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Titre : Civilizations
Auteur : Laurent Binet
Éditeur : Grasset
Parution : 2019
Origine : France
384 pages
De quoi ça cause ?
Et si les Vikings avaient apporté le fer, des chevaux et leurs précieux anticorps aux Indiens.
Et si Christophe Colomb n’était jamais arrivé en Amérique.
Et si les Incas avaient décidé de partir à la conquête de l’Europe…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Je n’ai jamais rien de Laurent Binet, même si son roman HHhH, qui semble faire l’unanimité autour de lui, figure dans mon Stock à lire Numérique depuis déjà un certain temps (voire un temps certain). La perspective de cette revisite de l’Histoire a titillé ma curiosité.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Grasset et Net Galley qui m’ont permis de découvrir ce roman en avant-première (sortie le 14 août).
Avec Civilizations Laurent Binet se propose donc de réécrire l’Histoire, à partir de trois hypothèses pas totalement aberrantes, il imagine ce qui aurait pu en découler.
Et si les Vikings avaient apporté le fer, des chevaux et leurs précieux anticorps aux Indiens, c’est la première partie du roman, La saga de Freydis Eriksdottir, une mise en bouche pas vraiment appétissante desservie par une écriture fade et impersonnelle qui se borne à énoncer les faits. Heureusement cette entrée en la matière est plutôt courte.
Et si Christophe Colomb n’était jamais arrivé en Amérique, la seconde partie est en fait constituée de fragments du Journal de Christophe Colomb. Dans la continuité de la première hypothèse, les choses commencent à se mettre en place et l’intérêt du lecteur est soudain en éveil.
Et si les Incas avaient décidé de partir à la conquête de l’Europe, troisième partie du roman, Les chroniques d’Atahualpa, de loin la plus intéressante, pour ne pas dire captivante est aussi, heureusement, la plus longue puisqu’elle occupe plus de la moitié du roman.
C’est donc en 1531 qu’une armée inca, menée par le chef de guerre Atahualpa, débarque à Lisbonne alors que la ville vient d’être frappée par un violent séisme. Le seigneur inca et son état-major ne tardent pas à comprendre que l’Europe est en pleine débandade. D’un côté la foi chrétienne veut s’imposer comme religion unique à grands coups de représailles musclées menées par l’Inquisition. De l’autre une partie de la population doit subir les affres de la misère et de la faim alors que les nobles se vautrent dans le luxe et le stupre. Un terrain de prédilection pour servir les ambitions d’Atahualpa.
Suivra une longue période de conquêtes émaillées de réformes qui nous feront regretter que tout ceci ne soit que fiction tant le portrait de cette Europe semble idéalement utopiste. Une utopie qui ne se fera pas sans avoir à guerroyer et à déjouer maints complots… et c’est justement ce qui fait tout l’intérêt du récit.
À tel point d’ailleurs que l’on peut alors légitimement se demander si cette quatrième et dernière partie, Les aventures de Cervantés, s’imposait. Si le récit n’est pas désagréable à lire, force est de reconnaître qu’il n’apporte strictement aucune plus-value au reste de l’intrigue.
Un roman atypique qui vous permettra de croiser de nombreux personnages historiques de milieux divers et variés (politique, religieux, arts…) tout en revisitant sans ménagement, mais avec habileté l’Histoire. Quelques longueurs viennent toutefois gâcher le plaisir.
MON VERDICT

Aparté en forme de digression…
Le titre du roman avec un z à la place du s de civilisation m’a fait penser au jeu vidéo Civilization. Un jeu de stratégie développé par Sid Meier et distribué par Microprose sorti en 1991.
Je sais : je vous parle d’un temps, que les moins de 20 ans, ne peuvent pas connaître…
Le joueur devait alors mener son peuple (civilisation) de l’âge de pierre à la conquête spatiale en gérant de multiples facteurs (exploitation des ressources, diplomatie, guerre…).
Le jeu connaîtra de nombreuses suites qui feront évoluer le concept initial.
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