AU MENU DU JOUR
Titre : Voici Demain
Auteur : Valentin Musso
Éditeur : Julliard
Parution : 2025
Origine : France
256 pages
De quoi ça cause ?
Chloé et Paul vivent dans une ferme isolée, au pied des Pyrénées. Ils partagent leur quotidien avec Mathieu, qui enseigne à Paul différentes techniques de chasse et de survie. Le trio a renoncé à tout confort moderne et s’est coupé du monde pour se rapprocher de la nature.
Mais la réalité ne va pas tarder à se rappeler à eux quand l’impensable se produit, plongeant le pays dans la panique. Dans cet environnement devenu hostile, le moindre événement peut avoir des conséquences dramatiques. Une mauvaise chute, un animal sauvage qui rôde, l’irruption d’un inconnu…
La vie déjà précaire de Chloé, Paul et Mathieu vacille. Pourtant, leur cauchemar ne fait que commencer : ils sont loin de se douter du véritable danger qui les guette.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que ça faisait déjà un moment que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire de Valentin Musso, le petit frère de Guillaume.
A en croire la quatrième de couv’, ce dernier roman l’éloigne de son genre de prédilection qui reste le polar / thriller.
Ma Chronique
Dès les premières pages, Valentin Musso veut imposer une atmosphère anxiogène et oppressante. Le lecteur se retrouve plongé dans un huis clos, au cœur d’une ferme isolée, perdue dans les bois, où vivent un homme et une femme dont on ignore presque tout. Le monde extérieur semble avoir été ravagé par un mystérieux mal.
De prime abord, tous les ingrédients de la dystopie classique semblent réunis : isolement, menace invisible, perte de repères, et un climat de peur diffuse. Pourtant, à mesure que le récit avance, ce cadre se fissure. Valentin Musso cultive un peu trop l’ambiguïté, sème le doute, et l’on en vient à se demander si ce que l’on perçoit est bien réel. J’ai rapidement eu la certitude qu’il y avait anguille sous roche, que l’auteur jouait volontairement avec les codes du genre pour mieux nous égarer.
Et il faut reconnaître que le pari est réussi. Valentin Musso parvient à surprendre à plusieurs reprises, notamment à la fin de la première partie, lorsque se révèle le véritable lien qui unit Paul et Chloé. Puis, à la fin de la seconde partie, une autre révélation bouleverse notre perception de l’histoire et redéfinit tout ce que nous pensions avoir compris. Même en se doutant que l’auteur prépare un twist, on se fait balader.
Pendant une grande partie du roman, les personnages de Paul et Chloé demeurent énigmatiques. Cette distance crée d’abord une légère frustration, quand les pièces du puzzle finissent par s’emboîter, leurs comportements et leurs réactions prennent enfin sens.
Il serait tentant d’aborder d’autres aspects du roman, mais ce serait trahir le choix de Valentin Musso, qui préfère laisser dans l’ombre certaines zones jusqu’au moment qu’il juge opportun. Ne souhaitant pas spoiler, je resterai donc dans une approche très générale du roman.
Sur le plan formel, la construction narrative est particulièrement maîtrisée. L’auteur alterne les points de vue et les styles : un récit à la troisième personne se mêle à des passages à la première personne, où Paul et Chloé prennent tour à tour la parole. Cette alternance fluidifie le récit, renforce l’immersion émotionnelle et offre une compréhension plus fine de leurs tourments intérieurs. Le résultat est d’une grande cohérence, à la fois sur le plan psychologique et narratif.
Nul doute que je poursuivrai ma découverte de ses romans : Valentin Musso s’impose comme une voix singulière dans le paysage du thriller français, différente de celle de son frère Guillaume, mais tout aussi efficace quand il s’agit de tenir le lecteur en haleine.
MON VERDICT

