[BOUQUINS] Jussi Adler-Olsen – Selfies

J. Adler-Olsen - Selfies« Oh mon Dieu, Oh mon Dieu, je suis en retard ! » pourrais-je sans mentir affirmer en paraphrasant un célèbre lapin blanc (cf Alice Au Pays Des Merveilles), sauf que pour ma part il ne s’agit pas d’un quelconque rendez-vous imaginaire, mais de la lutte inégale qui m’oppose à mon Stock à Lire Numérique. De nombreux auteurs et romans font les frais de ce retard, ce qui explique pourquoi j’ai attendu trois longs mois avant de me lancer dans le septième opus du Département V de Jussi Adler-Olsen, Selfies.
Alors que le Département V est menacé de fermeture pour d’obscures raisons statistiques et budgétaires (raisons que Carl Morck conteste vertement), le comportement de Rose est de plus en plus chaotique et imprévisible. Carl et Assad vont donc devoir enquêter seuls sur un possible lien entre un crime commis douze ans plus tôt et un crime survenu il y a trois semaines et encore en cours d’investigation…
Le tome précédent, Promesse, ne m’avait pas totalement convaincu, j’attendais donc beaucoup de cette septième enquête du Département V. Le résultat fut-il à la hauteur de mes attentes ? La réponse est malheureusement non, sans la moindre hésitation.
Je ne dis pas que le roman est nul, loin s’en faut ; c’est même un bon polar, efficace et parfaitement maîtrisé, mais je ne retrouve pas l’éclat qui faisait des cinq premières enquêtes de véritables coups de coeur.
Il faut bien reconnaître que l’enquête sur laquelle planche le Département V manque cruellement de profondeur par rapport aux précédentes. Sans doute aussi parce que Carl, Assad et Gordon passent beaucoup (trop ?) de temps à enquêter sur le passé de Rose afin de comprendre les raisons de son pétage de plombs.
Ah Rose, cette chère Rose ! On peut dire que plus d’une fois, dans les tomes précédents, j’ai eu envie de lui coller des claques face à ses sautes d’humeur imprévisibles. Il faudra attendre le sixième opus pour avoir un début de réponse permettant d’expliquer le pourquoi du comment de son comportement pour le moins imprévisible, de fait elle était remontée d’un cran dans mon estime. Mais ce n’était que la partie visible de l’iceberg, dans ce tome nous découvrons ce qu’elle a dû subir dans son enfance et sa jeunesse. Et surtout nous plonger au coeur même de l’esprit tourmenté de Rose. Je ne dirai rien de plus mais sachez que j’ai revu mon jugement la concernant, j’en suis même venu à me faire du souci pour elle.
Mais voilà, à force de centrer l’essentiel du roman sur le cas d’un seul personnage les autres en pâtissent forcément un peu (beaucoup ?). A commencer par l’enquête sur l’affaire du pistolet à clous qui est totalement oubliée alors que les choses tendaient à se décanter. J’ai trouvé Carl nettement moins cynique que par le passé, même s’il a encore le don de taper sur les nerfs de sa hiérarchie. Quant à Assad, il a miraculeusement fait des progrès en danois (même si parfois il y a quelques ratés) sans que l’on sache le pourquoi du comment de la chose.
Parallèlement à l’enquête du Département V, une assistante sociale se lance dans une croisade contre les parasites sociaux, déterminée à les éliminer une bonne fois pour toutes. Le lien entre les deux affaires apparaît rapidement aussi visible que le nez au milieu de la figure, mais ça ne suffit pas à donner au roman un second souffle qui lui aurait fait le plus grand bien.
Avant de poursuivre permettez-moi de m’étendre sur cette notion de parasite social. Ne sont pas visés les honnêtes gens qui bénéficient d’aides sociales et se démènent pour essayer d’améliorer leur sort. En l’occurrence il s’agit de nanas superficielles qui usent et abusent des aides sociales pour se pomponner, acheter des fringues et autres conneries du genre… sans faire le moindre effort en vue de réintégrer le système. Dans le cas du présent roman, je dois avouer que plus d’une fois j’ai eu des envies de meurtres concernant les trois greluches visées par Anne-Line Svendsen (l’assistance sociale psychopathe) ; je n’irai pas jusqu’à lui donner raison, mais il s’en faut de peu…
Un septième tome en demi-teinte (comme le précédent) mais cela ne m’empêchera pas d’être fidèle au poste pour les suivants. D’une part parce que ça reste tout de même du polar haut de gamme, et d’autre part parce que l’équipe du Département V fait pleinement partie de ma famille littéraire, du coup je ne compte pas les abandonner avant d’avoir le fin mot de l’histoire.

MON VERDICT