[BOUQUINS] Ragnar Jonasson & Katrin Jakobsdottir – Reykjavik

Reykjavík,1956. Une jeune fille disparaît sans laisser de trace.

Trente ans plus tard, le mystère est toujours la plus grande affaire non résolue d’Islande.

Adepte de la littérature nordique, ça faisait déjà quelque temps que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire de Ragnar Jonasson.

Le pitch de ce roman écrit à quatre mains a titillé ma curiosité, et voilà.

Je remercie les éditions de La Martinière et la plateforme Net Galley pour leur confiance. Même si concrètement ce n’est pas le bouquin obtenu par leur biais que j’ai lu. Il serait temps que les éditeurs comprennent que le PDF c’était avant… aujourd’hui, j’ai autant envie de lire un roman au format PDF que de zieuter le dernier Marvel sur un vieux téléviseur noir et blanc avec un son crachotant. J’ai donc attendu la sortie commerciale du roman pour me le procurer au format epub.

Même si je n’ai jamais lu de romans de Ragnar Jonasson je le connais de nom et de réputation, il est en effet un incontournable de la littérature policière en Islande. Le nom de Katrin Jakobsdottir m’était quant à lui totalement inconnu. Et pour cause, elle est la chef du gouvernement islandais (Première ministre) depuis 2017. Les deux auteurs partagent la même passion pour la littérature policière.

Il faut un petit temps d’adaptation pour se familiariser avec les personnages et retenir leurs noms et rôles. D’autant qu’en Islande le nom patronymique n’est quasiment pas utilisé, celui-ci servant uniquement à établir le lien de parenté avec le père (parfois la mère). Ainsi la terminaison son signifie fils de (Jonasson, fils de Jonas) alors que dottir renvoie à fille de (Jakobsdottir, fille de Jakob). Les Islandais s’appellent usuellement par leur prénom et ne connaissent que le tutoiement.

J’ai été surpris d’apprendre que, comme les États-Unis, l’Islande avait, en 1908, voté une loi de Prohibition interdisant la vente d’alcool, loi entrée en vigueur en 1915 et abolie en 1935. Sauf en ce qui concerne la bière, il faudra attendre mars 1989 pour que sa vente soit de nouveau autorisée en Islande.

Pour contourner cette interdiction, dans les années 80 les pubs servaient une boisson appelée bjorliki, un mélange de bière sans alcool et de spiritueux (vodka, whisky…). À la vôtre !

Et si on parlait du bouquin après ces digressions culturelles ?

Tout commence en août 1956, quand Kristjan, un jeune policier, débarque sur l’île de Videy afin d’enquêter sur la disparition d’une adolescente, Lara. Une disparition qui restera inexpliquée et qui va émouvoir toute l’Islande (il faut dire que le pays est réputé pour une criminalité quasi inexistante).

Trente ans plus tard, Valur, un jeune et ambitieux journaliste, se lance dans une série d’articles sur la disparition de Lara. Il garde le secret espoir de clôturer sa série en apothéose avec des révélations inédites.

Dans la première partie du roman on suit donc l’enquête de Valur qui, interrogeant tous les protagonistes présents en 1956, va essayer de retracer les derniers jours de Lara… et, pourquoi pas, lever le voile sur cette mystérieuse disparition.

Le lecteur avisé aurait pu souffler au jeune homme : « Souviens-toi du Trône de Fer. », mais le roman de G.R.R. Martin ne paraîtra qu’en 1996, dix ans plus tard.

Je ne vous parlerai pas de la seconde partie du roman, car cela m’obligerait à dévoiler un élément clé de l’intrigue.

Le choix de l’année 1986 ne doit rien au hasard, non seulement c’est l’année du bicentenaire de Reykjavik, mais c’est aussi l’année où les deux hommes les plus puissants de la planète, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, vont se rencontrer en tête à tête dans la capitale islandaise. Tous les regards sont alors tournés vers cette petite île jusqu’alors méconnue.

Si le roman ne révolutionne sans doute pas le genre, il n’en reste pas moins bien ficelé avec une intrigue qui nous réservera quelques belles surprises et un duo d’enquêteurs des plus attachants.

Les autres personnages du roman ne servent pas juste de faire-valoir à l’intrigue, les auteurs ont pris soin de travailler leurs personnalités.

Pour l’anecdote, le roman a été écrit en grande partie pendant le confinement suite à la pandémie de COVID-19. Je ne sais pas comment Ragnar et Katrin (optons pour la mode islandaise en les appelant par leurs prénoms) se sont partagé le travail, mais l’écriture est d’une grande fluidité et parfaitement linéaire (dans le bon sens du terme, pas de décrochage entre les paragraphes ou les chapitres).

Au final j’ai trouvé ce polar fort sympathique et hautement addictif, c’est à contrecœur que je le lâchais pour satisfaire aux obligations du quotidien. J’attends maintenant avec impatience de lire un roman coécrit par Maxime Chattam et Élisabeth Borne (pour le titre j’ai pensé à 49.3… ne me remerciez pas) !

[BOUQUINS] Mo Malo – Summit

AU MENU DU JOUR


Titre : Summit
Série : Qaanaaq – Livre 4
Auteur : Mo Malo
Éditeur : La Martinière
Parution : 2022
Origine : France
384 pages

De quoi ça cause ?

À la demande de son supérieur, Arne Jacobsen, Qaanaaq Adriensen doit superviser la première réunion de la Scandinavian Police Association. Les cadors de la police islandaise, danoise, norvégienne et finlandaise vont se réunir au QG de la patrouille Sirius, aux portes de l’inlandsis.

Les choses commencent mal, à peine débarqué au Groenland, le représentant de la police islandaise disparaît mystérieusement. Et ce n’est que le premier « incident » qui va perturber la tenue de ce sommet, les choses vont en effet aller de mal en pis…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la quatrième enquête de Qaanaaq Adriensen et son équipe, un coup de cœur dès leur première apparition qui ne s’est jamais démenti.

Ma Chronique

Je remercie les éditions La Martinière et Net Galley pour leur confiance et la mise à disposition de ce roman.

Petit détour par le visuel avant d’entrer dans le vif du sujet. C’est la couv’ de Qaanaaq (le premier opus de la série) qui m’a irrésistiblement attiré vers le roman avec son ours polaire qui fait trempette. A l’occasion de cette quatrième enquête ce brave nanuq (littéralement, ours polaire en inuit) est de retour en tête d’affiche. Une présence qui ne doit rien au hasard, la bestiole ne venant pas faire que de la figuration dans ce roman.

Petite digression géographique maintenant. Vous savez sans doute que la Scandinavie ne désigne pas un état mais une entité géographique regroupant plusieurs états. Au sens strict elle est formée par la Norvège, la Suède et le Danemark qui constituent un ensemble relativement homogène sur les plans ethniques, linguistiques et historiques. Au sens large et usuel, on y ajoute la Finlande et l’Islande, soit l’ensemble des états nordiques. Sauf que ces états sont déjà représentés au sein d’une institution appelée Conseil nordique.

C’est bon on peut y aller ? Allez zou, embarquement immédiat en direction du Groenland.

Ceux et celles qui ont lu les trois précédents romans de la série ne seront pas totalement dépaysés et retrouveront avec plaisir des personnages qu’ils connaissent désormais presque comme leurs amis. Un plaisir que ne suffira pas à gâcher la présence d’Arne ‘La Fourmi’ Jacobsen, plus déterminé que jamais à nuire à Qaanaaq Adriensen.

Si vous n’avez pas lu les trois précédents romans de la série (Qaanaaq, Disko et Nuuk), je ne saurais que trop vous conseiller de le faire avant de vous lancer dans la lecture de Summit. En effet le présent roman fait très souvent référence aux précédentes enquêtes de Qaanaaq et son équipe, difficile dans ces conditions d’apprécier pleinement le déroulé de l’intrigue et plus encore les personnages sans connaître leur histoire.

Rapidement Qaanaaq va réaliser que ce séminaire de la SPA ne sera pas un banal atelier de cohésion des équipes dans la lutte contre le crime organisé. Déjà la disparition du représentant de la police islandaise n’augurait rien de bon, quand celui de la police finlandaise est blessé par balle dès la première sortie du groupe, il apparaît clairement qu’ils sont la cible d’un ennemi invisible… et sans doute venu de l’intérieur.

Ces « incidents de parcours » ne suffiront toutefois pas à convaincre le chef de la patrouille Sirius de changer le programme prévu pour leurs hôtes. Programme dont le point d’orgue sera un trek en traîneau à chiens en bordure de l’inlandsis (sans doute le décor le plus hostile qui soit en milieu polaire).

Fidèle à son habitude Mo Malo (définitivement le plus nordique des écrivains français) place la nature au cœur de son intrigue. L’inlandsis lui offre effectivement un terrain de jeu particulièrement inadapté à l’humain avec des températures extrêmes et un relief accidenté qui dissimule de nombreux pièges invisibles – sauf au dernier moment… quand il est déjà trop tard. Ajoutez au tableau un redoutable prédateur particulièrement sournois et rancunier (fallait pas venir lui chier dans les pattes).

Plus que jamais l’humain sera la clé de la survie dans un décor pareil. Livrés à eux-mêmes après une succession de défaillances, les trekkers vont devoir, plus que jamais, rester solidaires et faire front uni contre l’adversité (pas évident quand on soupçonne qu’il y a – au moins – un fruit pourri dans le panier). Face au froid, au doute et à la faim qui les tenaille, la moindre faille fera d’eux une cible idéale pour la folie polaire.

Si on retrouve un Arne ‘La Fourmi’ Jacobsen plus mesquin et magouilleur que jamais, on en apprend aussi un peu plus sur les raisons de sa rancœur envers Qaanaaq. Longtemps Jacobsen va se réjouir du bon déroulé de son plan visant à décrédibiliser son ennemi juré… jusqu’à ce qu’il réalise qu’il n’a jamais été le maître du jeu et que dès le départ les dés étaient pipés pour lui aussi.

Pendant que nos valeureux séminaristes se débattent pour survivre, sur le continent une guerre des gangs menace d’exploser à tout instant. Les AK81, jusqu’alors affiliés aux Hell’s Angels, rêvent d’autonomie et surtout veulent leur part du gâteau. Un conflit larvé qui pourrait bien embraser toute la Scandinavie.

Une fois de plus Mo Malo n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de malmener ses personnages. J’avoue que plus d’une fois je me suis demandé s’il n’allait pas sonner le glas de notre sympathique Qaanaaq et des compagnons d’infortune. Avais-je raison de craindre le pire ? Ne comptez pas sur moi pour répondre à cette question.

Un roman qui se dévore tant il est maîtrisé et addictif de la première à la dernière page. Si comme moi vous adorez les thrillers qui jouent avec vos nerfs, vous vous régalerez avec ce bouquin. Il y a d’autres points que j’aurai aimé aborder dans cette chronique, notamment la relation des hommes de la patrouille Sirius et de leurs chiens de traîneaux, mais je n’en ferai rien afin de garder intact le plaisir de la découverte.

Je terminerai en signalant simplement qu’au fil des chapitres, j’ai supposé que le titre, Summit, faisait référence au sommet de la SPA (même si on est plus dans un contexte séminaire, voire atelier) avant de comprendre, dans la dernière partie du roman, que je faisais fausse route.

Et maintenant ? Et si je vous disais que Mo Malo prépare une nouvelle série dans un cadre radicalement différent (un indice, la chose devrait s’appeler La Breizh Brigade), ça vous aiderait ou ça ne ferait que vous embrouiller davantage ? Si vous voulez en savoir plus sur le sort de Qaanaaq vous voilà condamné à lire Summit (croyez-moi, il y a pire comme châtiment).

MON VERDICT

Coup de poing

[BOUQUINS] Mo Malo – Nuuk

AU MENU DU JOUR

M. Malo - Nuuk
Titre : Nuuk
Série : Qaanaaq Adriensen – Livre 3
Auteur : Mo Malo
Éditeur : La Martinière
Parution : 2020
Origine : France
416 pages

De quoi ça cause ?

Après une période de convalescence, Qaanaaq Adriensen est autorisé à reprendre ses fonctions de chef de la police sous deux conditions : un suivi psychologique régulier préalable à toute reprise et une tournée de l’ensemble des commissariats placés sous sa responsabilité.

Une tournée de routine qui va rapidement le replonger au cœur de l’action. Plusieurs adolescentes se sont données la mort peu après avoir croisé la route d’un mystérieux conteur inuit. D’autre part un inconnu lui expédie, à chaque étape de sa tournée, un macabre colis contenant des restes humains…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la troisième enquête de Qaanaaq Adriensen. La fin de Diskø laissait bouquin de questions sans réponses, il me tardait de chausser mes kamiks et de retourner au Groenland.

Ma Chronique

Comme de nombreux lecteurs (je suppose en tout cas) certains personnages croisés au fil des lectures me touchent plus que d’autres, c’est encore plus vrai quand il s’agit d’un personnage appelé à devenir récurrent dans l’œuvre de son auteur.

Plusieurs noms me viennent à l’esprit pour illustrer mon propos : Jack Ryan (Tom Clancy), Le Bourbon Kid (Anonyme)ou encore Harry Hole (Jo Nesbo). Pour ne citer qu’eux, mais je sais d’ores et déjà que j’en oublie, et pas forcément des moindres.

Tout ça pour vous dire que Qaanaaq Adriensen fait partie de ces personnages, le coup de cœur fut instantané et, au terme de sa troisième enquête, il est plus fort que jamais. Comprenez que quand je dis Qaanaaq Adriensen j’englobe son entourage, qu’il soit familial ou professionnel (avec une attention toute particulière à Appu).

Pour cette « rencontre » (les guillemets c’est juste pour éviter qu’on me prenne pour un cinglé et qu’on appelle les gentils hommes en blancs avec leur chemise aux manches nouées), je tiens à remercier chaleureusement Mo Malo (aka Frédéric Mars).

Une fois de plus l’immersion au cœur du Groenland et de l’intrigue a été immédiate. Cette fois l’auteur construit son intrigue autour des traditions inuites, et plus particulièrement du chamanisme ; mais présentement le savoir et la sagesse ancestraux sont ici détournées pour servir de sombres desseins dont l’aboutissement est plus de nature criminelle que spirituelle.

Comme dans les précédents romans de la série, vous en apprendrez beaucoup sur le Groenland, ses habitants, leur culture… Mais bien plus qu’une invitation au voyage c’est aussi pour l’auteur l’occasion de souligner les maux qui rongent cette terre. Cette fois il sera beaucoup question des jeunes et de leurs problématiques (notamment la sensation d’isolement et le manque de perspectives d’avenir) qui peuvent conduire à certaines dérives (alcool et drogue) mais aussi et surtout au suicide.

À ce titre le Groenland affiche le taux de suicide (nombre de suicides pour 100 000 habitants) le plus élevé du monde avec un score affolant de 82,5 (alors qu’il est de 12,8 dans le reste du Danemark). Les deux autres leaders de ce macabre classement sont la Lituanie (31,9) et la Russie (31). La France quant à elle se classe en dix-huitième position avec un taux de suicide de 17,7.

Sans surprise c’est avec brio que Mo Malo teinte de noir (et de rouge sang) ces vastes étendues à la blancheur immaculée. Comme à son habitude il ne va pas y aller de main morte quand il s’agit de malmener ses personnages ; point de repos du guerrier pour Qaanaaq qui va se retrouver, encore une fois, personnellement pris pour cible par ce présumé / prétendu « chamane » qui sème la mort là où il passe.

Même si le fond reste incontestablement noir, l’auteur place l’humain au centre de son intrigue. Son héros se retrouve en effet face à un tournant décisif de sa vie personnelle mais aussi dans la tourmente au niveau professionnel. Il pourra heureusement compter sur le soutien sans faille de ses proches et de son équipe. Et il faudra bien ça pour faire face à l’esprit particulièrement retors et pervers de son adversaire, mais aussi pour composer avec une hiérarchie bien décidée à lui chier dans les bottes.

Difficile de faire pire que les meurtrières noces pourpres de George R.R. Martin (Le Trône de Fer) pour foirer une cérémonie de mariage ; il n’en reste pas moins que les noces de Qaanaaq réserveront une surprise particulièrement indigeste aux mariés et à leurs convives.

Si vous ne connaissez pas encore l’univers littéraire de Mo Malo mais souhaitez découvrir les enquêtes de Qaanaaq Adriensen, je vous recommande de les lire dans l’ordre de parution. Ce n’est certes pas indispensable mais c’est la meilleure façon d’apprécier pleinement les personnages que vous serez amenés à croiser.

A l’occasion de la chronique de Diskø j’avais râlé contre la couverture quelconque du roman alors que celle de Qaanaaq était superbe ; rien à redire ici, le renard polaire qui illustre la couverture de Nuuk est magnifique (et totalement raccord avec l’intrigue).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Mo Malo – Diskø

AU MENU DU JOUR

M. Malo - Disko
Titre : Diskø
Série : Qaanaaq Adriensen – Livre 2
Auteur : Mo Malo
Éditeur : La Martinière
Parution : 2019
Origine : France
416 pages

De quoi ça cause ?

Désormais chef de la police à Nuuk, Qaanaaq Adriensen gère, avec son équipe, un quotidien plutôt tranquille. Jusqu’à ce que le corps d’un homme soit retrouvé emprisonné dans un iceberg.

Rapidement les policiers vont comprendre qu’il ne s’agit pas d’un accident, la victime a été déposée dans une prison de glace taillée sur mesure pour lui assurer une mort lente et douloureuse.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’avais beaucoup aimé Qaanaaq, la première enquête de Qaanaaq Adriensen. Mais aussi parce que Nuuk, sa troisième enquête, doit sortir dans quelques jours.

Ma Chronique

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé la plume de Mo Malo pour un séjour plutôt mouvementé au Groenland en compagnie de Qaanaaq et de son équipe.

D’emblée je m’incline devant le don qu’à l’auteur pour nous plonger en totale immersion aussi bien dans son intrigue qu’au Groenland même. Je ne peux que saluer l’immense travail de documentation auquel il a dû se livrer pour nous restituer un cadre aussi réaliste.

Le décor étant planté avec le tome précédent, Qaanaaq, Mo Malo va droit au but et démarre son intrigue sur les chapeaux de roues avec une scène de crime particulièrement glaçante (OK, j’avoue, c’était facile sur ce coup, mais tellement tentant).

À peine le temps de décortiquer les premiers éléments entourant ce premier meurtre que le tueur refroidit (oui, je sais…) une seconde victime. Sauf que cette fois ladite victime est une proche de Qaanaaq, et plus encore de son assistant, Appu.

De fil en aiguille Qaanaaq va réaliser qu’il semble être la cible indirecte du ou des tueur(s), il devra dès lors non seulement tout mettre en œuvre pour identifier au plus vite le(s) coupable(s) – et donc comprendre leur(s) motivation(s) –, mais aussi protéger ses proches.

Mo Malo prend un malin plaisir à s’acharner sur son héros, le pauvre bougre va en prendre plein la gueule. D’une part l’enquête mettra ses nerfs à rude épreuve, mais elle le confrontera aussi à lui-même, et là encore bien des mauvaises surprises l’attendront au tournant.

Une intrigue menée tambour battant qui ne vous laissera que peu de temps pour souffler, l’auteur ne manquera pas de jouer avec vos nerfs et à pousser parfois l’adrénaline à son plus haut niveau. Addictif ? Vous avez dit addictif ? Oh que oui ! Une fois happé par le bouquin vous aurez bien du mal à le lâcher.

J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver les personnages déjà croisés dans Qaanaaq, à voir des personnages plus « secondaires » dans le premier roman, se développer et s’affirmer dans le présent roman, et bien entendu aussi à découvrir de nouveaux intervenants (mention spéciale à la légiste, Lotte Brunn). Si je voulais pinailler un brin je pourrai dire que j’aurai aimé retrouver un Appu plus présent, mais force est de reconnaître qu’il a des circonstances atténuantes justifiant son absence.

Avec Qaanaaq, Mo Malo marquait un brillant essai, essai transformé avec le même brio pour ce second opus des enquêtes de Qaanaaq Adriensen.

Franchement je ne regrette pas d’avoir lu ce bouquin si tardivement après sa sortie, il reste tant de questions sans réponses en le refermant, que j’aurai trouvé l’attente intolérable et un tantinet frustrante. Alors que là, je sais d’ores et déjà que dans quelques jours je retrouverai Qaanaaq…

Petit bémol de pure forme, autant la couverture de Qaanaaq était somptueuse, autant celle de Diskø est à chier. Bin alors, l’appareil photo était en panne ? C’est d’autant plus dommage que dans ses remerciements l’auteur nous invite à visiter des sites riches en ressources qui sont un pur régal pour les yeux (sans parler des nombreuses photos qui illustrent sa propre page Facebook).

Pour la petite histoire, depuis la parution de Qaanaaq le mystère autour l’auteur qui se cache derrière le pseudonyme de Mo Malo a été levé. Je ne vous cacherai que j’ai été surpris de découvrir que, sous ce nom de plume aux accents nordiques, se dissimulait Frédéric Mars . Pour être plus juste je devrai dire qu’il s’agit en fait de Frédéric Ploton, Frédéric Mars étant son nom de plume usuel.

Ce qui me fait penser qu’il faudrait que je me trouve un créneau parmi mes futures lectures afin de découvrir son dernier roman, La Lame, publié sous le nom de Fred Mars.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Mo Malo – Qaanaaq

AU MENU DU JOUR

Titre : Qaanaaq
Auteur : Mo Malo
Éditeur : La Martinière
Parution : 2018
Origine : France
496 pages

De quoi ça cause ?

Qaanaaq Adriensen, flic à la criminelle de Copenhague, est détaché à Nuuk, capitale du Groenland, afin d’enquêter sur un triple homicide commis sur le camp de base d’une grosse exploitation pétrolière.

Les scènes de crimes font penser à une attaque d’ours polaire, mais plusieurs éléments ne collent pas avec cette version officielle. Qaanaaq décide de tout reprendre à zéro, aidé par Appu, un flic inuit de la brigade de Nuuk…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

En premier lieu pour la couv’ (sublime), à peine l’ai-je entrevu que j’ai eu envie d’en savoir davantage sur ce bouquin. Et comme le ramage semblait se rapporter au plumage, il a de fait intégré mon Stock à Lire Numérique.

La campagne marketing lancée sur la page FB de l’auteur (un écrivain français connu qui publie son premier thriller sous couvert d’un pseudo), à grand renfort de photographies, a fait le reste.

Ma chronique

Vous le savez sans doute, je suis un grand fan du polar nordique, autant dire qu’un polar nordique made in France avait tout pour attiser ma curiosité. En effet si l’intrigue de Qaanaaq se déroule bien au Groenland son mystérieux auteur est bel et bien français.

Je ne sais pas qui se cache derrière le pseudo Mo Malo, mais une chose est certaine, il n’a pas à rougir de sa première incursion dans le monde du thriller. Qaanaaq est une totale réussite à plus d’un titre.

À commencer par Qaanaaq, son personnage principal. Pour info ça se prononce Hraanaak (avec un « Hr » qui formerait un r guttural et aspiré, un peu à l’image de la jota espagnole) et non Kaanaak comme on serait amené à le croire. Fin de la digression phonétique, revenons à notre Qaanaaq.

Qaanaaq est un enfant du Groenland, adopté par des parents danois, il n’a jamais mis les pieds sur les terres qui l’ont vu naître. De fait il n’en maîtrise ni la langue ni les traditions… Rendez-vous en terre inconnue. Un flic loin de l’archétype made in Hollywood, exit le Magnum 44, ses armes à lui tiennent davantage de la PNL (programmation neurolinguistique) et de la psychologie.

Un flic danois qui débarque donc au Groenland dans un contexte un peu particulier. Des élections législatives approchent et devraient déboucher sur un référendum sur la question de l’indépendance du Groenland. Idéal pour exacerber les rancoeurs xénophobes des nationalistes les plus radicaux ! Pas franchement le bienvenu le danois…

Le contexte propre au Groenland est un autre point fort du roman. L’aspect politique cohabite en effet avec des approches économiques et écologiques ; via l’exploitation des ressources du pays, notamment le pétrole… une manne qui ne laisse pas les multinationales indifférentes, mais à quel prix pour le Groenland ? Un pays où traditions et modernisme cohabitent, pas toujours en parfaite harmonie, parfois même en dépit du bon sens.

Dépaysement assuré en compagnie de Mo Malo et Qaanaaq ! Avant d’embarquer, pensez à sortir couvert, ça caille dans le coin ! Un froid qui peut vous tendre des pièges mortels, surtout si vous sortez des sentiers battus et vous aventurez au coeur de l’inlandsis. Pour info le Groenland c’est plus de 20 millions de km² (presque 4 fois la France) pour moins de 56 000 habitants (contre 67 millions en France).

Un bon thriller c’est aussi et surtout une bonne intrigue. Là encore Qaanaaq tient parfaitement la route avec une intrigue complexe à souhait (mais jamais brouillonne) qui vous réservera quelques surprises au fur et à mesure que son ampleur et ses enjeux vous seront révélés (au compte-goutte).

Les personnages secondaires ne sont pas laissés pour compte, l’auteur nous mitonne une galerie toute en nuances de gris. Comme Qaanaaq vous serez amenés à juger tel ou tel personnage suspect, avant de devoir réviser votre jugement.

J’ai tout particulièrement le personnage d’Appu (Apputiku Kalakek), un flic inuit qui accompagnera Qaanaaq au cours de son enquête et l’initiera sommairement aux us et coutumes inuits.

L’écriture et la construction du récit sont bien pensés et parfaitement adaptés au thriller. Décidément Qaanaaq est une sacrée révélation !

C’est à regret que j’ai quitté le Groenland et Qaanaaq, avec toutefois l’espoir de les retrouver à en croire les remerciements de l’auteur. Inutile de vous préciser que je répondrai présent…

MON VERDICT