[BOUQUINS] Kenneth Cook – Outback

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K. Cook - Outback
Titre : Outback
Auteur : Kenneth Cook
Éditeur : Gallimard (1964), réédition par Autrement
Parution : 2019
Origine : Australie
264 pages

De quoi ça cause ?

Alors qu’il vient de réussir un casse dans une bijouterie, Johnson tombe nez à nez avec un policier. Dans la panique, il le tue avant de prendre la fuite, devenant ainsi l’homme le plus recherché d’Australie.

Davidson, reporter de terrain, voit dans ce drame l’opportunité d’un scoop. Il se lance donc lui aussi sur les traces du fugitif…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Pour continuer à explorer la face obscure de l’univers littéraire de Kenneth Cook. Un jour il faudra que je me penche sur ses nouvelles afin de découvrir son côté plus rocambolesque.

Ma Chronique

Si Outback est bien le dernier titre en date de Kenneth Cook publié en France, c’est pourtant une vraie fausse nouveauté. Paru en VO en 1962 (c’est le second roman de l’auteur), ce roman a fait l’objet d’une première diffusion française par Gallimard en 1964 sous le titre Téléviré ; les éditions Autrement nous proposent de (re)découvrir ce roman dans une traduction révisée.

Je souligne ce point pour situer dans le temps le déroulement de l’intrigue et certains de ses aspects. Il y est notamment souvent fait mention de la peine de mort qui sera le verdict rendu en cas d’arrestation de Johnson. Dans les années 60, la peine de mort était encore en vigueur en Australie ; elle n’a été abolie sur l’ensemble du territoire fédéral qu’en 1985 (toutefois la dernière exécution remonte à 1967).

Autant j’avais aimé le roman A Toute Berzingue du même auteur, autant celui-ci me laisse un sentiment nettement plus mitigé. Il faut dire que le titre flirte avec la publicité mensongère, l’outback australien n’est en effet qu’un élément mineur du décor. On passe plus de temps dans à patauger dans les dessous du journalisme TV et ses nombreux travers (le plus abject étant le sponsoring à outrance).

Même l’aspect chasse à l’homme de l’intrigue, mis en avant en quatrième de couv’, apparaît comme étant secondaire et peine à convaincre.

Il faut dire que l’on peut difficilement ressentir une quelconque forme d’empathie pour le personnage de Johnson et ses accès de colère totalement injustifiés. Quand il ne cède pas à la colère, il est à la limite de perdre tous ses moyens, ce qui tendrait à la rendre encore plus imprévisible.

Heureusement les divers personnages composant l’équipe TV (des techniciens aux cadres dirigeants de la chaîne) évitent le naufrage sans forcément nous inspirer beaucoup plus de sympathie.

Un périple australien qui se laisse lire, mais loin d’être indispensable.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Kenneth Cook – A Toute Berzingue

K. Cook - A toute berzingueKenneth Cook fait partie de ces auteurs que je souhaitais découvrir, je ne saurai dire exactement pourquoi, sans doute parce qu’il est originaire d’Australie, notre grand voisin. Restait à trouver LE roman par lequel j’allais commencer mon immersion dans son univers. la réflexion fut de courte durée, j’ai opté pour le dernier sorti en France : A Toute Berzingue.
Shaw et Katie se rencontrent par hasard dans un bar paumé au milieu de désert australien, ils sympathisent puis leur chemin se séparent. Deux jours plus tard, alors que Shaw roule sur une piste au coeur de l’outback, Katie surgit devant la voiture, effrayée ; elle affirme être poursuivi par un homme qui cherche à la tuer. S’engage alors une impitoyable course poursuite entre les deux jeunes gens et le tueur…
Vous connaissez sûrement le film Duel de Steven Spielberg. Non ? Et bin tant pis pour vous, je poursuis mon raisonnement… fallait réviser vos classiques avant de venir ! Dans ce film, sorti en 1971, un représentant de commerce est traqué par un routier qui cherche à le tuer à tout prix. On ne sait rien des personnages, ni des motivations du routier, de lui nous ne verrons d’ailleurs qu’une paire de jambes et un bras. Prenez les mêmes ingrédients (à peu de choses près) et transposez tout ça au fin fond de l’outback australien, vous obtiendrez A Toute Berzingue.
Un roman publié en 2016 à titre posthume (Kenneth Cook est décédé en 1987) à l’initiative de la fille de l’auteur ; initiative dont on ne peut que la remercier chaleureusement. Comme je le disais plus haut, en référence au film Duel, nous apprendrons le strict minimum sur Katie et Shaw, et encore moins sur leur poursuivant (si ce n’est qu’il est entouré d’un remugle de pourriture, de mort et de crasse… sympa comme parfum). De fait l’auteur nous plonge directement au coeur de l’intrigue, oubliez les préliminaires. Et une fois engagé sur les chapeaux de roues dans le roman le rythme ne faiblit jamais, heureusement que le bouquin est relativement court (230 pages dans sa version papier) sinon j’aurai fini sous perfusion !
Si l’on ne sait pas grand chose des personnages, l’auteur ne manque pas de nous rappeler à tout moment à quel point l’outback australien est un milieu hostile, ainsi à l’entrée de la piste d’Obiri, où se concentrera l’essentiel de l’intrigue, peut on lire l’avertissement suivant : « Piste d’Obiri. Danger. D’ici à Obiri, la chaleur, les sables mouvants, soaks et autres dangers rendent la traversée extrêmement périlleuse. En cas de panne, n’abandonnez jamais votre voiture. Avant de partir, signalez-vous au poste de police de Yogabilla. Ni eau potable ni essence avant 600 kilomètres. »
Dans sa préface Douglas Kennedy, qui connait bien l’outback, confirme la dangerosité du coin, mentionnant en plus de sympathiques bestioles tels que les crocodiles ou les serpents venimeux qui vous font passer de vie à trépas en moins de deux heures. Le terrain de jeu idéal pour deux jeunes citadins poursuivis par un psychopathe ! Pour définir le roman en quelques mots, voilà ce que Douglas Kennedy en dit : « A toute berzingue est un roman d’action pur et dur. Une action effrénée qui tient en haleine du début à la fin : un page-turner torride au sens noble du terme. »
Je ne voudrai pas faire dans la surenchère mais voilà ce qu’indique l’auteur dans une note rédigée en 1982 : « Selon la police, plus de trois cents personnes sont portées disparues en Australie chaque année, et ne sont jamais retrouvées. » Et l’éditeur d’enfoncer le clou en actualisant ce chiffre : « En 2015, ce nombre s’élève désormais à mille six cents portés disparus annuels. »
Un récit cru, brut de décoffrage certes mais totalement addictif, une fois que vous serez lancé vous ne pourrez plus décrocher avant de connaître le fin mot de l’histoire. Une récit écrit en un seul bloc (aucun chapitrage, jusque des sauts de ligne çà et là) qui se lit certes en quelques heures, mais ne manquera pas de soumettre vos nerfs à rude épreuve.
Inutile de préciser qu’après cette première lecture de Kenneth Cook il me tarde de plonger plus avant dans son univers littéraire, d’autant que celui-ci semble revêtir de multiples facettes si j’en crois la note de la traductrice en fin d’ouvrage.

MON VERDICT
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