Petite (20 épisodes de 55 minutes quand même) escapade télévisuelle nordique avec la série policière danoise The Killing de Sorein Sveistrup.
Qui a violé, torturé et tué Nanna Birk Larsen, une étudiante de 19 ans ? Telle est la question à laquellle vont devoir répondre l’inspecteur Sara Lund (Sofie Grabol) et son co-équipier Jan Mayer (Soren Malling). La police va non seulement devoir enquêter auprès des parents Theis et Pernille (Bjarne Henriksen et Ann Eleonora Jorgensen) mais aussi s’inviter au coeur de la campagne électorale pour les municipales qui oppose le maire sortant, Poul Bremer (Bent Mejding) à un jeune candidat libéral ambitieux et énergique, Troels Hartmann (Lars Mikelsen). Sara Lund, qui devait quitter Copenhague avec son fils pour rejoindre son compagnon en Suède décide, une fois de plus, de faire passer l’enquête avant sa vie privée…
De prime abord il pourrait sembler légitime de penser que 20 épisodes pour une seule enquête ça risque de tirer en peu en longueur mais pas du tout, la série réussit à nous maintenir en alerte par de nombreux rebondissements et imprévus. Le gros point fort de cette série est de nous proposer plusieurs point de vue, bien entendu en premier lieu on suit l’enquête policière à proprement parler, des flics qui ne semblent pas sortis des pages d’un magazine de mode et qui n’ont pas la science infuse ; pressés de toute part ils ont tendance à se jeter sur la moindre piste, quitte à ne pas gratter suffisamment en profondeur, du coup il y a des ratés plus ou moins lourds de conséquences au fil de leur enquête. Mais on assiste aussi au désarroi et à l’impuissance des parents de la victime qui ont du mal à aller de l’avant après une aussi terrible épreuve, et pourtant ils ont deux autres enfants en bas âge qui ont besoin d’eux. A plusieurs reprises l’enquête s’oriente vers des sources proches de la mairie, du coup on suit les dessous d’une campagne électorale dans laquelle tous les coups sont permis, surtout les coups bas…
Les acteurs ont un jeu sobre mais juste, l’ambiance est définitivement inhabituelle (ça ne pétarade pas à tout va), parfois un silence et un regard seront plus parlants qu’un long discours. Au cas où vous n’auriez pas encore compris que vous n’êtes pas devant une série américaine le final mettra définitivement les points sur les i ; pas de happy end au rendez-vous, certes l’enquête est résolue (le tueur est en fait… non j’déconne !) mais le bilan global est plutôt mitigé d’un point de vue personnel pour les différents intervenants.
J’ai vraiment été bluffé par cette série policière qui sort efficacement des sentiers battus, une surprise d’autant plus grande que la série était diffusée par Arte, qui n’a pas la réputation d’offrir le catalogue de séries le plus innovant. Face au succès de la série les américains ont fait ce qu’ils savent de mieux en de pareilles circonstances : un remake ! La chose s’appelle The Killing US (waow vachement original le nom !), je n’ai pas vu et ne verrai pas, d’autant que la série a coulé après deux saisons (d’après ce que j’ai lu çà et là la version US est nettement moins profonde et complexe que son homologue danoise, peut être pour s’adapter au niveau de son public). Par contre je vais essayer de récupérer la saison 2 de la série originale, 10 épisodes qui suivront une nouvelle enquête de Sara Lund…
Je savais déjà que l’on devait compter sur les auteurs scandinaves en matière de littérature policière mais au niveau des séries TV j’avoue que je suis plutôt ignorant, ma seule expérience étant l’adaptation de la trilogie Millénium de Stieg Larson en 6 épisodes (une totale réussite soit dit en passant). Sinon je me suis essayé à la série Wallander proposée par la BBC (pas vraiment suédois tout ça, mais comme le cadre est en Suède on va dire fifty-fifty) avec Kenneth Brannagh dans le rôle titre mais j’avoue honnêtement avoir du mal à accrocher ; l’interprétation de Kenneth Brannagh n’y est pour rien, au contraire il incarne un Kurt Wallander exactement comme je me l’imaginais, c’est plus une question d’un rythme vraiment trop lourd par moment (pire que dans les bouquins, c’est tout dire)…