Comme vous le savez sans doute mon Stock à Lire Numérique a de nettes tendances à la boulimie, pas toujours facile dans de pareils cas de choisir sa prochaine lecture. La tentation de se ruer sur une des dernières entrées est grande mais cela risque de plonger des titres plus anciens dans les bas-fonds de l’oubli. Et puis parfois il suffit d’une bonne surprise ou d’un imprévu pour motiver mon choix. Le fait que le sieur Mallock s’intéresse à mon modeste blog a fait remonter Le Cimetière Des Hirondelles au top de mes priorités de lecture, puisque l’auteur m’honore de sa visite la moindre des politesses est de chroniquer son dernier roman.
Le commissaire Amédée Mallock se rend à Saint Domingue afin de rapatrier Manuel Gemoni, un français accusé du meurtre d’un vieil homme au passé obscur, mais aussi et surtout le frère d’une collègue du commissaire. Si la culpabilité du jeune homme ne fait aucun doute, son mobile reste un mystère que Mallock devra éclaircir s’il veut lui éviter la prison. Le hic c’est que non seulement Manuel Gemoni est incapable d’expliquer de façon rationnelle son geste mais en plus il en fier…
Je suppose que même les moins attentifs auront remarqué que l’auteur et son héros portent le même nom, n’y voyez là rien d’autobiographique, c’est juste un choix de l’auteur afin de mieux s’imprégner de son personnage. Ce roman est d’ailleurs le troisième mettant en scène le commissaire Mallock (les deux autres sont introuvables ici, il va falloir ruser), on retrouve bien quelques allusions aux titres précédents mais rien qui n’empêche de jouir pleinement de cette lecture. Au contraire ça ne fait que nous donner envie de plonger dans les précédentes enquêtes et surtout en apprendre plus sur le douloureux passé de Mallock (le flic), quel sadique ce Mallock (l’auteur) ! Comme si nos PàL n’étaient pas assez chargées comme ça. Qui plus est le gars enfonce le clou en annonçant une nouvelle enquête de Mallock (Les Larmes De Pancrace), à paraitre prochainement.
Dès le départ l’enquête s’annonce inhabituelle pour Mallock, d’une part parce qu’il est seul sur un terrain inconnu qui obéit à ses propres us et coutumes, d’autre part parce qu’il tient le tueur mais n’a aucun mobile. De fait le roman commence comme un polar mais un polar qui cherche à tirer son épingle du jeu. Pour y parvenir son plus grand atout reste la plume de son auteur, un style riche et fleuri, souvent incisif, parfois drôle ou émouvant, mais surtout ne le répétez pas à Mallock, le bougre pourrait se fâcher ; c’est un pur délice à lire.
Durant toute la première partie on suit Mallock à la découverte de Saint Domingue et empêtré dans une enquête qui semble n’avoir ni queue ni tête, forcément il ne se passe pas grand chose mais à aucun moment on ne s’ennuie ; et soudain… PAN ! Un rebondissement pour le moins inattendu nous sort de notre douce torpeur et donne à l’affaire une dimension nouvelle. Quelques pages plus loin l’auteur nous offre même une puissante touche de spiritualité sur fond de chamanisme ; décidément on va de surprise en surprise. Pour notre plus grand plaisir.
Retour mouvementé en France. Hé ho, vous croyez tout de même pas que je vais tout vous dire, non ! Pour faire simple vous aurez le droit à une enquête teintée d’irrationnel/mysticisme/spiritualité/paranormal/fantastique (rayez les mentions inutiles selon votre ouverture d’esprit) qui ne manquera de vous surprendre par bien des aspects. Mais surtout qui vous rendra très rapidement accro, à peine fermerez vous le bouquin que vous serez saisi d’une irrépressible envie de le rouvrir pour reprendre sa lecture, encore et encore.
J’ai eu un véritable coup de coeur pour le personnage de Mallock, homme blessé qui cache ses douleurs passées sous des apparences d’ours mal léché taciturne, un flic fonceur et frondeur qui ne se laisse pas emmerder par les convenances. Et, pour ceux qui le connaissent, un ami et un collègue qui a un coeur en or. Un personnage tout en contrastes, comme je les aime.
Peut être vous demandez d’où sort ce titre bizarroïde. Lisez le bouquin et vous aurez la réponse à votre question. Rien n’est laissé au hasard.
Quel est le Mallock qui vient visiter mon blog ? Le flic ou l’auteur ? Ou encore un troisième homme ? Bin oui notre Mallock (auteur, Jean-Denis Bruet-Ferreol de son vrai nom) a plus d’une corde à son arc ; pour vous en convaincre je vous invite à jeter un oeil à son site officiel. Et tout cas, quel que soit mon visiteur, je l’en remercie et espère avoir réussi, par cette modeste chronique, à rendre un digne hommage à son talent d’auteur.
Nul doute que d’autres chroniques seront consacrées à ses romains, anciens et à venir… Oui Monsieur Mallock, maintenant que je vous tiens je ne vous lâche plus d’une semelle !