[BOUQUINS] Mallock – Le Principe De Parcimonie

Mallock - Le Principe De ParcimonieLa perspective de retrouvailles avec Mallock (aussi bien l’auteur que son commissaire homonyme) est une quasi certitude de passer un bon moment de lecture. Faute à un emploi du temps qui m’a justement laissé trop peu de temps, j’ai tardé à me lancer dans ce cinquième opus des Chroniques Barbares, Le Principe De Parcimonie.
Afin d’inaugurer leurs nouvelles infrastructures, Mallock et son équipe se voit confier une affaire d’envergure : on a volé La Joconde ! Une opération sans faille qui laisse un blessé grave sur le marbre du Louvres. Rapidement un certain Ockham revendique le vol. Ce n’est que son premier forfait, narguant la police il va aller de plus en plus loin dans sa fureur criminelle…
Pour faire simple le Principe de Parcimonie (aussi appelé Rasoir d’Ockham) peut se résumer à un concept élémentaire : « Les entités ne doivent pas être multipliées par-delà ce qui est nécessaire« . Et c’est exactement ce qu’entend faire Ockham, nettoyer la société de ceux et celles qui la polluent inutilement… en les punissant par là où ils ont péché !
Certes on est dans la fiction mais je ne suis pas certain « que toute ressemblance avec des personnages existant soit purement forfuite » selon la formule d’usage. Un philobobosophe chevelu autoproclamé qui se prend pour un puits de sagesse ; ça ne vous rappelle rien ? Un indice, il adore les tartes à la crème… à moins que ce ne soient les tartes à la crème qui l’adorent. Entre tartes on se comprend !
Si dans ce cas précis le rapprochement saute aux yeux, d’autres victimes d’Ockham peuvent aisément se voir accoler un visage et un nom, ce ne sera pas forcément le même pour tout le monde mais en fouinant dans les tiroirs de la télé-poubelle ou des milieux pourritiques de tout bord vous trouverez votre bonheur. Malheureusement ces espèces ne sont pas en voie de disparition.
Mais je m’égare. N’allez surtout pas croire que je cautionne les actes d’Ockham, pour en arriver à de telles extrémités il faut vraiment avoir un problème au niveau des fusibles. Incontestablement Ockham est fou, un fou furieux qui ira crescendo entre chacun de ses forfaits. Et bien entendu c’est le branle-bas de combat au Fort Mallock, fou peut être, mais loin d’être con. Notre polichinelle sanguinaire ne laisse aucun indice exploitable dérrière lui, au contraire il semble jouer avec la police, et plus particulièrement avec Mallock (le commissaire) dans de macabres mises en scènes.
Sans surprise Mallock (l’auteur) nous entraîne dans une intrigue rondement menée, maîtrisée de A à Z et hautement addictive ; comme l’eau de la Seine la tension monte au fil des chapitres pour ne retomber que dans les dernières pages. Le palpitant et les nerfs seront mis à rude épreuve ; pour notre plus grand plaisir ! La dernière partie est une véritable course contre la montre.
Pourquoi diable est-ce que je vous parle de la Seine et de ses caprices ? En toile de fond de l’intrigue nous avons la crue centennale de la Seine (après l’inondation de 1910, le fleuve semble bien décidé à sortir de son lit histoire de venir lécher les pieds aux parisiens). Visionnaire le Mallock (l’auteur), le bouquin a été écrit en 2014, et en cette année 2016, du 7 au 18 mars, des exercices de simulation grandeur nature vont se dérouler afin de limiter l’impact d’une telle inondation (considérée par les experts comme un « risque majeur que la région sera un jour amenée à connaître« ).
Les lecteurs des précédentes Chroniques Barbares ne seront pas dépaysés par les différents acteurs croisés dans ce roman. Outre l’équipe du Fort, on retrouve Léon, Sigismond et Margot. Et puis bien entendu il y a Mallock himself, un tantinet moins mystique dans cette enquête ; il faut dire que Ockham ne lui laisse guère le temps de se livrer à de longues introspections. Moins gourmand aussi, la recette du jour m’a manqué ! heureusement sa verve et son cynisme habituel étaient bel et bien au rendez-vous.
Mais Mallock (l’auteur) c’est aussi et avant tout un style unique. Une richesse verbale et des tournures de phrase qui se lisent comme on écouterait une mélodie entêtante, obsédante. Les mots nous bercent, chantent à nos oreilles, même quand c’est pour nous infliger les pires horreurs, ça reste beau à lire, une poésie macabre sans la moindre fausse note. Juste sur le cul, une fois de plus ! Mallock vainqueur par KO technique.

MON VERDICT
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Morceau choisi (coupé pour éviter tout spoil et réordonné)

« Ils vous ont châtré, coupé la bite, mon cher commissaire. Avant, souvenez-vous, vous pratiquiez vous aussi le rasoir d’Ockham. Vous aussi, vous en avez coupé des têtes, ramené des scalps. Et puis, peu à peu, on vous a convaincu, commissaire, vaincu, interdit les coups de feu et les mises à mort. Les moutons crétins vous ont arraché les crocs un par un. En bon chien de chasse, vous ramenez maintenant la proie dans votre gueule jusqu’aux pieds de vos maîtres pour qu’ils festoient à votre place. Ne vous laissant que la seule fragrance du sang entre les dents.
C’est l’hypocrisie et la cupidité, la mode et la vanité qui construisent désormais le monde, et ceux que vous défendez, Mallock. Même nus avec des plumes dans le cul, le vrai et le juste n’intéressent plus personne. Tout est faux, tout est danger, leurre, baudruche, fumisterie, vulgarité, deuil et trompe-l’œil. Ne vous faites pas d’illusions, les messes caritatives, les senteurs humanitaires ou les nombreux remugles d’égalité ne sont que les effluves de nos dictatures modernes, commissaire. Et toi, commissaire, c’est eux que tu sers ? Mais qui est le fou dans cette histoire ? Qui est le traître ? Vous ou moi ? »

Le plus douloureux dans cette diatribe, c’était qu’elle correspondait à une vision de lui-même que Mallock redoutait. Celle d’un type aux ordres qui, un jour, ne servirait plus la vérité, ni même la justice, mais leurs grimaces : les lois.

14 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Mallock – Le Principe De Parcimonie »

  1. Que lis-je dans ton extrait ?? Des émasculations autre que celles dont nous parle sans cesse le Tonton Freud ??

    Bon, Mallock est sur mon tas, yapuka !

      1. Bon, c’est à vous que ça fait mal, messieurs… Mallock doit toujours être, tout comme moi, dans son stade phallique ! PTDR Freud est un homme drôle.

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