Inutile de vous préciser que la situation de mon Stock à Lire Numérique ne s’arrange pas, la lutte est rude pour se hisser sur la première marche du podium, d’autant qu’il y a du beau monde en lice (dont Mallock et Glenn Cooper pour ne citer que les petits nouveaux). Finalement, et contre toute attente, c’est un challenger (ou plutôt une challenger) venu(e) du plat pays qui sera l’heureux(se) élu(e). And the winner is… Nadine Monfils, avec Les Vacances D’Un Serial Killer, premier titre de l’auteure qui nous permet de découvrir les exploits de Mémé Cornemuse (comme j’ai aussi les trois suivants en stock ça aide, forcément). Qui plus est c’est aussi l’occasion d’apporter une touche d’exotisme à mon univers littéraire…
Pour Alfonse et Josette, le couple Destrooper, pas question de rater les incontournables vacances à la Mer du Nord ; leurs ados, Steven et Lourdes ne partagent pas le même enthousiasme vis-à-vis de ces vacances en famille. Puis il y a Mémé Cornemuse, la mère de Josette, qui les accompagne dans sa caravane, une grand-mère tout feu tout flamme qui n’a pas froid aux yeux. Les vacances commencent mal, Josette se fait piquer son sac par un motard ; plus tard, dans les toilettes d’une aire de repos, les gamins vont tomber sur le cadavre du voleur. Et les vacances ne font que commencer…
Bien que le bouquin soit estampillé polar ne vous attendez pas à des poussées d’adrénaline ou à une surchauffe neuronale face à une intrigue tarabiscotée, Nadine Monfils annonce la couleur dès les premières pages, c’est à vos zygomatiques qu’elle en veut ! Et la bougresse sait s’y prendre pour les muscler à tout bout de champs, qu’il s’agisse de ses personnages hauts en couleur ou des situations toutes plus improbables les unes que les autres, vous n’avez pas fini de vous marrer en lisant les tribulations de Mémé Cornemuse.
Il faut bien reconnaître que tout l’intérêt du bouquin réside dans les nombreuses péripéties de la mamie, le reste de la famille Destrooper ne mérite guère que l’on s’attarde sur leur cas ; le couple est un modèle de beauf-attiitude et les deux ados, des glandeurs-nés. La vieille est un personnage hors du commun, pas vraiment portée sur la morale et le politiquement correct. J’aurai plaisir à la retrouver afin d’en apprendre d’avantage sur ce curieux spécimen (pour le moment on sait essentiellement d’elle qu’elle est fan d’Annie Cordy).
Comme souvent quand un(e) auteur(e) veut jouer la carte de l’humour il ne doit pas s’encombrer de fioritures stylistiques, Nadine Monfils ne déroge pas à la règle, la lecture est d’une remarquable fluidité (lu dans la journée) et l’on quitte ce bouquin le coeur léger et un sourire presque béat aux lèvres. A défaut d’être un chef d’oeuvre ça n’en reste pas moins un agréable divertissement, ne serait-ce que pour ça j’en redemande !
Je pourrai même avancer comme argument de vente que le bouquin a aussi un rôle hautement instructif, il nous permet de nous familiariser avec le parler belge (il ne manque que l’accent). L’auteure en profite aussi pour lancer quelques piques vers les flamands, difficile d’affirmer si c’est uniquement le ressenti de certains de ses personnages ou si elle partage ces opinions ; de toute manière c’est bien là le cadet de mes soucis, comme tout à chacun, Nadine Monfils a le droit d’avoir ses opinions et de les exprimer.
Étiquette : Littérature belge
[BOUQUINS] Paul Colize – Back Up
Il est des bouquins à côté desquels je serai passé sans mes errances sur le Net, un roman qui semble n’inspirer que des critiques béates d’admiration c’est pas net ça. La tentatrice première a été Zofia, puis d’autres ont enfoncé le clou, encore et encore ! Il m’était donc impossible de passer à côté de ce Back Up de Paul Colize, et d’y apporter mon grain de sel…
Je ne vous gratifierai pas d’un pitch maison vu que c’est quasiment impossible à présenter en quelques mots, du coup vous aurez le droit à un simple copier-coller de la quatrième de couv’. Quel rapport entre la mort en 1967 des musiciens du groupe de rock Pearl Harbor et un SDF renversé par une voiture à Bruxelles en 2010 ? Lorsque l’homme se réveille sur un lit d’hôpital, il est victime du Locked-in Syndrome, incapable de bouger et de communiquer. Pour comprendre ce qui lui est arrivé, il tente de reconstituer le puzzle de sa vie…
Une mise en bouche plutôt appétissante non ? D’autant que la couverture du bouquin est elle aussi à la hauteur. Alors pourquoi serai-je passé à côté crévindiou ? Un auteur inconnu au bataillon (à mon bataillon en tout cas) et un titre qui ne m’inspire pas plus que ça, comme quoi ça tient à pas grand chose… Aujourd’hui je peux vous assurer que je ne regrette de m’être laisser tenter, ce bouquin vous offre une expérience de lecture assez unique en son genre. Rien que la playlist qui ouvre le bouquin vous fera saliver et suer des tympans !
Et d’ailleurs puisqu’on parle de genre bien malin celui ou celle qui pourra classer ce roman dans un genre ou un autre, la collection Folio Policier fait inévitablement penser à un polar, la mention roman noir sur la couverture parle d’elle même ; sauf que oui mais non, c’est à la fois un peu de tout ça et beaucoup plus que ça. Par contre une chose est certaine, l’auteur sait y mettre les formes, selon la partie du récit qu’il aborde il modifie son style en fonction de ses personnages, mais l’écriture est toujours superbement maîtrisée.
L’intrigue est construite autour de trois axes. D’une part en 1967, avec les derniers jours de Pearl Harbor (à ne pas confondre avec Les prochains jours de Pearl Harbor, chanson qui figure au répertoire de Michel Sardou) et l’enquête du journaliste Michael Stern en vue de comprendre ce qui s’est réellement passé. Les deux autres axes du récit se déroulent simultanément en 2010. Avec d’abord le parcours médical de la victime non identifiée et pas vraiment déterminée à collaborer avec le staff médical. Ensuite avec les souvenirs (parfois peu glorieux) de notre mystérieux inconnu, des souvenirs sur fond des sixties rebelles et du rock n roll, des souvenirs plein de grands noms qui ont laissé une empreinte indélébile dans l’Histoire de la musique (Elvis, les Beatles, les Stones, Pink Floyd, Clapton, Hendrix, les Who… et bien d’autres). Ca pourrait être confus mais que nenni, une fois encore l’auteur prouve qu’il tient les rênes de son bouquin, à aucun moment il ne nous embrouille l’esprit.
Paul Colize impose à son récit un rythme lent, presque lancinant, mais jamais ennuyant, on contraire il nous scotche à sa plume et on plane avec lui (sans absorber aucune des saloperies qu’il fait ingurgiter à ses personnages). On se laisse embarquer en gardant dans un coin de la tête LA question du bouquin : quel est le rapport entre les événements de 1967 et ceux de 2010 ? Il va falloir vous armer de patience pour commencer à envisager le début d’une piste probable et même une fois ce rapport établi je vous promets que vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Jusqu’à la dernière ligne de la dernière page l’auteur vous surprendra.
L’auteur réussit habilement à combiner littérature et rock n roll, mais il n’est pas nécessaire d’être un passionné de rock pour apprécier son roman, disons que c’est un peu la cerise sur le gâteau. Pour ma part je suis du genre à préférer le silence quand je lis, afin de pouvoir plonger pleinement dans le bouquin, sans aucun élément parasite pour me distraire, tout au plus je veux bien un léger fond sonore à base de musique classique (sauf l’Opéra, d’une part je ne suis pas fan et d’autre part les voix perturberont mon immersion). La lecture de ce bouquin n’aura pas fait exception à la règle, j’adore le rock des années 60 et 70 mais pas pendant que je lis, par contre pendant mes pauses je m’offrais un petit échantillon rock histoire de prolonger la magie…