois instructif (j’avoue sans la moindre honte que je n’avais que de très vagues connaissances sur le sujet), entraînant et addictif (difficile de lâcher prise une fois embarqué dans l’histoire).

J’ai pris énormément de plaisir à lire ce bouquin, d’autant plus que le style sans fioriture permet une grande fluidité de lecture, il me tarde donc de me plonger dans le second opus tout en espérant déjà que le troisième ne tardera pas trop à voir le jour (ceci dit je conçois volontiers qu’après cinq ans de travail sur ces deux premiers tomes, David Kirk ressente le besoin de faire un break).

MON VERDICT

3 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] David Kirk – Le Samouraï »

  1. Musashi Miyamoto Kidémarapa… 😆

    Carrément, 5 bouteilles, toi !! Bon, je pense que je vais réviser mes lectures, changer de sentier et aller m’encanailler avec des samouraïs qui ne sont pas un film avec le bel Alain Delon 🙂

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