Je n’ai pas eu à me forcer pour me lancer dans le dernier roman en date de Karine Giebel, De Force. Par contre le lâcher avant d’avoir le fin mot de l’histoire relève du tour de force.
Alors qu’elle promène son chien, Maud Reynier est agressée par un inconnu. Elle est secourue par Luc Garnier, un garde du corps qui passait dans le coin. Rapidement l’agresseur revient à la charge, devant la menace qui pèse sur sa fille, Armand Reynier, chirurgien de renom, embauche Luc afin de la protéger…
Comme ça, de prime abord, vous seriez tenter de lâcher, sur un ton blasé : « Hmouais bof, rien de neuf sous le soleil ! » Et bien sachez que vous vous fourrez bien profond le doigt dans l’oeil (ou ailleurs… chacun fait ce qu’il veut avec ses doigts après tout) ; Karine Giebel arrive à faire du neuf avec du vieux, à nous surprendre encore et encore sur une base d’apparence éculée.
Pour détourner le slogan publicitaire d’une grande chaîne de supermarchés je dirai qu’il se passe toujours quelque chose chez les Reynier ! Le père, la fille, la belle-mère, la gouvernante, le jardinier… et même le garde du corps ont tous des casseroles collées aux basques, des secrets et tourments plus ou moins lourds à porter. Ami lecteur, si tu entres dans ce bouquin tu en perdras ton lapin (je ne pratique toujours pas le latin… mais bon, je n’ai pas de lapin non plus, à part peut être dans le frigo) plus d’une fois. Tu n’as pas fini de t’arracher les cheveux pour démêler cet écheveau.
Ajoutez à cela un agresseur qui semble toujours avoir un coup d’avance sur sa victime. En parlant de victime, qui est la cible au juste, Maud ou Armand ? Et qui est le mystérieux complice qui lui permet justement de conserver cette avance ? Tant qu’on est dans le questionnement, qui est mort dans le prologue ? Vous l’aurez compris vous n’en finirez pas de vous poser des questions.
Et surtout ne comptez pas sur l’auteure pour vous aider à y voir plus clair. Au contraire, cette petite perverse prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Bref si vous entrez dans ce bouquin, vous serez pris dans les mailles d’un filet dont vous ne pourrez sortir avant d’avoir lu la dernière page. Si Karine Giebel est perverse, elle n’est pas pour autant sadique, toutes les réponses arriveront en temps et en heure. Bon sang mais c’est bien sûr !
Un peu plus de 500 pages (dans sa version papier) qui se lisent avec une remarquable fluidité, rythmé, intelligemment construit, vous aurez les nerfs à vif et les neurones en ébullition, mais qu’est-ce que c’est bon ! Quitte à me répéter Karine Giebel réussira, une fois de plus, à surprendre… même ses lecteurs les plus blasés.
Pas franchement un huis-clos mais il en ressort une impression toute aussi oppressante. De nouveau Karine Giebel mise beaucoup sur la psychologie de ses personnages, et une fois de plus la recette fonctionne à la perfection.