Retour à la musique avec un album de reprises de grands standards de la soul et du R’n’B, réadaptés et réinterprétés par le trio Vigon Bamy Jay et réunis dans l’album Les Soul Men.
Avant de vous parler de l’album en soi je me permets de revenir sur les interprètes qui ne sont pas forcément connus du grand public. Vigon s’est fait un nom sur la scène nationale et même internationale dans les années 60/70 avant de signer un retour gagnant en 2012 en participant à l’émission de télé-réalité de TF1, The Voice (il sera éliminé juste avant les phases finales mais son passage suffira à relancer sa carrière). Bamy (Erick Bamy) n’est pas un inconnu pour les fans de Johnny Hallyday, puisqu’il a été son lead-chorist, coordinateur de spectacle et même parfois compositeur entre 1975 et 2000 ; en 2010 il participe à l’émission de M6, La France A Un Incroyable Talent dans laquelle il sera éliminé en finale. Enfin Jay (Jay Kani) est le cadet du trio, il a été le leader des Poetic Lover dans les années 90.
Comme beaucoup j’ai découvert le trio via le single Feelings (interprété pour la première fois par Morris Albert et ayant fait l’objet de nombreuses reprises), j’ai tout de suite été séduit par la symbiose entre ces trois voix ayant chacune leur sonorité et leur tonalité ; l’impression sera confirmée tout au long de l’album, c’est ce mix vocal qui réussit à donner à leurs reprises une identité propre sans pour autant rompre totalement avec les originaux.
Je ne m’attarderai guère sur la jaquette du CD qui est aussi classique qu’efficace, les trois artistes en pied, leur nom et le titre de l’album ; difficile de faire plus sobre sans tomber dans l’abstrait. Insérons l’album dans la platine et entrons dans le vif du sujet.
Je suis certain que toutes les mélodies vous « parleront », sans forcément être capable de mettre un titre dessus vous les aurez déjà entendues plus d’une fois. Comme je l’ai dit précédemment la véritable force de l’album vient de la variété vocale des interprètes qui redonne vie à ses classiques loin d’être oubliés. Alors que certains morceaux peuvent démarrer sur un a priori négatif, je pense notamment à Can’t Take My Eyes Off You (interprétée à l’origine par Frankie Valli mais ayant fait l’objet de nombreuses reprises) ou Unchained Melody (de Todd Duncan dont la reprise la plus connue est celle des Righteous Brothers, sans oubblier la version de Bobby Hatfield que l’on entend dans le film Ghost), au final le trio réussi à tirer brillamment son épingle du jeu. Le seul « raté » (et encore le mot est un peu fort) selon moi est leur reprise de Dock Of The Bay (Otis Redding), il manque un je ne sais quoi pour que la sauce prenne.
L’album se termine sur deux titres français qui s’éloignent de la soul et du R’n’B puisqu’il s’agit des chansons Les Moulins De Mon Coeur (Michel Legrand) et Quand Les Hommes Vivront D’Amour (hymne pacifiste du québécois Raymond Levesque, repris par bien d’autres artistes francophones) ; deux titres en rupture avec le reste de l’album mais qui ne choquent pas outre mesure, au contraire ils constituent une bonne conclusion pour un album tout en finesse.
Malgré un léger couac cet album est un régal pour les oreilles, idéal pour commencer en douceur la journée (même si généralement je préfère commencer avec du son plus brut de décoffrage) ou mieux encore pour récupérer d’une journée de boulot, à écouter dans le calme, un verre à la main. Mon principal regret restera que l’album n’ait pas été plus long, onze titres et moins de quarante minutes ça fait un peu léger à mon goût…