[BOUQUINS] Jean Teulé – Mangez-Le Si Vous Voulez

Mangez-Le Si Vous VoulezAyant quelques difficultés à progresser dans la lecture de 3 Fois Plus Loin de Jérôme Camut et Nathalie Hug (j’y reviendrai quand j’aurai refermé le bouquin, soit par renonciation, soit à force de persévérance) j’ai bifurqué vers un autre titre que j’ai en stock dans ma bibliothèque numérique, en l’occurrence j’ai opté pour Mangez-Le Si Vous Voulez de Jean Teulé.
En ce 16 août 1870 Alain De Monéys, premier adjoint au maire de Beaussac, se rend à la foire de Hautefaye, un village voisin. Ce jeune noble apprécié de tous est loin de se douter qu’il va au devant d’une mort lente et douloureuse… En effet suite à un stupide malentendu il deviendra le défouloir d’une paysannerie déchaînée qui s’acharnera sur lui jusqu’à ce que mort s’en suive.
D’une manière générale je ne suis pas vraiment attiré (et encore c’est là un doux euphémisme) par les romans dits « historiques » mais là c’est d’avantage l’aspect fait divers qui m’a inspiré (et oui comme tout à chacun j’ai de bas instincts de voyeurisme), en effet le roman s’inspire (plus ou moins librement) d’une histoire vraie. A la lecture de ces quelques pages on peut se demander ce qui a pu motiver un tel déferlement de violence gratuite, le malentendu semble en effet n’être que prétexte à la barbarie des hommes. Alors quoi ? La peur face à la guerre franco-prussienne qui tourne à la défaveur de la France ? Les doutes de la paysannerie face à une sécheresse qui n’en finit plus ? La rancoeur de cette même paysannerie face à la noblesse ?
L’auteur a pris le parti de nous présenter en courts chapitres les différentes étapes du calvaire qu’a dû subir De Monéys avant de mourir, certes l’on peut supposer qu’il romance quelque peu les faits (les actes de cannibalisme ne semblent pas être avérés) mais l’on ne peut que frissonner devant un tel déferlement de connerie humaine.
Mince consolation de savoir que les meneurs (quatre individus) ont été condamnés à mort et exécutés (dommage la guillotine leur a offert trop rapide, ils auraient dû bénéficier d’un long traitement de faveur afin de connaître les affres de la souffrance avant de crever), d’autres (huit des vingt et un accusés) seront déportés au bagne (en Nouvelle-Calédonie soit dit en passant)… En quelques pages (lues en une journée) Jean Teulé réussit à nous livrer un roman qui ne laissera personne indifférent (à ne pas mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s’abstenir), et le pire c’est que je reste convaincu que, aujourd’hui encore, ce genre de dérapage de masse peut se reproduire…
Pour ceux qui voudraient en savoir d’avantage sur ce sinistre fait divers je vous invite à consulter la page Wikipedia dédiée à l’Affaire de Hautefaye.

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