[BOUQUINS] Mattias Köping & Marsault – Macadam

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Titre : Macadam
Auteur : Mattias Köping
Illustrations : Marsault
Éditeur : Magnus
Parution : 2022
Origine : France
342 pages

De quoi ça cause ?

Mattias Köping nous propose 13 nouvelles au fond aussi sombre que le macadam. Les dessins de Marsault viennent souligner et sublimer cette noirceur.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Dès que j’ai eu vent de la sortie de ce bouquin j’ai eu envie de me le procurer. Mais l’éditeur Magnus fait partie des réfractaires au numérique et je refuse catégoriquement que le moindre denier de ma poche ne vienne gonfler le pécule de ces maisons d’édition.

Il a donc fallu que j’attende qu’un courageux artisan prenne les choses en main, après quelques retouches personnelles (redimensionnement des images), j’ai pu profiter pleinement de l’objet de mon désir livresque.

Ma Chronique

Mattias Köping et Marsault ont longtemps fait partie des piliers des éditions Ring (avec Laurent Obertone et Papacito notamment). Aujourd’hui ils ont rejoint les éditions Magnus, créées par Laura Magné et Laurent Obertone.

Je connais Mattias Köping de nom – et de réputation –, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de me plonger dans son univers littéraire, malgré d’excellents retours… et malgré la présence de ses deux précédents romans dans mon Stock à Lire Numérique.

J’ai fait la « connaissance » de Marsault via Facebook, ses dessins qui foutent un énorme coup de pied au cul à la bien-pensance et au politiquement correct m’ont immédiatement séduit. Un esprit un tantinet provoc’ que j’ai retrouvé avec plaisir dans les albums Breum.

C’est le hasard de ma PàL qui a fait que je reste dans le monde de la nouvelle et dans le domaine du noir. Un noir aussi opaque que la couverture dessinée par Marsault.

Je vous propose un bref tour d’horizon des nouvelles composant le présent recueil. Si toutes restent résolument noires, les approches différent, parfois teintées d’humour (noir forcément), parfois inspirées fait réels, parfois même avec une pointe de tendresse, souvent brut de décoffrage. Une chose est sure, sous la plume de Mattias Köping, aussi acérée et sèche que ses intrigues, la vie est un colis piégé qui peut vous péter à la gueule à tout instant.

Avec Traviole les auteurs commencent très fort. Bébert, un géant un peu benêt apprécié de tous, va être jugé pour le meurtre sauvage de trois adolescents. Et vous savez quoi ? Je n’ai aucune honte à dire haut et fort que ces sales connards n’ont eu que ce qu’ils méritaient !

En Revenant De Suisse ne vous invite à une errance bucolique dans les montagnes helvètes. Au lieu de ça vous assisterez aux dernières vacheries d’un couple qui se déteste alors que la Faucheuse approche à grand pas.

Le Dernier Voyage De la Belle Marianne vous convie à une traversée pour le moins houleuse… à moins que.

Les Derniers Pétales De Béatrice De Choisy vous fera assister à la cruelle désillusion amoureuse de ladite Béatrice. Le grand amour ne s’achète pas sur internet, Béatrice l’apprendra à ses dépens.

Dans Talibland c’est la carte de l’absurde qui est mise en avant. Imaginez un parc d’attractions dans la banlieue de Kaboul exclusivement réservé aux talibans, cadeau des Chinois aux nouveaux maîtres de l’Afghanistan.

Avec Moins 70% ! c’est la grande consommation – voire la surconsommation – qui est copieusement égratignée, sur fond de déforestation et d’huile de palme. Nutella en prend pour son grade mais ça ne m’empêchera pas de continuer d’en manger. Il n’en reste pas moins que la méga promo qui vire à l’émeute est inspirée de faits réels qui se sont produits en janvier 2018 dans plusieurs magasins de la chaîne Intermarché.

Bilan Hebdomadaire nous plonge dans le monde de l’entreprise et ses cadences infernales. Courte mais bonne.

Direction le Salvador avec Le Baiser, mais oubliez les vacances au soleil. Les gangs font la loi et se livrent une guerre sans merci. Une réécriture musclée de Roméo & Juliette version latina.

La Broffette c’est ainsi que certains petits malins surnomment Alexandre, un agent d’entretien un peu simplet ayant un sérieux problème d’élocution. Cible de toutes les brimades sans vraiment comprendre ce qui lui arrive.

Jacot Le Royaliste est un perroquet qui répète à tout va des slogans en faveur du roi, de la noblesse ou du clergé, ce qui n’est pas vraiment bien vu par les tribunaux révolutionnaires de la Terreur. Ça pourrait prêter à rire si ce n’était une histoire vraie… dommage que le ridicule ne tue pas.

La Cavalière met le tango en avant avec un couple de danseurs qui va transcender cette danse.

Bas Les Masques ! nous renvoie à la crise sanitaire et au port du masque obligatoire.

À Corps Perdus vient clore le présent recueil. Si je vous dis apotemnophilie ou encore acrotomophilie, vous écarterez peut-être le suffixe -philie qui renvoie vers une attirance (voire amour ou passion) vers quelque chose ; bien, mais encore ? Il s’agit en fait de troubles identitaires de l’intégrité corporelle (TIIC pour les intimes). Kezako ? Lisez cette nouvelle et vous le saurez.

Un recueil noir de chez noir à ne pas mettre entre toutes les mains, le texte de Mattias Köping est souvent cru, brut de décoffrage, et l’auteur n’est pas avare en détails en tout genre. À déconseiller aux chastes oreilles… et aux adeptes de la bien-pensance.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Laurent Obertone – Guerilla – Le Dernier Combat

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Titre : Guerilla – Le Dernier Combat
Auteur : Laurent Obertone
Éditeur : Magnus
Parution : 2022
Origine : France
332 pages

De quoi ça cause ?

Après vingt-sept jour d’une crise sans précédent, l’ordre semble enfin rétabli. C’est en tout cas ce que voudrait faire croire Victor Escard, le nouveau président qui se pose en sauveur et en garant du très-bien-vivre-ensemble. Quitte à mentir ouvertement et manipuler les foules…

Mais Escard ne devrait pas réjouir trop vite de son succès, Vincent Gite, désormais ennemi public n°1 à la suite de l’attentat de Vincennes, est toujours à ses trousses. D’autre part, le capitaine Danjou et ses légionnaires ne sont pas décidés à déposer les armes.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Comme son nom le suggère fortement, c’est le dernier volet de la trilogie Guerilla. Impossible de faire l’impasse après deux tomes qui m’ont tenu en haleine…

Ma Chronique

Vous le savez sans doute je suis réfractaire aux maisons d’éditions ne proposant pas d’offre numérique, pas question pour moi de verser un centime à ces gens-là. Les éditions Magnus (co-fondée par Laurent Obertone) étant dans la même logique marketing que feues les éditions Ring, je n’achèterai aucun de leurs titres.

Ne pas acheter ne signifie pas pour autant ne pas lire… L’option cadeau permet de contourner la limite (merci au père Noël pour ce roman). Sans parler de l’offre alternative, par laquelle je suis passé pour me procurer une version numérique du bouquin.

D’emblée je dois vous avouer que ce dernier tome est celui qui m’a le moins convaincu. L’effondrement décrit dans les deux premiers tomes est la conséquence directe du laxisme et du renoncement porté par la politique du très-bien-vivre-ensemble ; le sauveur providentiel, Victor Escard, propose un retour à la normale dans la droite ligne de son prédécesseur… à la puissance 10 ! J’ai du mal à croire que le français moyen puisse accepter cette idée et se laisser berner à nouveau. J’espère ne pas me tromper…

Suite directe de ma remarque précédente, j’ai été franchement dérangé par les passages relatifs aux prétendus dédommagements dûs aux prétendues victimes d’exclusion (ethnique, religieuse ou sexuelle). À force de pousser le bouchon, ça devient franchement too much et pas du tout crédible.

Je tiens toutefois à souligner qu’il y a quelques bonnes idées qui évitent le naufrage, ainsi je n’ai eu aucun mal à croire en la manipulation des foules par les médias – d’autant que seuls les médias officiels ont le droit d’émettre – ; il en va de même pour les dérives des milices mises en place par Escard et ses sbires pour restaurer l’ordre et la confiance.

J’ai tout particulièrement apprécié de retrouver des personnages déjà croisés dans les précédents opus et de découvrir la suite de leur parcours (souvent chaotique).

Parmi les nouveaux venus j’ai bien aimé le personnage de Laurent Buvard, un enquêteur mandaté par Escard pour trouver et neutraliser Vincent Gite. Marcel et ses élans éthyliques apporteront quelques touches d’humour bienvenues pour détendre l’atmosphère.

Heureusement la bataille de Paris vient redistribuer les cartes et donne au roman un second souffle bienvenu. Dommage qu’il faille attendre le chapitre 38 pour voir jaillir l’étincelle qui va sortir la France moyenne de sa torpeur.

Pour la suite des évènements, Laurent Obertone ne se laisse pas emporter par l’euphorie et l’optimisme ambiant. Il porte un regard plutôt juste sur la nature humaine face au pouvoir. On aimerait y voir un certain cynisme mais ne nous berçons pas d’illusions, le Pays des Bisounours n’existe pas !

Si ce troisième opus m’a moins convaincu que les précédents, il n’en reste pas moins nécessaire pour clore une intrigue qui s’étalera qui nous fera découvrir sur sept jours (du vingt-huitième au trente-quatrième jours). Une trilogie qui mérite d’être découverte même si son propos heurtera la bien-pensance de certains lecteurs.

Avant de clore cette chronique, je vous invite à découvrir l’interview de Laurent Obertone sur Breizh Info (je ne cautionne pas ce média mais l’auteur tend à être blacklisté par les médias plus traditionnels)

MON VERDICT