[BOUQUINS] Maxime Chattam – 8,2 Secondes

8,2 secondes :
C’est le temps qu’il faut pour tomber amoureux.
C’est le temps qu’il faut pour mourir.

May et Constance ne se connaissent pas. Mais un même secret les relie. Et les menace.

Le seul nom de Maxime Chattam justifie mon choix, même s’il y a du bon et du moins bon ça demeure un auteur qui a toute ma confiance.

Avec son nouveau roman, Maxime Chattam nous entraîne dans une intrigue à deux voix, deux trajectoires parallèles mais entièrement féminines, qui finissent par se répondre bien plus intimement qu’on ne l’imagine de prime abord.

D’un côté, il y a Constance, scénariste meurtrie qui choisit de se retirer – ou plutôt de s’exiler – avec son chien dans le chalet familial isolé au cœur d’une forêt proche de la frontière canadienne. Elle vient de perdre brutalement son mari et son fils. Cet isolement forcé devient alors le lieu d’une profonde introspection avec la seule question qui lui reste : veut-elle encore vivre ? Peut-elle seulement continuer ? Dans l’immensité silencieuse de la nature, Maxime Chattam explore avec elle les thèmes universels du deuil, de la culpabilité, de la solitude, mais aussi de ces secrets enfouis qui resurgissent quand tout vacille.

De l’autre, il y a May, jeune enquêtrice du NYPD déterminée à faire ses preuves dans un univers où chaque faux pas peut coûter sa carrière. Elle se retrouve presque malgré elle lancée dans la traque d’un tueur en série. Au détour d’une enquête de routine, elle croise la route de Jack Tettler, un homme qui va bouleverser son existence bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer.

Si les chapitres consacrés à May sont plus rythmés, portés par l’adrénaline et l’urgence, ils n’en dévoilent pas moins une dimension plus intime centrée sur un thème profondément humain : l’amour. Un amour dans tout ce qu’il peut offrir de plus lumineux — complicité, désir, force des sentiments — mais aussi de plus corrosif – mensonge, manipulation, trahison.

Cette place donnée à l’introspection, plus marquée que dans de précédents romans de l’auteur, peut surprendre. Elle ne doit pourtant rien au hasard : 8,2 Secondes est dédié à un proche ami de l’auteur, disparu brutalement l’année dernière. Le roman porte clairement la trace de ce deuil, de cette nécessité d’écrire pour comprendre et pour rendre hommage.

Et malgré cette profondeur émotionnelle, ou peut-être grâce à elle, la double intrigue est captivante du début à la fin. Le lecteur croit assez vite comprendre le lien entre Constance et May… jusqu’à ce que l’auteur lui assène un premier coup de massue qui rebat toutes les cartes. Et comme si cela ne suffisait pas, un second retournement vient achever de nous laisser groggy, éclairant l’ensemble du roman d’une lumière totalement nouvelle.

Vous l’aurez compris : j’ai été totalement conquis par ce cru 2025 de notre Maxou. Un roman sensible, maîtrisé, surprenant, qui prouve qu’un thriller peut aussi être un magnifique terrain d’exploration humaine.