Au menu de cette chronique, une première pour moi : un western. En l’occurrence mon choix s’est porté sur Le Tireur de Glendon Swarthout.
El Paso, 1901. J.B. Books est le dernier des tireurs encore en vie, mais plus pour longtemps, un cancer le ronge inexorablement. Il décide alors de vivre ses derniers jours dans une tranquille pension de famille tenue par Mme Rogers, une veuve qui élève seule son fils, Gillom. Alors que Books n’aspire qu’à ce qu’on lui foute la paix, il devra pourtant composer avec les vautours qui chercheront à profiter de sa mort pour s’engraisser à son insu…
Publié en version originale en 1975, puis en français chez Gallimard la même année (sous le titre Une Gâchette), c’est sur l’édition/traduction Gallmeister parue en 2012 que j’ai jeté mon dévolu.
Comme je le disais en introduction de ce post, c’est la première fois que je lis un western… mais je sais d’ores et déjà que ce ne sera pas la dernière fois. Pas de vol à main armée, ni d’attaque de diligence, pas de méchants indiens non plus et pourtant je peux vous assurer que c’est un western pur jus que vous aurez entre les mains. Un western à la croisée de deux époques, la conquête de l’Ouest et ses héros appartiennent au passé tandis que le vingtième siècle et ses changements bouleversent peu à peu le quotidien de tout à chacun.
Le roman est porté par son personnage principal, John Bernard Books. Un héros qui mène sa vie selon un principe des plus simples : « Je refuse qu’on porte la main sur moi. Je refuse qu’on me trompe. Je ne supporte pas d’être insulté. Je n’inflige rien de tout cela à autrui. J’attends la même chose des autres. » Certes il a expédié ad patres bon nombre de ses semblables mais jamais il n’a été à l’origine d’un affrontement. Ce qui ne l’empêche pas de ne pas trouver sa place dans ce nouveau monde qui se profile, Le shérif Thibido ne manquera d’ailleurs pas de le lui rappeler sans détours : « Où est votre place dans cette marche du progrès ? Nulle part. Votre place est au musée. Pour être plus précis, Books, vous appartenez à une autre époque, complètement révolue. »
Un homme bouffé par la maladie mais bel et bien décidé à rester droit dans ses bottes jusqu’à son dernier souffle. Ce n’est certainement pas lui qui s’adaptera aux autres mais bel et bien aux autres de s’adapter à lui ; à ce titre on assiste au fil des page à l’évolution de sa relation avec sa logeuse Mme Rogers. Un homme déterminé à partir comme il a vécu : la tête haute.
Concernant ladite logeuse, Madame Rogers, il ne faut pas se fier aux apparences, c’est un petit bout de femme au caractère bien trempé, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord. Dommage qu’elle traîne un boulet comme Gillom, son bon à rien de fils.
Un western profondément humain,servi par un roman court mais intense.
MON VERDICT
Pour la petite histoire le roman a été adapté pour le cinéma dès 1976 par Don Siegel sous le titre, Le Dernier Des Géants, avec dans le rôle de J.B. Books, John Wayne qui incarnera pour l’occasion son dernier grand rôle, un rôle qu’il est à même de comprendre dans toute sa splendeur, étant lui même atteint d’un cancer au moment du tournage.