AU MENU DU JOUR
Titre : Le Ferry
Auteur : Mats Strandberg
Editeur : Bragelonne
Parution : 2017
Origine : Suède (2015)
De quoi ça cause ?
Le Baltic Charisma est un ferry qui assure régulièrement la liaison entre la Suède et la Finlande, une traversée de 24 heures, dont une nuit au cours de laquelle de nombreux passagers se permettent quasiment tous les excès. Mais cette nuit-là, la croisière va se transformer en cauchemar pour les mille deux cent passagers du ferry…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
La couv’ : ce couloir ensanglanté m’est instantanément apparu prometteur.
L’accroche : « La vague de terreur qui a balayé la Suède »
Je sais que parfois (souvent) c’est un piège à con ce truc, mais il n’empêche que ça fait encore son effet (ça doit être truc subliminal).
La quatrième de couv’ : une fois n’est pas coutume, elle est d’une remarquable sobriété.
Le mystère reste entier quant à la menace qui plane sur le ferry et ses passagers.
Ma chronique
Au vu de la couv’ sanguinolente et de la sobriété (bienvenue) de la quatrième, il me tardait de découvrir ce qui allait transformer une croisière plutôt routinière en un véritable bain de sang. Toutes les options restaient envisageables : tueur en série, terroristes, virus, bestiole(s) pas sympa(s) et affamée(s) ou tout autre genre de monstruosité. Pour ma part j’ai compris ce à quoi l’on aurait à faire dès la première rencontre avec ces « deux passagers comme il n’en est encore jamais monté à bord sont présents« .
Chroniquer ce bouquin a quelque chose de frustrant, il ne faut surtout pas se montrer trop loquace, au risque de lever le voile sur ce mystère. Et du coup ça va m’obliger à faire court…
Le roman se décline sous la forme de chapitres POV (Poinf of View). Chaque chapitre nous fait vivre l’intrigue du point de vue d’un personnage. Une forme narrative popularisée par la saga Le Trône De Fer de George R.R. Martin.
Les personnages sont nombreux, il faut le temps de se familiariser avec chacun histoire de les recadrer aisément. Mats Strandberg prend justement le soin de faire monter la pression lentement, de fait le lecteur n’est jamais embrouillé à se demander qui est qui ou qui fait quoi.
Je ne vais pas m’appesantir sur chacun, disons simplement qu’il y en a des sympathiques, des moins sympathiques et des franchement méprisables. Mais le plus souvent nul n’est tout blanc ou tout noir, un peu comme dans la vraie vie en fait.
J’ai un un faible pour Albin et Lo (même si au départ elle est un peu tête à claques, une ado quoi !), deux enfants confrontés à un monde d’adultes qui se délitait déjà avant même que les choses ne virent au cauchemar.
Comme indiqué plus haut, l’auteur opte pour un rythme de diesel. Il prend le temps de poser son cadre et ses personnages avant de répandre çà et là quelques gouttes d’hémoglobine. Loin d’être ennuyeuse, cette relative lenteur tendrait plutôt à faire monter l’angoisse, on attend avec une certaine appréhension le moment où la machine va s’emballer et où tout va aller de mal en pis. Parce qu’inévitablement, la situation ne peut que dégénérer et empirer.
Et effectivement quand la situation devient ingérable l’auteur change radicalement de rythme. Le bouquin devient hautement addictif, plus moyen de le lâcher avant de connaître le fin mot de l’histoire.
Un roman à réserver aux lecteurs qui ont le coeur bien accroché, l’hémoglobine coule à flots et l’auteur ne lésine pas sur certaines descriptions ; tout ce qu’il faut pour faire un bon récit horrifique à huis clos, les amateurs du genre apprécieront… les autres passeront leur chemin… ou vomiront leur quatre-heures et leur minuit aussi (merci à Renaud, à qui j’emprunte sans vergogne cette expression).
Un petit bémol pour finir, sur la forme davantage que sur le fond. J’ai parfois rencontré quelques lourdeurs dans le style et une typographie un peu anarchique. Je ne sais pas si la faute en incombe à l’auteur ou à la traductrice. Rien de franchement rédhibitoire, mais suffisant pour faire tiquer le maniaque que je suis.